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Immigration: Philippe détaille son plan pour une immigration "maîtrisée"


Paris, France | AFP | mercredi 06/11/2019 - "Quotas" de professionnels qualifiés d'un côté, lutte contre l'immigration irrégulière en durcissant l'accès aux soins de l'autre: Édouard Philippe a défendu "un juste équilibre" en présentant mercredi son plan immigration critiqué jusque dans les rangs de la majorité. 

"J'ai fixé un cap, une clarté, le gouvernement l'applique après les discussions intenses avec les experts et les parlementaires", a de son côté déclaré Emmanuel Macron depuis Pékin, affirmant que son rôle n'était pas de "commenter les commentaire ou les états d'âme".
Il était interrogé sur les déclarations de la ministre de la Justice Nicole Belloubet qui a émis des réserves sur les "quotas" d'immigration, estimant qu'à l'étranger, cela n'avait "pas marché" et que cela ne pouvait "pas être la seule réponse". Au même moment, le député de la majorité Jean-François Cesarini affirmait que lui et quelques autres de ses collègues ne voteraient pas certaines mesures, dénonçant un "affichage" avec "des effets pervers".  
"Tous les membres sont à l'aise avec ce plan", a assuré M. Philippe, un plan qui ponctue une longue séquence voulue par l'exécutif, désireux de ne pas laisser ce thème à la droite et l'extrême droite, mais qui a dévié ces dernières semaines, notamment sur le port du voile.
"Nous voulons reprendre le contrôle de notre politique migratoire", a dit M. Philippe aux côtés des ministres de l'Intérieur Christophe Castaner, de la Santé Agnès Buzyn, ou du Travail Muriel Pénicaud.
"Le sens général de notre action, c'est la souveraineté", a-t-il poursuivi, assurant que ce plan permet "un juste équilibre entre les droits et devoirs".
Mesure la plus emblématique parmi les 20 exposées, l'instauration de "quotas" ou "objectifs quantitatifs exclusivement" pour l'immigration professionnelle en fonction de la branche d'activité - et non de la nationalité -, dont l'ampleur doit être déterminée chaque année. 
"Dès la fin de l'année, il y aura les premiers décrets et premières circulaires" et "dès novembre, les premières concertation" pour les compétences et métiers, a poursuivi M. Philippe. Il a souhaité qu'avant fin 2020 ait lieu un nouveau débat parlementaire, "où seront discutés l'ensemble des mesures".
Il a aussi confirmé l'objectif d'ici 2027 du "doublement du nombre d'étudiants". La France compte 325.000 étudiants étrangers, selon des documents budgétaires pour 2020.

- Regroupement familial préservé -

 
"Nous ne toucherons pas à la question du regroupement familial", mais "nous luttons contre toutes les fraudes, y compris au sein du regroupement familial", a répété pour sa part Christophe Castaner.
Le ministre a aussi promis l'ouverture de trois nouveaux centres de rétention ainsi que 16.000 nouvelles places d'hébergement pour les réfugiés.
En revanche, le gouvernement prévoit un tour de vis envers l'immigration clandestine: les étrangers sans-papiers ainsi que les personnes déboutées de leur demande d'asile ne pourront bénéficier d'un maintien de leur protection maladie que pendant six mois, au lieu de 12 jusqu'à présent.
M. Castaner a encore annoncé que les campements de migrants insalubres du nord-est parisien, où se trouvent entre 1.500 et 3.000 exilés, seront "évacués avant la fin de l'année".

- "Enfumage" -

 
Le nombre de titres de séjours délivrés pour des raisons économiques (près de 33.502 en 2018) ne représente qu'une petite partie des quelque 255.956 titres octroyés en 2018, selon les chiffres officiels provisoires.
Ce qui a conduit le Rassemblement national à crier à "l'escroquerie politique". Sa présidente, Marine Le Pen, a dénoncé "un enfumage généralisé" qui amène, selon elle, a "encore plus d'immigration".
Un sentiment partagé au sein des Républicains qui s'interrogent, comme leur président Christian Jacob, sur un éventuel "affichage", soulignant que LR est "pour une approche globale" de la question des quotas.
La droite, qui avait déjà porté en 2007 cette idée d'immigration "choisie" avec l'ex-président Nicolas Sarkozy, l'avait finalement abandonnée après un rapport qui avait conclu à son inefficacité.
Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, s'est dit favorable à des quotas afin que le recrutement d'étrangers "soit beaucoup plus transparent, objectif, professionnel, planifié" en fonction des besoins de l'économie.
Dans le monde syndical, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, s'est dit "choqué", regrettant qu'on n'écoute pas plus les associations d'aide aux migrants qui ont dénoncé des mesures "inutiles", voire "dangereuses".

le Mercredi 6 Novembre 2019 à 05:26 | Lu 192 fois