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Free surf – Tereva David choisit le ‘secret spot’ pour prendre la bombe qui lui vaut une nomination aux WSL Awards.

Tereva David est apprécié de tous. Son caractère bienveillant, son talent, les formations qu’il a eu le courage d’effectuer en France, font actuellement de lui un des surfeurs les plus emblématiques de Polynésie. Il évolue par ses propres moyens au niveau local comme à l’étranger, sans sponsor majeur. La vague qu’il a prise la semaine dernière lui vaut une nomination aux WSL Big Wave Awards.


Tereva David a pris cette bombe en étant tracté par son oncle. © Heimana Jurd.
Tereva David a pris cette bombe en étant tracté par son oncle. © Heimana Jurd.
TEREVA DAVID A PREFERE ECOUTER SON CŒUR ET SA RAISON

OUTUMAORO, le 27 juillet. C’était l’effervescence médiatique à Teahupo’o le 22 juillet dernier. On a pu noter d’ailleurs que les photographes étaient plus nombreux que les surfeurs ! La session a failli tourner au cauchemar pour plusieurs surfeurs qui s’en sont sortis miraculeusement. Même les habitués ont chuté, comme Raimana Van Bastolaer par exemple.

Les étrangers ont failli aussi payer le prix fort. Keala Kennelly n’est pas sortie de la bombe de la journée, il y a eu aussi Coco Nogales et surtout Niccolo Porcella pour un ‘wipe out’ défini comme le pire de l’histoire de Teahupo’o. La houle était orientée ‘ouest’ ce qui est très dangereux pour les surfeurs.
 
Tereva David a préféré écouter son cœur et sa raison pour surfer dans de meilleures conditions, tracté par son oncle Vetea David. Sa vague a été sélectionnée aux WSL Big Wave Awards. Ce fut pour Tahiti Infos l’occasion d’interviewer un surfeur qui brille en ‘free surf’, qui fait les compétitions internationales sans gros sponsor et qui sait garder les pieds sur terre, en s’occupant notamment de la section surf au collège de Mahina.

La marque de fabrique des David : La compétition et le 'gros'.
La marque de fabrique des David : La compétition et le 'gros'.
Tereva David au micro de Tahiti Infos  :
 
Qu’est ce qui t’a poussé à choisir ce spot plutôt que Teahupo’o ?
 
« Cela faisait déjà une semaine qu’on avait vu la houle arriver, il fallait bien s’organiser, savoir quoi faire et surtout où aller. Avec mon oncle Vetea, on en a parlé plusieurs jours, on avait un plan A et un plan B, au dernier moment on a opté pour le plan B. Je pense que cela a été la meilleure décision parce que les vagues à Teahupo’o étaient vraiment ‘ouest’, c’était trop dangereux. On ne voulait pas risquer notre vie à ce point là, à ‘bouffer’ toutes les vagues que l’on prend. On était content à la fin de journée d’avoir choisi ce plan, d’être ‘tout seuls’, avec les locaux du spots, avec la famille. »
 
Tu peux me raconter la vague ?
 
« On a pris une première vague un peu plus petite, j’étais déjà bien ‘dedans’, avec le souffle et tout. On est retourné au fond, la bombe c’était ma 2e vague, vers midi. Quand elle est arrivée, on savait que c’était la bonne. Mon tonton l’a suivie un peu, j’ai lâché la corde au bon moment, j’étais placé comme il faut, j’ai pu me concentrer sur la position des jambes et sur l’équilibre dans le tube. »
 
« A un moment, dans le tube, j’ai commencé à remonter vers le haut, alors j’ai appuyé sur ma jambe avant pour pouvoir descendre, j’ai dû le faire deux–trois fois et cela a marché. Arrivé à la moitié du tube, le souffle m’a aveuglé, je ne voyais plus rien pendant presque 3 secondes, je suis sorti d’un coup, tout la monde a crié. »
 
« Je ne pouvais pas parler, le ‘feeling’ était à l’intérieur, comme si je ne comprenais pas ce qui m’était arrivé, je ne réalisais pas la vision que je venais d’avoir. Le tube était énorme mais je ne voyais pas la taille de la vague, quand j’ai vu la photo je me suis rendu compte que c’était un monstre. J’étais content. »

Malgré son grand gabarit inadapté aux petites vagues, Tereva est un fin compétiteur.
Malgré son grand gabarit inadapté aux petites vagues, Tereva est un fin compétiteur.
T’occuper de la section surf du collège de Mahina cela te permet de garder les pieds sur terre ?
 
« Il n’y a rien de mieux que de travailler avec les jeunes, surtout que c’est dans mon milieu, celui de la glisse. Cela fait 20 ans que je pratique ce sport. Avec les diplômes passés en métropole et ici à Tahiti, j’ai pu acquérir une expérience pour ‘coacher’ ces enfants qui ne demandent qu’à s’épanouir, on leur prête des planches, on les emmène surfer de nouveaux spots, découvrir des vagues de récif également, des petites vagues, des grosses vagues. »
 
« En fin d’année dernière, on leur a offert un surf trip au fenua aihere dans le côté sauvage de la presqu’île, on a eu la chance d’avoir une belle maison grâce à la mamie d’un des enfants de la section. On était en face d’un spot magique que personne ne connaît, on a eu la chance d’avoir de très belles vagues pour tous les niveaux, des 6e au 3e. Je pense que c’était un des plus beaux jours de leur vie et pour moi aussi, car scorer des vagues de 2 mètres ‘glassy’ avec mes élèves, il n’y a rien de mieux. »
 
Tu as également ta propre école de surf depuis cette année ?
 
« Voilà. Je n’ai pas encore de local sur la ville. L’école s’appelle ‘Tahiti Surf Academy’, c’est pour tous les niveaux, débutants, experts, touristes, SUP, longboard…Je suis spécialisé aussi dans le coaching compétition pour les enfants, en local comme à l’international. »
 
« Un remerciement ?
 
« Merci au prof qui a travaillé avec moi, Pierre Leuleu. Il est rentré malheureusement à la Martinique. Franchement, c’est le meilleur prof du monde, toujours au top pour que ses élèves puissent travailler dans des conditions parfaites. Je n’ai pas de gros sponsor actuellement, j'ai tout de même un contrat avec Swell Island que je remercie. Je remercie également ma famille et mon oncle Vetea qui m’a placé sur cette vague, mes amis et ma copine Temata’i Taerea. »
 
Ton prochain objectif ?
 
« Ce sont les Trials de Teahupo’o. C’est mon rêve de les gagner et pourquoi faire trembler le WCT. Après les trials, j’irai en Europe pour les compétitions pro, j’ai besoin de faire des points pour participer à des compets’ sur Hawai’i qui sont des compétitions plus importantes, comme le Volcom Pro et d’autres encore. »

Rédigé par SB le Lundi 27 Juillet 2015 à 13:21 | Lu 4682 fois