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"Grenelle" des violences conjugales: Schiappa salue de premières pistes pour "changer la donne"


Paris, France | AFP | mardi 29/10/2019 - Améliorer le recueil des plaintes des femmes victimes, désarmer leurs compagnons violents à la première menace, faciliter le signalement des faits par les médecins: les quelque 60 propositions remises mardi au gouvernement par les groupes de travail du Grenelle sur les violences conjugales peuvent "changer la donne", a estimé mardi Marlène Schiappa.

"Toutes ces propositions me paraissent souhaitables à mettre en œuvre le plus rapidement possible, pas une ne me paraît hors sujet", a estimé la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, à l'issue de la restitution de ces travaux.
Pour peu qu'elles soient mises en œuvre de façon "coordonnée", ces pistes sont "de nature à changer la donne, et à arriver à un système de tolérance zéro vis à vis des violences conjugales, ce qui n'est pas le cas actuellement", a ajouté Mme Schiappa.
Après ce "point d'étape" du Grenelle lancé début septembre, le gouvernement doit dévoiler à la fin du processus, le 25 novembre - qui est également la journée pour l'élimination des violences faites aux femmes - ses propositions concrètes pour enrayer un fléau dont l'ampleur "ne baisse pas".
Dans les réponses actuellement apportées au phénomène, "certains processus dysfonctionnent clairement", déplorent les experts, citoyens, associations ou familles de victimes qui se sont impliqués dans cette concertation par groupes thématiques. 
Lors de son intervention devant la presse, la secrétaire d'État a fait part de son intérêt plus particulier pour plusieurs des mesures proposées. 

- Évolution du secret médical -

Elle a cité notamment l'instauration d'un "protocole clair" avec une "méthodologie précise" pour les policiers et gendarmes amenés à accueillir des victimes de violences conjugales, mais également la possibilité de "réquisitionner les armes à feu dès la première plainte", armes qui constituent "le premier mode opératoire, devant les coups", dans les féminicides.
Troisième sujet qui a retenu son attention: "l'évolution du secret médical", qui pourrait permettre aux professionnels de santé de signaler plus facilement une situation de violence, même sans l'accord de la victime.
"C'est une proposition qui me tient à cœur, même si je conçois que ça peut bousculer des habitudes", a souligné la secrétaire d'État. Une telle mesure pourrait notamment être utile aux urgences, selon elle: "quand le soignant voit qu'il y a un risque de récidive et que la vie de la femme est en danger, nous pensons qu'il faut faire évoluer le secret médical très subtilement et dans le respect des prérogatives de chacun".
Dans leurs propositions, les membres des groupes de travail appellent par ailleurs à instaurer un "brevet contre la violence" dans les écoles, ou encore à "redéfinir la procédure et les critères d'indemnisation des victimes".
Ils suggèrent aussi de mieux prendre en charge les soins psychologiques, et de rendre accessible 24h/24 le numéro d'appel 3919, dédié aux violences conjugales - ce qui serait particulièrement utile pour les femmes résidant dans les DOM, actuellement gênées par le décalage horaire.
Le monde du travail a aussi un rôle à jouer dans l'accompagnement des femmes victimes, estiment les acteurs de la concertation, qui soulignent la nécessité de "favoriser la mobilité professionnelle" des victimes, mais aussi de mettre à leur disposition "un moyen dématérialisé de conserver leurs bulletins de paie (...) pour éviter toute rétention du conjoint violent".
Tous les trois jours, une femme est tuée par son compagnon ou ex-compagnon, et chaque année près de 270.000 femmes sont victimes de violences.
Depuis le début de l'année, 124 féminicides ont eu lieu en France, selon le collectif féministe #NousToutes, soit plus que durant toute l'année 2018. 
Cette cause est l'affaire de tous, a rappelé Mme Schiappa, pour qui "La première chose à faire quand une collègue au travail vous raconte qu'elle subit des violences, c'est de la croire !"

le Mardi 29 Octobre 2019 à 05:57 | Lu 137 fois