Tahiti Infos

Indemnisation des victimes des essais nucléaires : Moruroa e tatou dénonce "un cynisme officiel"


Indemnisation des victimes des essais nucléaires : Moruroa e tatou dénonce "un cynisme officiel"
L'association Moruroa e Tatou revient sur le nouveau décret de réforme sur la loi Morin déposé par Gérard Longuet, Ministre de la défense, regrettant un mode opératoire que l'association qualifie de "cynique":

Le 21 février 2012, à Paris, M. Longuet, ministre de la défense présentait un nouveau décret censé réparer les « limitations maladroites » du précédent décret d’application de la loi Morin qui n’indemnisait quasiment personne. En effet, Moruroa e tatou constatait, au vu du document remis par le ministre ce jour-même, qu’après un an de fonctionnement du comité d’indemnisation, 4 victimes ont été indemnisées sur 417 dossiers examinés et que 120 000 euros avaient été accordés, soit 1,2 % des 10 millions d’euros prévus pour 2011.

On attend toujours le nouveau décret. Par contre, Moruroa e tatou et le Coscen ont pris connaissance de l’ « étude d’impact » du futur décret, étude destinée à obtenir la signature des ministres parisiens concernés, et principalement de la ministre du budget. Sur huit pages, s’étalent l’hypocrisie et le double langage d’un gouvernement qui persiste et signe : nos essais ayant eu des conséquences « négligeables » sur la santé, les indemnisations seront limitées. Que Bercy se rassure donc, les dépenses seront minimes…

Si la question n’était pas aussi grave pour de nombreuses familles polynésiennes ou algériennes et de nombreux vétérans, on pourrait sourire aux contorsions de langage de cette « étude d’impact » reconnaissant les quelques « maladresses » du précédent décret pour justifier des modifications. « Dans un esprit de rigueur et de justice », le nouveau décret ajoutera 4 nouvelles maladies (principalement les cancers du système sanguin oubliés en 2010) et élargira le périmètre géographique des zones de l’atoll de Hao et de Tahiti. Moruroa e tatou n’oublie pas que le ministre Morin s’était appuyé sur les mêmes critères de « rigueur et de justice » pour établir, en 2010, une liste de maladies restreinte et des zones géographiques abracadabrantes.

La science qui, depuis Hiroshima et Nagasaki, nous a appris qu’il n’y a pas de seuil de nocivité de la radioactivité pour la santé humaine et qui, depuis Tchernobyl et Fukushima, nous a démontré que les nuages radioactifs se répandent tous azimuts à de très grandes distances, n’a pas éclairé nos dirigeants politiques parisiens. Bien au contraire, ils prétendent s’appuyer sur « leur science » qui a pour seul avantage d’économiser les crédits du « ministère de la bombe » et non de rendre justice aux victimes.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. M. Longuet prévoit qu’avec son nouveau décret, « on peut s’attendre à une augmentation du nombre de demandeurs », mais il assure que « le nombre de dossiers indemnisés restera limité »… En s’appuyant, sur le « retour d’expérience » d’un an de fonctionnement du comité d’indemnisation qui, c’est officiel, ne changera pas sa méthode d’examen (et de rejet massif) des dossiers, M. Longuet cite sans pudeur l’ordre de grandeur du nombre de dossiers qui seront indemnisés, soit 2 % du nombre de dossiers « éligibles ». Tout le reste, sera rejeté au prétexte du caractère « négligeable » de la radioactivité déversée par les bombes « made in France ».

Moruroa e tatou dénonce ce cynisme officiel. Derrière les promesses et peut-être quelques prochaines « miettes » destinées à appâter quelques électeurs avant les prochaines échéances, le mensonge couvre la pingrerie d’un Etat qui a tant gaspillé pour sa bombe, qui persiste à dépenser sans compter pour un arsenal nucléaire inutile, en toute impunité du crime commis à l’encontre de ses propres concitoyens.

Moruroa e tatou

Rédigé par Moruroa e tatou le Mardi 10 Avril 2012 à 14:26 | Lu 2189 fois