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Georgy Adams : «c’est une affaire regrettable»


Georgy Adams : «c’est une affaire regrettable»
PAPEETE, jeudi 17 octobre 2013. L’ex basketteur professionnel comparaissait ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Papeete pour une affaire de cambriolage commis «par vengeance». En dépit d’un casier judiciaire vierge, il a été lourdement condamné. Les faits, rien que les faits. Face à un programme d’audience chargé de 32 dossiers, le juge hier matin au tribunal correctionnel, n’a pas permis aux personnes qui se succédaient à la barre d’expliquer le contexte de leurs affaires. «Nous ne traitons ici que les faits dont le tribunal est saisi» rappelait-il. Et face aux faits, la situation de Georgy Adams est limpide. Il a reconnu être l’instigateur d’un cambriolage, commis le 13 septembre 2011 à Fakarava par son ami et ex-employé. «On l’a fait plus par vengeance. Auparavant, j’avais été victime du sabotage du bateau de pêche dont j’avais la charge par ces personnes chez qui nous avons pris le matériel» avance-t-il à la barre. Son co-prévenu insiste «il fallait leur donner une bonne leçon».

Les victimes de ce cambriolage sont deux chasseurs sous-marins, guides touristiques installés depuis plusieurs années à Fakarava, dont la clientèle est très huppée, tous deux «titulaires de cinq records mondiaux», précise l’avocate de la partie civile. Le préjudice qu'ils ont subi est estimé pour l’un à 3,6 millions de Fcfp, pour l’autre à 2,4 millions de Fcfp, soit les montants du matériel emporté. Fusils et flèches de chasse sous-marine, ordinateur, téléphone satellite, TV écran plat, décodeur etc. Il a fallu faire quatre allers-retours dans leurs chambres en pour vider le contenu. Une partie du matériel volé sera découverte, bien plus tard, dans la maison que Georgy Adams louait à Fakarava.

A la barre, l’avocate du basketteur tente néanmoins de planter le décor de ce cambriolage punitif : elle rappelle que Georgy Adams qui avait démarré depuis quelques mois une activité de pêche à Fakarava, avait été contraint de cesser ce métier quand le bateau qu’il utilisait s’était retrouvé hors service. Il croit au sabotage, porte plainte, mais l’enquête de gendarmerie ne mène à rien. «Pourtant au fil des mois, poursuit l’avocate, une idée des auteurs de ce sabotage se précise». Selon elle, ce sont les mêmes qui «arrachaient les affichettes publicitaires de Mme Adams» pour les excursions qu’elle proposait aux touristes sur l’île. En dépit de ce contexte de rivalité commerciale que l’on perçoit dans le dossier, la justice revient aux seuls faits dont elle est saisie : le cambriolage. «Même s’il n’y a pas de brigade de gendarmerie, Fakarava ce n’est pas le Far West» argumente le procureur de la République.

Dans son délibéré, le juge va plus loin que les réquisitions du procureur. Il assène huit mois de prison avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve avec obligation de rembourser les victimes à Georgy Adams ; six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve de deux ans pour l’auteur physique du vol. A la sortie de la salle d’audience, Georgy Adams est abasourdi. «C’est une affaire regrettable. C’est vrai qu’il ne faut pas faire justice soi-même, mais quand tu es dans les îles, les codes sont différents. Pendant des mois, j’ai attendu les gendarmes pour qu’ils viennent constater le sabotage du bateau. Quand ils sont venus, c’était trop tard, rien n’a pu être prouvé. Moi, je me suis laissé entraîner par cette ambiance, c’est monté, et voilà….» Il envisage désormais de faire appel de cette décision.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 17 Octobre 2013 à 15:54 | Lu 5905 fois