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Frédéric Dock : "Nous ne pouvons pas imaginer que l’Etat ne nous soutienne pas"


Tahiti, le 10 juin 2020 - A l'occasion d'une interview accordée à Tahiti Infos, le président du Medef est revenu sur les points soulevés dans l'édito diffusé par l'organisation patronale. Espoirs dans la solidarité nationale, accélération de la commande publique, incitation pour embaucher la jeunesse… Frédéric Dock décortique les attentes du patronat.

Avant d’évoquer l’édito de cette semaine, une question de contexte. Maintenant que le confinement est levé et l’ouverture de l’aérien international annoncée pour le 15 juillet, les perspectives s’améliorent-elles pour les entreprises polynésiennes ?

"Il faut saluer la décision audacieuse du gouvernement d’ouvrir les frontières, sous conditions sanitaires évidentes, aux touristes internationaux. Nous n’avons aucune idée de la réponse des marchés, ni de celle des clients internationaux. Personne ne saurait répondre à cette question pour le moment."
 
Vous espérez dans votre édito de cette semaine que la Polynésie puisse bénéficier des mécanismes de la solidarité nationale à travers le plan national de sauvegarde du tourisme ?

"L’économie polynésienne, qui s'est reconvertie depuis 15 ans avec le soutien de l’Etat, est devenue dépendante du tourisme. Nous ne pouvons pas imaginer que l’Etat ne nous soutienne pas aujourd’hui pour maintenir ce secteur pendant la durée de cette crise de niveau mondial."
 
Vous évoquez le dispositif d’aide au maintien d’activité à 84%. Est-ce une mesure qui devrait être appliquée en Polynésie selon vous ?

"Nous n’avons toujours pas compris en quoi la solidarité nationale ne pourrait pas s’appliquer en Polynésie française. Le mécanisme d’activité partielle a été financé en métropole et dans les DOM aux deux tiers par l’Etat. Ce n’est pas une question de régime ou de fiscalité."

"Nous ferons des propositions extrêmement précises dès la sortie du plan proposé par le Pays en termes d'emploi"

Vous demandez également au Pays "d’accélérer" via la commande publique pour permettre la relance ?

"Accélérer la commande publique est  le seul moyen de donner immédiatement du travail à nos entreprises et à nos salariés. Un plan de campagne a été annoncé par le président et nous savons que de nombreux projets sont prêts à démarrer. Nous avons déjà rencontrés plusieurs ministres qui nous ont convaincus de la mise en œuvre concrète de ce plan. Une mise en œuvre que nous pourrons mesurer, je l’espère, dans les prochains jours."
 
Enfin, vous appelez à la mise en place d’un plan pour l’emploi et de nouvelles mesures d’aides à l’emploi. Lesquelles ?

"Nous demandons un soutien public financier significatif pour que les entreprises puissent embaucher, car le privé ne peut pas assurer seul ce besoin. Le Fonds paritaire de gestion de la formation professionnelle qui a été évoqué est uniquement financé par le secteur marchand actuellement en difficulté. Il n’y a pas de possibilité financière d’étendre la mission de ce fonds aux demandeurs d’emploi. Il faut mettre en place des dispositifs aussi exceptionnels que cette crise. Aussi parce qu’il doit intégrer les jeunes, dont ceux de l’apprentissage ou de l’alternance, pour lesquels l’entreprise n’a pas de possibilité d’investissement aujourd’hui. Pour le Medef, c’est un investissement indispensable pour l’avenir. Nous aurons l’occasion d’y revenir très vite puisque nous ferons des propositions extrêmement précises dès la sortie du plan proposé par le Pays en termes d'emploi."

le Mercredi 10 Juin 2020 à 20:45 | Lu 10560 fois