Tahiti Infos

Hinaupoko Devèze, Miss Tahiti 2025 : « J’ai voulu rester moi-même. Pas lisse, mais sincère »


PHOTO : Tevahitua Brothers
PHOTO : Tevahitua Brothers
Tahiti le 29 juin 2025. Élue samedi soir dans les jardins de la mairie de Pirae, Hinaupoko Devèze, 23 ans, est la nouvelle ambassadrice de la beauté polynésienne. À travers cette interview, Miss Tahiti 2025 se dévoile : hypersensible, engagée, connectée à ses racines, et bien décidée à faire de cette année une mission d’utilité publique.

Si tu pouvais te présenter au-delà de tes 1m82 et 23 ans, qu’est-ce que tu dirais aux gens qui n’ont pas suivi Miss Tahiti et voudraient en savoir plus sur toi ?
« Je suis une personne très sensible. J’ai décidé de me lancer dans un concours pour affronter mes peurs et me dépasser. Aujourd'hui, j'ai été élue Miss Tahiti et je suis fière d'avoir remporté ce titre avec toute humilité. Je suis curieuse, portée sur l’altruisme et la bienveillance. Je suis aussi très souriante et souvent entourée de bonnes personnes. Je n’aime pas du tout les mauvaises ondes.»
 
Tu as été élue samedi soir. Quelle a été ta première pensée au moment du couronnement ?
« Ma famille. J’étais fière de les avoir rendus fiers. Ce titre, pour moi, c’est un travail d’équipe. C’est parce qu’eux croyaient en moi que j’ai cru en moi. Quand je les ai vus sauter de joie autour de moi, je me suis dit : je l’ai fait. On l’a fait. C'était vraiment magique. »
 
Tu es née ici, mais tu as aussi grandi en métropole. Quel lien gardes-tu avec la Polynésie ?
« J’ai vécu quinze ans en France, mais je revenais tous les deux ans en Polynésie, près de mes trois frères. J’ai toujours eu ce lien, surtout grâce à ma mère. Même en France, elle m’a transmis la culture, la musique, la langue. Ce qui me manquait, c’était le lien à la terre. Aujourd’hui, je ressens ce besoin profond de vivre ici, pleinement. »
 
Qu’est-ce qui t’a marquée pendant cette aventure Miss Tahiti ?
« On a vécu une cérémonie du Kava à la presqu’île. Ce moment m’a bouleversée. On devait poser nos intentions, se recentrer sur notre culture, nos ancêtres. J’ai pensé très fort à mes racines marquisiennes. Cette cérémonie m’a reconnectée à une force intérieure que je ne soupçonnais pas. »
 
Tu veux d’ailleurs mettre en avant cette culture marquisienne ?
« Oui, absolument. C’est une culture riche, préservée, authentique. Je veux la valoriser, pas de façon folklorique, mais en montrant sa profondeur. Je ne suis pas experte, mais j’apprends encore. Je veux collaborer avec ceux qui la portent, comme Heretu Tetahiotupa (tatoueur, musicien, co-réalisateur du film Patutiki, co-organisateur du Festival artistique et culturel des îles Marquises, NDLR) pour en transmettre le vrai sens. »
 
Tu parles beaucoup d’émotions. Comment décrirais-tu ta sensibilité ?
« Je suis hypersensible, et longtemps je l’ai vu comme une faiblesse. Mais aujourd’hui, je crois que c’est ma force. Je suis très expressive, tout se voit sur mon visage. C'est ce qui fait aussi partie de mon héritage culturel, car ici, en Polynésie, on est très expressifs. Dans un concours avec des codes très européens, j’ai voulu rester moi-même. Pas lisse, mais sincère.
 
Tu as aussi choisi de faire de la santé mentale ta cause principale. Pourquoi ?
« Parce que tout part de là. Harcèlement, violences, addictions, isolement…J’ai perdu deux amis, adolescents, qui se sont suicidés. Moi-même, je suis passée par une période compliquée au moment du Covid. La santé mentale touche tout le monde, à tout âge. J’aimerais mettre en valeur des associations locales, comme le SOS suicide, éveiller les esprits, éduquer au plus tôt, mais pas que les plus jeunes, les adultes également. »
 
Polynésie est aussi touchée par les violences faites aux femmes. En tant que Miss Tahiti, penses-tu pouvoir contribuer à briser ce tabou ?
« C’est un sujet qui me tient à cœur. Je veux aider à briser le silence. Beaucoup d’enfants grandissent en voyant leur mère subir la violence. Et souvent, ils reproduisent ce schéma. Il faut éduquer très tôt, mais aussi réveiller les consciences chez les adultes. J’aimerais porter ce message fort avec l’aide de professionnels. »
 
Est-ce qu’on peut vraiment plaire à tout le monde ? Et comment vis-tu la critique ou les attentes extérieures ?
« Non, et j’ai appris à l’accepter. J’ai longtemps eu besoin d’approbation, peur de décevoir. Quand les critiques sont arrivées, ça m’a blessée. Surtout celles qui remettaient en question mes valeurs. Mais j’ai compris que ce n’est pas à moi de rentrer dans les cases. Ce qui compte, c’est rester fidèle à soi. »
 
Tu te prépares maintenant pour Miss France 2026. Tu es prête ?
« Oui. Cette préparation a radicalement changé ma façon d'être. C'est une bonne école de vie. La préparation pour Miss France va me faire évoluer davantage. »
 
Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter pour cette année ?
« Des belles rencontres. J'espère avoir l'occasion de voyager et d'aider au maximum notre Polynésie. C'est pourquoi j'ai décidé de me lancer dans cette aventure. »

Rédigé par Darianna Myszka le Dimanche 29 Juin 2025 à 19:22 | Lu 13206 fois