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Flou artistique autour du titre restaurant électronique


Flou artistique autour du titre restaurant électronique
PARIS, 16 mars 2013 (AFP) - Alors que les sociétés qui misent sur le marché du titre restaurant numérique livrent leurs premiers clients, les émetteurs historiques assurent que le cadre législatif français ne permet pas encore d'utiliser la dématérialisation.

L'enjeu est de taille sur ce marché qui pèse 5 milliards d'euros et que se partagent depuis plus de quarante ans quatre acteurs: Natixis (Chèque de Table), Sodexo (Chèque Restaurant), Edenred (Ticket Restaurant) et Chèque Déjeuner.

Les deux derniers arrivants, Resto Flash avec son système de titres restaurant sur smartphone et Moneo Resto avec sa carte à puce, ont pris de vitesse les acteurs traditionnels et sont d'ores et déjà opérationnels.

Ils visent tous deux environ 10% du marché d'ici à 2017.

Mais après deux consultations avec les pouvoirs publics sur ce thème, l'une en décembre, l'autre mi-février, Sodexo et Edenred ont tous deux indiqué à leurs clients qu'une adaptation de la législation était nécessaire pour pouvoir dématérialiser les titres-restaurant. Chèque Déjeuner évoque de son côté un "flou législatif".

Autrement dit, selon eux, les clients de Moneo Resto et Resto Flash s'exposent à l'illégalité, ce que ces derniers réfutent catégoriquement.

"Moneo Resto est en pleine conformité avec la réglementation actuelle", assure Serge Ragonzin, directeur général de la société, "notre position est formelle, nous ne partirions pas sur une initiative de ce type si nous ne pensions pas que l'on avait raison".

Moneo vient de livrer à 42 entreprises clientes des cartes titres-restaurant, émises en partenariat avec Mastercard, qui s'utilisent comme une carte de crédit en entrant un code sur les terminaux de paiement des restaurants et commerces affiliés.

Le président et co-fondateur de Resto Flash, Emmanuel Rodriguez-Maroto, estime lui aussi que "tout est clair et que les textes de loi permettent d'émettre du numérique sans autorisation préalable".

Il table sur une collaboration avec 35 entreprises et 4.000 porteurs d'ici la fin du premier trimestre 2013.

La DGCCRF, chargée de la concertation avec les acteurs du marché pour faire évoluer la législation qui régit le titre restaurant, ne souhaite pas s'exprimer tant que ses travaux sont en cours.

Aucun calendrier n'a été défini pour les futures rencontres avec les pouvoirs publics, mais les émetteurs traditionnels s'accordent à dire qu'elles devraient aboutir avant fin 2013.

La carte est la solution favorisée par les émetteurs historiques, qui ont déjà de l'expérience avec ce support hors des frontières françaises.

En Belgique, où la dématérialisation est déployée sur les deux nouveaux entrants qui ont profité du passage au numérique pour se lancer, l'un n'est plus en activité et l'autre a pris entre 1 et 2% des parts de marché, selon Frédéric Vandervliet, directeur marketing chez Sodexo pour la Belgique.

"Les nouveaux entrants vont tirer un peu les prix vers le bas", admet son collègue pour la France, Jean-Jacques Vironda, "mais il n'y aura pas de grosse révolution".

Sodexo souhaite lancer un projet pilote en octobre pour un déploiement "fin 2013, début 2014". En Belgique, un an après le lancement de la carte, 10% des clients l'ont adoptée et une étude réalisée par le groupe montre que 73% des clients souhaitaient migrer.

"Nos clients veulent du numérique, c'est un relais de croissance et un élément central de notre stratégie", indiquait lors des résultats annuels le PDG d'Edenred, Jacques Stern, qui mise sur un lancement en 2013.

"Dès que l'environnement législatif sera clarifié, nous proposerons à nos entreprises clients des titres dématérialisés", assure de son côté le groupe Chèque Déjeuner.

Rédigé par Par Séverine ROUBY le Samedi 16 Mars 2013 à 06:50 | Lu 919 fois