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Frontière, budget, impôts: Trump cherche à gonfler son bilan des 100 jours


Washington, Etats-Unis | AFP | mardi 25/04/2017 - Donald Trump tâchait mardi d'engranger une victoire politique à l'approche de sa 100ème journée au pouvoir. Il tente d'arracher au Congrès un compromis sur le mur à la frontière mexicaine en évitant une crise budgétaire, et promet de dévoiler une réforme fiscale historique.

La semaine est cruciale aux Etats-Unis, car le Congrès doit impérativement adopter un budget avant vendredi prochain, le 28 avril à minuit - échéance qui coïncide avec les 100 jours depuis l'investiture du milliardaire républicain. Au-delà, l'Etat fédéral n'est plus financé et risquerait de fermer ses administrations, une paralysie humiliante pour le nouveau pouvoir républicain.
La minorité démocrate dispose d'un pouvoir effectif d'obstruction et a menacé de l'utiliser si le président américain exigeait que la loi budgétaire inclue des crédits pour lancer le chantier de son mur à la frontière avec le Mexique. A l'approche de la date butoir, toutefois, M. Trump semble avoir lâché du lest.
Selon des journalistes conservateurs reçus à la Maison Blanche lundi soir, il aurait accepté de reporter à plus tard la question du financement du mur. Immédiatement, les chefs de file démocrates ont crié victoire.
"C'est une bonne chose pour le pays que le président Trump ait sorti le mur des négociations", a déclaré le sénateur Chuck Schumer. Même son de cloche de la chef démocrate Nancy Pelosi, à la Chambre.
Le locataire de la Maison Blanche a réagi mardi en déclarant, sur Twitter: "ne laissez pas les faux médias vous dire que j'ai changé ma position sur le mur. Il sera construit et permettra d'arrêter les drogues, le trafic d'êtres humains, etc."
 

- Sécurité frontalière -

 
En fait, un compromis semblait émerger: au lieu de crédits pour construire le mur lui-même, les parlementaires pourraient voter une enveloppe pour renforcer la sécurité à la frontière.
"Il obtiendra sans doute une avance sur la sécurité à la frontière en général", dit le sénateur républicain Rob Portman. 
Un collègue démocrate, Jon Tester, confirme à l'AFP: "si on parle d'une combinaison de solutions, de la technologie, des murs invisibles, éventuellement des radars... alors on pourra s'entendre".
Si de tels crédits sont votés, Donald Trump pourra crier victoire... tandis que l'opposition pourra affirmer qu'elle a freiné la construction du mur proprement dit.
Un succès, même symbolique, permettrait de redresser le bilan maigre du début de mandat du 45e président des Etats-Unis. Deux de ses projets phares, la fermeture sélective des frontières et l'abrogation de la loi sur la santé "Obamacare", ont échoué. S'il a engagé une vague de déréglementation économique et environnementale massive, ses effets mettront des mois ou des années à se produire.
Seule la confirmation du juge conservateur Neil Gorsuch à la Cour suprême représente une victoire indéniable.
 

- Big Bang fiscal -

 
L'approche de l'échéance des 100 jours explique aussi le dévoilement prévu mercredi d'un grand projet de réforme fiscale, présentée par Donald Trump comme "probablement la plus grande baisse d'impôts de l'histoire".
Le taux de l'impôt sur les sociétés, actuellement de 35%, pourrait être abaissé à 15%, selon la promesse de campagne du républicain.
Une simplification fiscale est aussi prévue, avec la suppression de niches --une gageure, tant le code des impôts s'est épaissi depuis des années.
Pour les particuliers, l'impôt sur le revenu serait aussi refondu. Le nombre de tranches d'imposition passerait de sept à trois.
Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a assuré que "l'Américain moyen devrait pouvoir faire sa déclaration fiscale sur une grande carte postale".
L'administration républicaine entend aussi attirer de nouveau aux Etats-Unis les multinationales qui ont établi leur siège à l'étranger pour bénéficier de conditions fiscales plus avantageuses ou qui évitent, via des filiales et des procédés comptables, de rapatrier leurs bénéfices dans le pays. 
M. Mnuchin a répété que cette réforme des impôts "se financerait d'elle-même grâce à la croissance" que l'administration Trump promet à 3% (au lieu de 1,6% en 2016).
Mais là encore, le combat sera rude au Congrès. Les chefs républicains ont déjà reconnu que le calendrier initialement imaginé pour l'adoption de la réforme, avant le mois d'août, était vraisemblablement intenable.

le Mardi 25 Avril 2017 à 05:21 | Lu 401 fois