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Huilerie de Tahiti : la grève s’enlise


Huilerie de Tahiti : la grève s’enlise
La grève déclenchée mercredi 9 mai à l’appel du syndicat CSTP-FO s’enlise à l’Huilerie de Tahiti. La deuxième rencontre de négociation qui s’est tenue lundi 14 mai en fin de matinée n’a débouché sur rien de satisfaisant quant aux attentes des employés grévistes. « En ce qui nous concerne, on est déterminé à obtenir ce qu’on demande », martèle le délégué syndical Lotoato Pakaina, dit Tama. « La société aura du mal à faire face à un enlisement du mouvement », constate quant à lui le PDG de l’entreprise, Gérard Raoult.
Pour l’instant en effet, le problème qui va se poser assez rapidement est celui du stockage du coprah acheté continuellement dans les îles.

Problème de stockage

L’huilerie de Tahiti, c’est 150 mandataires acheteurs dans les cinq archipels. En 2011, la société a acquis 7.500 tonnes de coprah des Tuamotu, 1.500 t des Îles-sous-le-vent, 900 t des Marquises, 300 t des Îles-du-vent et 230 t des Australes. Rapidement, un problème de stockage va se poser, sur le site de Motu Uta, provoquant le dysfonctionnement d’un système économique important pour la population des archipels. Aux Tuamotu notamment où la culture du coprah est la source de revenus monétaires la plus accessible pour la population.
Bras opérationnel de la Caisse de soutien du prix du coprah, l’Huilerie acquière toute la production des coprah-culteurs du territoire au pris de 140 Fcfp le kg, grâce à une subvention de 1.2 milliards Fcfp en 2011. La transformation de cette matière première est ensuite vendue sous la forme d’huile brute, huile raffinée et autre tourteau. Mais l’entreprise, une SA dont l’actionnaire principal (98%) est le pays, doit faire face depuis deux ans à de sérieuses difficultés financières. L’arrêt de la desserte de Tahiti par les cargo-citernes de la compagnie de Bank Line, a contraint l’Huilerie à trouver des solutions de remplacement pour acheminer sa production sur le marché mondial.

Huilerie de Tahiti : la grève s’enlise
60% d'augmentation de charges de fret

Quatorze conteneur-citernes ont ainsi été acquis pour transporter la production. Mais en passant par des cargos normaux, le coût du transport au mètre cube à augmenté de 60%.
Résultat, une entreprise qui doit fonctionner à l’équilibre a réalisé 140 millions Fcfp de pertes en 2011 avec un chiffre d’affaires de 900 millions Fcfp.
On comprend qu’à la table des négociations ça achoppe. Les revendications portent sur cinq points : 1 La réorganisation de la société ; 2 Le paiement des salaires, le doublement du tarif des heures supplémentaires et la prise en charge des frais d’Evasan ; 3 La participation des représentants du personnels au Conseil d’administration de l’entreprise ; 4 La création d’une commission mixte paritaire de recrutement rassemblant direction et représentants du personnel ; 5 La réalisation d’un audit financier à l’Huilerie de Tahiti. Deux tentatives de négociation avaient déjà été menées en vain, durant la période de préavis.






Huilerie de Tahiti : la grève s’enlise

Huilerie de Tahiti : la grève s’enlise
INTERVIEW :

Gérard Raoult, PDG de l’Huilerie de Tahiti : « nous sommes dans une situation économique extrêmement difficile »


Tahiti Infos : A quel point ce mouvement de grève handicape-t-il la société Huilerie de Tahiti ?

Gérard Raoult : Toute l’activité de transformation est arrêtée avec environ 19 employés sur 28 en grève. C’est clair qu’avec un tel effectif la société ne peut pas fonctionner. Par contre on assure toujours les entrées de coprah. On continue à décharger les navires et on essaie de réaliser les ventes de tourteau et d’huile auprès des clients locaux.

Tahiti Infos : Avez-vous bonne espoir que cette crise trouve une issue consensuelle rapidement ?

Gérard Raoult : Nous avons une négociation prévue en fin de matinée, vers 11 h 30. Il va bien falloir trouver des solutions. Mais j’en appelle aussi à la responsabilité de chacun : nous sommes dans une situation économique extrêmement difficile ; la société rencontre des difficultés depuis deux ans : demander aujourd’hui un treizième mois, des augmentations de salaires, des primes de 15.000 Fcfp par mois et des indemnités de départ à la retraite équivalentes à 25 à 30 mois de salaire ce n’est évidement pas acceptable. Encore une fois je comprends les revendications syndicales : nous connaissons une conjoncture de crise économique, le pouvoir d’achat diminue ; mais je ne peux malheureusement pas me permettre d’accéder à toutes leurs demandes.

Tahiti Infos : Où se situe le consensus, selon vous ?

Gérard Raoult : Les points 1 et 5 des revendications concernent la réorganisation de la société (1) et la mise en œuvre d’un audit financier de l’entreprise. Je vais leur demander ce qu’ils veulent. Aujourd’hui ils affirment ne plus vouloir le départ du PDG (Gérard Raoult, ndlr) et qu’ils m’aiment bien. Je vais leur reposer la question.
Quant au point 5, il s’agit d’un audit. Nous avons un expert comptable, des commissaires aux comptes ; effectivement la société est déficitaire sur l’exercice 2011, mais le pourquoi est extrêmement simple à comprendre : nous avons eu a faire face à une augmentation de 60% de nos coûts d’exportation, ça se chiffre en dizaines de millions Fcfp et forcément, ça a un impact considérable sur notre résultat comptable parce que cette situation n’a pas encore été prise en compte dans le calcul de notre subvention.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 14 Mai 2012 à 14:49 | Lu 1540 fois