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Général Saulnier : "Il faut défendre les valeurs des îles"


Hao le 13 décembre 202- Le général Frédéric Saulnier, commandant de gendarmerie en Polynésie française, qui souhaite se rendre dans toutes les unités du fenua, était la semaine dernière à Rikitea et Hao. Tahiti Infos a profité de sa venue sur l'atoll pour le rencontrer et recueillir ses impressions après sa mission dans ces îles qu'il visitait pour la première fois.

Général Frédéric Saulnier, quel était le but de votre tournée dans les archipels ?

"Avec la crise sanitaire, nous avons été pas mal limités dans nos déplacements. J’ai comme projet de faire le tour de l’ensemble des unités de Polynésie française qui sont dispersées sur l’ensemble du territoire et je n’avais pas eu l’occasion de me rendre aux Gambier et à Hao. Donc, c’est ce que je viens de faire au cours de ces cinq derniers jours. C’est l’occasion de rencontrer le personnel de gendarmerie, que je connais déjà car j’ai effectué des entretiens avec chacun d’entre eux à Tahiti, mais l’idée, là, est de les rencontrer in-situ pour faire le point sur leurs problèmes et leurs besoins. C’est fondamental et, surtout, cela me permet de rencontrer les maires, les conseillers municipaux pour faire le point sur ce qui peut être perfectible dans nos collaborations. Car j’ai constaté sur le terrain que cette synergie entre les services est indispensable pour assurer la sécurité des citoyens."

Comment s'est déroulée votre première escale à Rikitea ?

 "Je suis arrivé à Rikitea le samedi 4 décembre avec notamment un but bien précis qui est de mettre sur les rails un projet de reconstruction de la brigade de gendarmerie qui est en très mauvais état. Je suis très insatisfait de l’état du logement de mes gendarmes à Rikitea, qui d’ailleurs ne se plaignent pas. Nous avons des militaires là-bas qui sont très résilients et qui ont un état d’esprit exceptionnel que je voudrais souligner, mais pour autant ce n’est pas une situation  satisfaisante. J’étais d’ailleurs à Paris, il y a quinze jours, où je me suis employé à faire bouger les lignes, à faire bouger ce dossier pour montrer que les Gambier c’était loin, mais que nos militaires avaient besoin d’être logés dans de bien meilleures conditions."

 Que retirez-vous de votre rencontre avec la brigade de gendarmerie de Hao?

 "Je suis arrivé le mardi 7 à Hao, où je suis venu tout d’abord faire un point sur l’activité de la brigade, RH, logistique et emploi qui sont les points abordés avec mes militaires. Je leur ai également donné mes directives sur ce qui me paraissait perfectible. Il y a aussi des projets sur Hao qui vont apporter beaucoup de choses très positives, je pense notamment à la mise en place prochaine d’une compagnie du RSMA. C’est quelque chose que nous regardons de très près, car l’activité de la gendarmerie risque de croître de ce fait. Il y a une brigade à Hao avec des militaires de grande qualité, majoritairement polynésiens mais de tout ça on fait un mélange, on créé une synergie, chacun apporte ses qualités et la population ressent cela. Parmi les projets que je souhaiterais développer à Hao dans le futur, ce serait dans le domaine de la prévention (routière, stupéfiant, etc.) avec le RSMA, mais aussi avec les établissements scolaires. Notamment le collège de Hao dont je n’ai pas pu rencontrer le proviseur mais qui, je le sais, fait un travail de fond de très grande qualité pour la jeunesse."

Le général Frédéric Saunier entouré de la brigade de Hao qu'il a rencontrée la semaine dernière.
Le général Frédéric Saunier entouré de la brigade de Hao qu'il a rencontrée la semaine dernière.
On constate ces dernières années que la jeunesse locale s’engage en masse dans l’armée. Y a t-il beaucoup de recrutements au sein de la gendarmerie ?

"Le recrutement et la formation sont des liens forts que l’on tisse avec les Polynésiennes et les Polynésiens. La gendarmerie recrute énormément en Polynésie, c’est le premier recruteur ultra-marin. Et j’ai à cœur dans ce domaine-là de faire une offre qui soit personnalisée. Actuellement, les recrutements se font localement, mais les formations de gendarme adjoint volontaire (GAV), gendarme et sous-officier se font en métropole pour de multiples raisons notamment logistiques. J’ai demandé à ce qu’on mette en place ici, en Polynésie, tous les deux ans, une formation locale GAV et la prochaine aura lieu en 2022 à Tahiti. Cela afin de permettre aux jeunes et notamment ceux des archipels qui n’ont pas forcément envie de se rendre en métropole de pouvoir accéder et prétendre à un avenir au sein des forces de gendarmerie."
 
Sur le plan de la proximité avec les habitants de ces deux îles, qu’avez-vous ressenti à leur contact ?

"Que ce soit à Rikitea ou à Hao on voit des gens qui nous saluent, on voit des sourires en permanence sur le visage des petits jusqu’aux plus anciens, partout des gestes de bienvenue et c’est vraiment quelque chose qui est très gratifiant. J’ai été frappé par l’accueil que l’on reçoit par des gens que l’ont ne connait pas, mais qui nous ouvrent leurs portes et les cœurs, c’est vraiment très chaleureux. Je voudrais tout particulièrement saluer la famille Tangi qui m’a offert un moment inoubliable à Hao avec un repas traditionnel paumotu. Ce qui m’a d’ailleurs interpellé sur le potentiel touristique de Hao qui recèle à la fois d’autant de trésors naturels que de trésors humains que l’on découvre qu’une fois sur place au contact de la population."
 
Avez-vous prévu de revenir dans les Tuamotu avant la fin de votre commandement en Polynésie ?


"Oui tout à fait. Je termine mon commandement de la gendarmerie de Polynésie en 2023, mais d’ici-là d’autres îles qui ont chacune leurs problématiques et leurs spécificités feront l’objet d’une visite de ma part. Je pense notamment à l’atoll de Amanu ou à d’autres îles des Gambier. Mais je reviendrai très certainement à Rikitea et à Hao pour faire un suivi des projets évoqués précédemment."
 
C'était votre première visite à Hao et Rikitea, quelque chose vous a-t-elle particulièrement marqué ?

 "J’ai pu constater que les équipes de gendarmerie étaient bien en place, qu’il y avait vrai une synergie entre la gendarmerie, les élus locaux et les différents services et acteurs de ces îles. Ce qui fait vraiment chaud au cœur, c’est de sentir le lien très étroit qui lie une population avec sa gendarmerie que ce soit encore une fois à Rikitea ou à Hao. J’ai pu remarquer également la force du religieux dans ces îles, j’ai eu l’occasion de me rendre dimanche dernier à la messe à Rikitea avec grand plaisir. Il y a des valeurs dans ces îles qui sont structurantes pour une société. Sa jeunesse, le spirituel, l’autorité parentale ou les forces de l’ordre, tout ceci est entretenu ici par tout le monde, c’est un modèle du genre et c’est quelque chose qu’il faut défendre. C’est cet esprit de défense qui m’anime depuis toujours et l’esprit de défense de quelque chose qui est précieux, mais qui n’est pas acquis. Et ici, il y a quelque chose qui est précieux mais qui n’est pas acquis et chacun devra porter sa part pour le défendre.

Diplômé de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, le général Saulnier a occupé le poste de chargé de mission à la délégation aux affaires stratégiques du cabinet du ministre de la Défense de 2003 à 2004. Il a également été chef de la section délinquance et criminalité organisée du bureau de la police judiciaire au sein de la direction générale de la gendarmerie de 2004 à 2009 et du bureau recrutement concours et examens de 2013 à 2017. Diplômé de l’École de guerre, il a été fait Chevalier de la Légion d’honneur. Il a pris les fonctions de commandant de la gendarmerie en Polynésie française le 1er août 2020. 

Rédigé par Teraumihi tane le Lundi 13 Décembre 2021 à 14:54 | Lu 1682 fois