Saint-Jean-de-Luz, France | AFP | lundi 22/01/2024 - C'est du jamais-vu depuis 1945: l'essentiel des bateaux de pêche sont restés à quai lundi dans le golfe de Gascogne pour préserver les dauphins, une interdiction d'un mois qui angoisse la filière et suscite des réactions au-delà des frontières françaises.
Au large d'une vaste zone allant du Finistère au Pays Basque, l'arrêt concerne les bateaux, français ou étrangers, de plus de huit mètres et certaines techniques de pêche jusqu'au 20 février.
A la criée de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), où sont vendus chaque jour entre 1.800 kilos et 5 tonnes de poissons selon les arrivages, les dernières pêches du week-end ont été écoulées.
Et à La Rochelle plus au nord, le port était désert lundi, et les filets rangés dans des caisses à quai.
Cette "fermeture spatio-temporelle" doit se répéter pendant les hivers 2025 et 2026.
Le Comité national des pêches (CNPMEM) estime lundi qu'elle "place toute la filière halieutique française face à un péril économique et social injustifié".
Il craint pour la survie de 1.500 emplois dans l'économie portuaire, avec une perte de chiffre d'affaires de 90 millions d'euros et 8.000 tonnes de produits de la mer en moins.
Cette saison devait être celle du "test à grande échelle" de "nombreux expérimentations techniques pour réduire le risque de captures accidentelles", souligne le CNPMEM, dénonçant le "matraquage judiciaire de quelques associations écologistes" qui a conduit le Conseil d'Etat à abandonner les dérogations prévues.
Elles étaient "trop importantes pour que la fermeture de la pêche ait un effet suffisant sur les captures accidentelles", a estimé le Conseil fin décembre.
500 bateaux à quai
Pour Sea Shepherd France, il faudrait au contraire "des mesures qui s'étendent bien plus dans le temps" pour aboutir à une baisse significative des captures.
L'association déplore "un mur de déni et une diabolisation des ONGs, savamment orchestré par les Comités des Pêches pour empêcher tout dialogue constructif et détourner l'attention de leurs propres manquements et mensonges".
Depuis des années, diverses associations environnementales demandent au gouvernement d'agir pour réduire les décès de petits cétacés pris accidentellement dans les filets.
Le Ciem, l'organisme scientifique international de référence, estime à environ 9.000 le nombre de dauphins communs morts chaque année par capture accidentelle sur la façade atlantique française, pour un niveau soutenable de 4.900 décès au maximum.
Il recommande des fermetures de trois mois en hiver et d'au moins un mois en été, périodes de pics de mortalité des dauphins.
Au total, plus de 500 bateaux (dont 450 français) devraient rester à quai.
Franck Lalande, vice-président du Comité régional des pêches de Nouvelle-Aquitaine et armateur de deux bateaux à Arcachon (Gironde) redoute "de la casse", car "un bateau à quai, c'est entre 250.000 et 300.000 euros de perte de chiffre d'affaires pendant un mois".
Décision "unilatérale"
Pour compenser, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a promis vendredi des indemnisations variant "entre 80 et 85% du chiffre d'affaires pour tous les bateaux" concernés par l'interdiction.
Il a promis également d'accompagner le reste de la filière avec notamment une aide aux mareyeurs qui ira "jusqu'à 75% de leurs pertes".
L'Association européenne des organisations de producteurs de poissons (EAPO) et Europêche, lobby européen de l'industrie de la pêche, ont appelé la Commission européenne à intervenir, estimant que cette décision "unilatérale" et "soudaine" aura des conséquences au-delà des frontières françaises et qu'elle pénalise toute la filière pêche de l'Union européenne.
Certains dénoncent aussi l'inflation engendré par cette mesure pour le consommateur final. "Quand 450 bateaux s'arrêtent en France, ça a forcément un impact. Il y aura moins d'apport donc du poisson plus cher", prévient Maëlise Mouhu, poissonnière à La Rochelle.
"On est aujourd'hui à 80% de poisson importé dans l'assiette des Français. Est-ce qu'on veut passer sous les 20% d'apport, pour importer plus de poissons capturés dans des conditions indignes à l'autre bout du monde?", met en garde le président du comité national des pêches, Olivier Le Nézet.
"On veut garder une filière de pêche française, et la concilier avec des impératifs de préservation de la biodiversité", a promis vendredi M. Béchu.
Au large d'une vaste zone allant du Finistère au Pays Basque, l'arrêt concerne les bateaux, français ou étrangers, de plus de huit mètres et certaines techniques de pêche jusqu'au 20 février.
A la criée de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), où sont vendus chaque jour entre 1.800 kilos et 5 tonnes de poissons selon les arrivages, les dernières pêches du week-end ont été écoulées.
Et à La Rochelle plus au nord, le port était désert lundi, et les filets rangés dans des caisses à quai.
Cette "fermeture spatio-temporelle" doit se répéter pendant les hivers 2025 et 2026.
Le Comité national des pêches (CNPMEM) estime lundi qu'elle "place toute la filière halieutique française face à un péril économique et social injustifié".
Il craint pour la survie de 1.500 emplois dans l'économie portuaire, avec une perte de chiffre d'affaires de 90 millions d'euros et 8.000 tonnes de produits de la mer en moins.
Cette saison devait être celle du "test à grande échelle" de "nombreux expérimentations techniques pour réduire le risque de captures accidentelles", souligne le CNPMEM, dénonçant le "matraquage judiciaire de quelques associations écologistes" qui a conduit le Conseil d'Etat à abandonner les dérogations prévues.
Elles étaient "trop importantes pour que la fermeture de la pêche ait un effet suffisant sur les captures accidentelles", a estimé le Conseil fin décembre.
500 bateaux à quai
Pour Sea Shepherd France, il faudrait au contraire "des mesures qui s'étendent bien plus dans le temps" pour aboutir à une baisse significative des captures.
L'association déplore "un mur de déni et une diabolisation des ONGs, savamment orchestré par les Comités des Pêches pour empêcher tout dialogue constructif et détourner l'attention de leurs propres manquements et mensonges".
Depuis des années, diverses associations environnementales demandent au gouvernement d'agir pour réduire les décès de petits cétacés pris accidentellement dans les filets.
Le Ciem, l'organisme scientifique international de référence, estime à environ 9.000 le nombre de dauphins communs morts chaque année par capture accidentelle sur la façade atlantique française, pour un niveau soutenable de 4.900 décès au maximum.
Il recommande des fermetures de trois mois en hiver et d'au moins un mois en été, périodes de pics de mortalité des dauphins.
Au total, plus de 500 bateaux (dont 450 français) devraient rester à quai.
Franck Lalande, vice-président du Comité régional des pêches de Nouvelle-Aquitaine et armateur de deux bateaux à Arcachon (Gironde) redoute "de la casse", car "un bateau à quai, c'est entre 250.000 et 300.000 euros de perte de chiffre d'affaires pendant un mois".
Décision "unilatérale"
Pour compenser, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a promis vendredi des indemnisations variant "entre 80 et 85% du chiffre d'affaires pour tous les bateaux" concernés par l'interdiction.
Il a promis également d'accompagner le reste de la filière avec notamment une aide aux mareyeurs qui ira "jusqu'à 75% de leurs pertes".
L'Association européenne des organisations de producteurs de poissons (EAPO) et Europêche, lobby européen de l'industrie de la pêche, ont appelé la Commission européenne à intervenir, estimant que cette décision "unilatérale" et "soudaine" aura des conséquences au-delà des frontières françaises et qu'elle pénalise toute la filière pêche de l'Union européenne.
Certains dénoncent aussi l'inflation engendré par cette mesure pour le consommateur final. "Quand 450 bateaux s'arrêtent en France, ça a forcément un impact. Il y aura moins d'apport donc du poisson plus cher", prévient Maëlise Mouhu, poissonnière à La Rochelle.
"On est aujourd'hui à 80% de poisson importé dans l'assiette des Français. Est-ce qu'on veut passer sous les 20% d'apport, pour importer plus de poissons capturés dans des conditions indignes à l'autre bout du monde?", met en garde le président du comité national des pêches, Olivier Le Nézet.
"On veut garder une filière de pêche française, et la concilier avec des impératifs de préservation de la biodiversité", a promis vendredi M. Béchu.