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Finances du Pays : une fin d'année décisive


Finances du Pays : une fin d'année décisive
PAPEETE, lundi 5 août 2013 - Le Pays a rencontré ses principaux bailleurs de fonds et l’Etat lors de la mission gouvernementale effectuée à Paris fin juillet. Des rencontres à la lueur des aménagements actés mi juillet dans le cadre de la réforme fiscale et du collectif budgétaire. "Les discussions doivent continuer avec l’Etat sur le pacte de croissance" a confirmé Nuihau Laurey alors que le ministre des Outre-mer est attendu courant octobre en Polynésie française.

"Je pense que ce qui est important c’est l’ambiance dans laquelle se sont déroulées toutes ces rencontres", a souligné de manière synthétique et assez optimiste Gaston Flosse évoquant la mission gouvernementale à Paris, du 15 au 25 juillet derniers, dont un compte rendu était proposé en fin de matinée à la Présidence. "Nous pouvons dire que la confiance est revenue (...) que nous avons été entendu" a insisté le président avant de laisser Nuihau Laurey présenter les ingrédients, les défis et les rendez-vous fatidiques du redressement des comptes du Pays.
Effets de la réforme fiscale, emprunts obligataires, amélioration de la note Standard & Poors en fin d’année, avance de trésorerie exceptionnelle de 6 milliards Fcfp sollicité de l’Etat : le vice-président a souligné que la réforme fiscale et le collectif budgétaire ont été voulus pour que le Polynésie française "dès l’année prochaine ait retrouvé ses capacités de remboursement de la dette", avec un effort accru de réduction des dépenses publiques et l’adoption "d’un budget sincère". Autant d’arguments présentés comme des gages de bonne foi à Paris.

"Nous avons repris contact avec HSBC et avec la banque Natixis", a souligné le vice-président évoquant la rencontre avec deux possibles bailleurs de fonds avec lesquels le Pays envisage de contracter des emprunts obligataires. "Il n’est pas impossible que d’ici la fin du mois de septembre, début octobre, nous passions des conventions effectives avec ces deux établissements pour nous assurer, non pas les financements de nos investissements année par année, mais sur un programme pluriannuelle de l’ordre de 3 ans avec pour le gouvernement la certitude de disposer sur une période longue de tous ces financements".

Nuihau Laurey a naturellement évoqué le "BB+ avec perspective stable" de la Polynésie française confirmé le 31 juillet dernier par Standard & Poors. Pour le Pays, cette notation financière a un impact déterminant sur le prix de l’argent sur les marchés financiers. Si S&P assure avoir été rassurée par la présentation du plan de redressement qui lui a été faite par le gouvernement le 18 juillet dernier, l’agence de notation appuie son analyse sur la situation actuelle de la Polynésie avec le constat de liquidités négatives et d’une gestion financière négative.

Signature du Pacte de croissance en octobre ?

Dans un scénario optimiste la Polynésie serait en mesure d'améliorer sa note en redressant structurellement sa situation de trésorerie. Faute de quoi la note pourrait être abaissée si malgré la mise en place du Fonds de garantie de la dette, le Pays devait faire face de nouvelles tensions de trésorerie sévères qui ne seraient pas atténuées par un soutien extraordinaire de l'Etat.
Au demeurant, Standard & Poors a assuré que la note de BB+ accordée à la Polynésie française "était soutenue par une anticipation de l’amélioration structurelle des performances budgétaires, avec un retour à l’équilibre du solde de financement après investissements", et que "la perspective stable reflète un scénario central selon lequel la Polynésie française améliorera fortement et structurellement ses performances budgétaires grâce à la réforme fiscale et à la poursuite des mesures d’ajustement des dépenses de fonctionnement".

Aussi, l’agence devrait produire une nouvelle notation financière de la Polynésie courant novembre prochain. Une note que le Pays souhaite améliorée. "L’organisme attend des actions concrètes : d’une part la création du fonds de garantie de la dette et l’alimentation de ce fonds grâce au versement de 4 milliards Fcfp de dividendes par l’Office des postes et télécommunications, dans le courant du mois de septembre", a souligné Nuihau Laurey.

Dernier élément déterminant pour le Pays : une avance de trésorerie courant septembre. En attendant les premiers effets vertueux de la réforme fiscale sur les comptes du Pays, une avance de trésorerie de 6 milliards Fcfp a été sollicitée auprès de l’Etat pour compenser le déficit prévisionnel à la fin août. "Nous sollicitons une avance de cet ordre-là" a confirmé Nuihau Laurey. "J’attire l’attention sur le fait que cette situation financière catastrophique que nous connaissons est comparable à celle que la collectivité avait vécue en 2012, lorsque la dotation exceptionnelle de 6 milliards avait été versée", a comparé le vice-président avant de justifier : "Cette année nous ne demandons pas une dotation non remboursable mais une avance de trésorerie. (…) On sait que les premiers effets de la réforme fiscale ne se produiront qu’à partir de 2014".

Victorin Lurel est attendu en Polynésie française en octobre prochain pour une visite au cours de laquelle le ministre des Outre-mer pourrait signer avec le Pays le Pacte de croissance défendu à Paris par le gouvernement Flosse. Le document devrait figer le mode d’accompagnement de l’Etat dans le cadre des efforts engagés par la Polynésie française. Pour le Pays, les cinq prochains mois ont un caractère déterminant pour le redressement des comptes d’une Polynésie française qui se place désormais sous l’œil vigilant de ses partenaires.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 5 Août 2013 à 16:36 | Lu 1947 fois