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Guyane: Baroud d'honneur avant la fin du mouvement social ?


Cayenne, France | AFP | jeudi 20/04/2017 - Le mouvement social paralysant la Guyane depuis un mois semblait s'approcher jeudi de son dénouement, avec une opération "ville morte" qualifiée par le collectif de "dernier uppercut" mais peu suivie à Cayenne, avant la possible signature d'un protocole d'accord de fin de conflit.
Le message ne semblait pas du tout passé à Cayenne, où la plupart des bars et magasins étaient ouverts jeudi matin. "Journée morte? c'est ce qu'il disent, mais il y en a marre", a expliqué une commerçante sous couvert d'anonymat.
La circulation automobile s'était même densifiée en ville, malgré le maintien des barrages qui paralysent le territoire, décidé mercredi soir par le collectif Pou la Gwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle), qui coordonne le mouvement social. 
Le collectif entend maintenir la pression "jusqu'à la signature" d'un accord, même s'il a salué mercredi soir "des avancées significatives" dans le projet que le gouvernement lui a fait parvenir la veille et qu'il a analysé toute la journée. Il a renvoyé une nouvelle version un peu amendée. 
Après plusieurs semaines de tensions grandissantes dans la population, partagée sur l'opportunité de poursuivre les barrages qui pénalisent l'économie, le collectif avait envoyé dimanche au gouvernement une proposition de protocole d'accord, "complétée et actualisée" par rapport à la version de l'exécutif du 2 avril. 
Pour jeudi, le collectif, qui porte des revendications sécuritaires, économiques et sociales pour permettre au territoire d'outre-mer de rattraper son retard sur l'Hexagone, a demandé à la population de mettre "un dernier coup de collier" avec une opération "ville morte", décrite comme le "dernier uppercut" pour "clôturer cette phase" de mobilisation.
Un meeting est prévu à 20H00, place des Palmistes à Cayenne. Pour Davy Rimane, porte-parole du collectif, le mouvement est "à l'orée d'une signature possible", à quelques jours de la présidentielle, samedi en Guyane.
Le préfet de Guyane Martin Jaeger a affirmé à la presse que le texte était "soumis à signatures" depuis mercredi soir. "Maintenant nous devons passer à une phase de mise en oeuvre des accords", a-t-il insisté.
"Qu'il se rassure, on accueille ce document de façon positive, (mais) il y a quelques modifications à porter pour le finaliser", a répondu M. Rimane. Le collectif prévoit "une rencontre entre le préfet, le collectif et les élus, afin d'entériner les derniers points sujets de discussions". 
 

- Divergences au sein du collectif -

 
Renforcement des moyens pour lutter contre l'insécurité, désenclavement de toutes les communes, reconnaissance des peuples autochtones, amélioration des services de santé défaillants et du système scolaire inadapté à une démographie galopante... les manifestants réclament plus de 3 milliards d'euros à l'Etat, alors que celui-ci a mis sur la table un plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros. 
Parmi les éléments "positifs" de la proposition d'accord de l'exécutif, le gouvernement "légitime les 2,1 milliards" supplémentaires réclamés par le collectif, alors que le Premier ministre avait d'abord parlé de revendications "irréalistes", a relevé M. Rimane. 
Mais le gouvernement veut intégrer ces mesures supplémentaires dans un futur "plan de convergence", là où le collectif veut "un décret qui garantisse le financement et la mise en oeuvre de l'accord", a précisé un membre du collectif sur Guyane 1ere. 
M. Rimane a également souligné que "l'Etat a acté le fait qu'il n'y aurait aucune poursuite judiciaire, pénale et financière envers les participants au mouvement", alors que des contrôles de police ont été menés sur les barrages après des plaintes de particuliers pour "entrave à la circulation".
S'il n'est "pas hostile" à ce que d'éventuelles plaintes de l'administration n'aboutissent pas, le préfet a souligné que la justice était indépendante.
Les divergences se sont accentuées ces derniers jours au sein du collectif. Mardi soir, le leader charismatique du mouvement, Mikael Mancée, a quitté le collectif, ne se reconnaissant plus "dans les méthodes employées". 
Le Pôle économique, représentant le secteur socio-professionnel, s'est aussi désolidarisé, et les peuples autochtones ont quitté le collectif mercredi, dénonçant "une récupération idéologique" du mouvement.

le Jeudi 20 Avril 2017 à 04:53 | Lu 334 fois