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"Gilets jaunes": l'ONU réclame une "enquête" après les violences, Paris réplique


Paris, France | AFP | mercredi 06/03/2019 - La Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU a réclamé mercredi à la France une "enquête approfondie" sur les violences policières qui émaillent la crise des "gilets jaunes", s'attirant une sèche réplique de Paris qui dit ne pas l'avoir "attendue".

"Il faudra expliquer à Madame le Haut-Commissaire l'ensemble des faits d'extrême violence" notamment contre "les forces de l'ordre" ou les "biens publics", a exprimé sur BFMTV le Premier ministre, rappelant qu'"en France, on a un Etat de droit".
"On n'a pas attendu le Haut-Commissaire pour faire la lumière sur l'ensemble des faits dès lors qu'il y a des plaintes", a-t-il ajouté.
Au total, "111 enquêtes (sont) ouvertes" par l'Inspection générale de la police (IGPN) pour "9.228 cas d'utilisation du LBD", selon un bilan provisoire daté du 30 janvier et indiqué par la représentante du ministère de l'Intérieur, lors d'une audience au Conseil d'Etat. 
Selon le collectif militant "Désarmons-les", 20 personnes ont été gravement blessées à l'œil depuis le début du mouvement. La présidente du groupe CRCE Eliane Assassi a avancé mercredi le chiffre de "17 éborgnés".
Dans un discours prononcé devant le Conseil des droits de l'Homme à Genève mercredi, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU Michelle Bachelet, ancienne présidente du Chili, a encouragé "le gouvernement (français) à poursuivre le dialogue et (demandé) urgemment une enquête approfondie sur tous les cas rapportés d'usage excessif de la force".
 
 

- "Les inégalités touchent tous les pays" -

 
Mme Bachelet a estimé que les "gilets jaunes" manifestent contre "ce qu'ils considèrent comme (leur) exclusion des droits économiques et de (leur) participation aux affaires publiques". 
Elle a rappelé que "les inégalités touchent tous les pays" et que "même dans des Etats prospères, des gens se sentent exclus des bénéfices du développement et privés de droits économiques et sociaux". 
Elle n'a toutefois cité que la France comme pays prospère, mais a dénoncé les répressions violentes des manifestations qui se sont produites récemment au Soudan, au Zimbabwe et en Haïti. 
"Il faut, je le dis, s'étonner tout de même de se retrouver, cité dans une liste entre le Venezuela et Haïti, où il y a eu des morts", a déclaré Benjamin Griveaux lors du compte-rendu du conseil des ministres. 
A Paris, le Sénat débat jeudi d'une proposition de loi sur une interdiction d'usage des lanceurs de balles de défense par les forces de l'ordre alors que la polémique ne cesse d'enfler. Le conseil d'Etat a rejeté le 1er février des demandes de suspension de l'usage du LBD.
Le texte, qui émane du groupe CRCE à majorité communiste en pleine crise des "gilet jaunes", n'a quasi aucune chance d'être adopté.  

le Jeudi 7 Mars 2019 à 02:39 | Lu 351 fois