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Handisport – Athlétisme Handisport : « Ne pas rester à la maison » dixit Christian Chee Ayee

A l’occasion des Océania Polynésiens d’athlétisme, la fédération tahitienne d’athlétisme a pu proposer à la fédération polynésienne de sports adaptés et handisports (FPSAH), de se greffer à la manifestation pour organiser une série d’épreuves destinées aux athlètes handicapés polynésiens. Une opportunité dont ils ont pleinement profité.


Christian Chee Ayee a lancé à plus de 9 mètres
Christian Chee Ayee a lancé à plus de 9 mètres
La FPSAH est une fédération qui organise régulièrement des compétitions sportives destinées aux handicapés, elle comporte plus de 1000 licenciés en Polynésie. Grâce à sa présidente Henriette Kamia, son directeur dynamique Alain Barrère et grâce à des cadres motivés comme Jérémie Le Fort, Clyde Ebb ou Raurea Temarii, elle se démène pour redonner le sourire aux personnes handicapées à travers le sport.
 
Athlétisme, natation, tir à l’arc ou même surf, les activités proposées aux handicapés sont diverses. « le plus dur, c’est le regard des autres » : les handicapés souffriraient moins de leur handicap que du regard que la société leur porte. Ils voudraient simplement vivre leur vie, revendiquant cependant un meilleur accès aux structures existantes.
 
Cette opportunité des Océania Polynésiens a motivé les troupes faisant sortir de l’ombre des athlètes qui ne participent pas d’habitude aux épreuves organisées par la FPSAH. Un nouveau groupe a donc pu se créer grâce à l’élan lié à cette compétition d’athlétisme internationale regroupant, chez les valides, 6 pays de l’Océanie.
 
Malgré la chaleur, les athlètes handisport ont pu participer à diverses épreuves, assis ou debout, telles que la course sur 50 ou 100m et les lancers de poids, de disque ou de javelot. Christian Chee Ayee, deux fois médaillé de bronze en lancer de poids et de javelot lors du championnat de France 2012, était également de la partie. Ils ont été aidés, accompagnés par les membres des deux fédérations - FPSAH et FAPF - qui ont pu travailler main dans la main. SB

Les athlètes étaient bien entourés, à droite Alain Barrère, qui fut décoré chevalier de l'ordre du mérite en juin 2012
Les athlètes étaient bien entourés, à droite Alain Barrère, qui fut décoré chevalier de l'ordre du mérite en juin 2012
Christian Chee Ayee au micro de Tahiti Infos :
 
Tu pratiques depuis longtemps ?
 
« Cela fait depuis mon handicap, à peu près 15 ans, mais j’ai commencé l’athlétisme bien avant d’être dans un fauteuil. Je faisais du marathon, je courais. Ce qui est bien avec cette compétition, c’est que je ne suis plus tout seul. Pendant des années, je me suis battu tout seul. C’est intéressant maintenant, avec l’équipe qu’il y a là, il y a quand même du potentiel. »
 
Satisfait du résultat ?
 
« Oui, j’ai battu mon record. Il y a cinq ans j’étais à 7m, deux ans plus tard à 8m35, trois ans plus tard à 9m29, c’est un grand pas. Le fait de ne pas être tout seul cela aide beaucoup. Cela booste. Quand j’ai vu qu’il y aurait eu des compétiteurs pour concourir en lancer de poids, lancer de disque, je me suis entrainé. J’ai fait plusieurs championnats et je me suis frotté dans le passé au champion du monde de lancer assis. »
 
Comment tu gères ta préparation ?
 
« Je m’entraine trois fois par semaine. Il faut être assidu, motivé. Si j’avais un message pour les personnes en fauteuil c’est qu’il faut se bouger, ne pas rester à la maison mais sortir un petit peu, voir du monde, car avec le sport tu vois du monde tout le temps et tu peux même voyager. »
 
Un message envers les valides ?
 
« Depuis toutes ces années que je me montre à la société, ils savent qu’on a quand même du courage de pouvoir faire tout ça. Les choses ont évolué par rapport aux débuts. Les gens prennent conscience. Je remercie la fédération handisport et tous les amis qui m’ont supporté, ainsi que la présidente de la fédération d’athlétisme Titaua Maurin, merci. »

Jérémie, cadre à la FPSAH, possède une école de surf. Le sens du partage, il connait.
Jérémie, cadre à la FPSAH, possède une école de surf. Le sens du partage, il connait.
Jérémy Le Fort, cadre technique à la FPSAH :
 
C’est le moment fort de l’année pour le handisport ?
 
« C’est une aubaine pour nous, pour nos athlètes handisport, parce que cela fait une compétition officielle avec les valides, une compétition de plus dans le calendrier sportif. Cela a pu permettre également de détecter de nouveaux athlètes et de les préparer pour cette échéance. Bien que le handisport soit en exhibition, les résultats sont homologués officiellement. C’est parfait pour nous. »
 
Un handicapé peut bien évidemment être sportif, c’est important de le dire ?
 
« A la fédération, on est la pour ça, pour que les personnes qui ont un handicap, de naissance ou suite à une accident, puissent reprendre « goût à la vie ». Si le sport peut y contribuer, tant mieux, à quelque niveau que ce soit. On propose des activités ludiques, on se sert du sport comme moyen d’insertion sociale, pour valoriser ces personnes dans la société. »
 
« Pour certains, c’est pour les loisirs et pour d’autres, c’est le haut niveau. On a un champion du monde de va’a, Patrick Viriamu, qui est en situation de handicap depuis l’âge de cinq ans, ce qui ne l’a jamais empêché de ramer. »
 
« Pour Christian Chee Ayee, il y a eu des moments difficiles, c’est sûr, mais avec le sport il s’exprime et il performe. L’esprit sportif lui donne la force de se lever le matin, d’aller au boulot et le soir d’enchainer ses séances d’entrainement. Le week end, il fait les compétitions. Comme pour tout valide c’est difficile, mais lui, il a en plus les difficultés liées à l’handicap, les douleurs, l’accessibilité aux structures et tout ce qui va avec. »
 
Les handicapés souffrent aussi du regard porté sur eux ?
 
« Ma présidente Henriette Kamia, qui est non voyante, le dit souvent « le handicap est dans le regard des autres. » C’est vrai qu’une personne en situation de handicap c’est déjà dur pour elle, alors si tout le monde la regarde comme un moins que rien, ou avec de la pitié etc, cela n’aide pas forcément. Si on est là pour lui donner la main et lui donner les moyens de réussir, c’est vachement mieux. Tout le monde peut réussir. »

Rédigé par SB le Mardi 12 Avril 2016 à 12:58 | Lu 973 fois