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Femme tuée en pleine rue à Besançon: appel à un rassemblement vendredi


Besançon, France | AFP | jeudi 01/11/2018 - Plusieurs associations ont appelé à un rassemblement vendredi à 18H00 à Besançon où le meurtre de Razia, une Afghane de 34 ans poignardée à mort mardi, suscite une vive émotion, d'autant que son mari, suspect N.1, est toujours en fuite.

"C'est un rassemblement pour les gens qui souhaitent manifester leur amitié à Razia ainsi que leur soutien aux femmes victimes de violence et à celles et ceux qui s'en occupent", a déclaré à l'AFP Christine Perrot, présidente de l'association Solidarité Femme, à l’origine de l'appel.
Logée depuis un an dans un appartement par cette association qui accompagne les femmes victimes de violences conjugales, Razia a été tuée en pleine rue à Besançon de plusieurs coups de couteau au torse et au cou alors qu'elle revenait de ses courses.
Cette mère de trois enfants de 9, 12 et 16 ans - les deux plus jeunes font désormais l'objet d’un placement provisoire décidé par le parquet de Besançon- avait porté plainte à quatre reprises contre son mari.
A Marseille, où elle vivait avant d'être exfiltrée par une autre association à Besançon, elle avait signalé les violences à son encontre et entamé une procédure de divorce ainsi qu'une démarche d'obtention de titre de séjour.
L'homme a réussi à retrouver sa trace au printemps. "Les enfants l'ont aperçu lors d'un trajet en bus et ils l'ont signalé à Razia. Ils étaient terrorisés et ne sont pas allés à l'école pendant 3 mois, de peur d'un rapt", a raconté Christine Perrot.
"Le mari a été entendu par la police et laissé en liberté. Notre parole n'a pas suffit parce qu'il manquait des preuves matérielles, mais nous savions que la menace était urgente", a-t-elle souligné.
Razia a tout de même obtenu en juillet une ordonnance de protection délivrée par un juge des affaires familiales, interdisant à son mari de l'approcher.
"Une fois que l'ordonnance de protection a été obtenue, la justice aurait dû sévir pour concrétiser la sanction, pour qu'il arrête de la poursuivre", estime cependant Christine Perrot.
"Il n'a pas fallu longtemps à ce monsieur pour donner un coup de couteau là où il fallait", s'attriste-t-elle. Les coups ont entraîné la mort de la victime par rupture de l’aorte, selon une source judiciaire.
Dans une interview donnée à Europe 1, Christine Perrot décrit la victime comme une personne "adorable, positive et souriante" qui s'apprêtait à participer à un stage d'autodéfense car "elle se sentait menacée".

- Appel à témoins -

 
Le parquet de Besançon a lancé mercredi un appel à témoins pour retrouver son mari, un Afghan de 38 ans, "suspect numéro un".
"L'exploitation d'une caméra de la ville de Besançon a permis de mettre en évidence la présence d'un individu qui suivait la victime (...). L'exploitation plus fine de l'ensemble des moyens de vidéo protection a confirmé qu'il s'agissait de son mari", a expliqué Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon, mercredi lors d'une conférence de presse.
"Le suspect mesure 1,75 mètre et porte un tatouage sur l’épaule droite", a précisé le commissaire Charly Kmyta, chef de la sûreté départementale de Besançon.
Parmi les éléments qui nourrissent les soupçons des enquêteurs à l'égard du mari, figure l'absence de vol de tout objet personnel de Razia lors de l'agression. "Le caractère crapuleux de l’agression est exclu", a ainsi estimé Etienne Manteaux.
"Toute personne susceptible de faire avancer l’enquête est invitée à contacter le commissariat de police de Besançon", a rappelé Charly Kmyta.
A Besançon, l'émoi est important deux jours après le drame survenu aux alentours de midi dans un quartier à l'ouest de la ville. 
"Ce qui est inquiétant et me met en colère, c’est que cette femme avait déposé plainte à plusieurs reprises et sa vie lui a été arrachée", a relevé Laura porte-parole d'Osez le Féminisme Doubs qui se joindra à l'initiative de Solidarité Femmes.
En 2016, 123 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon en France, soit environ une tous les trois jours.

le Jeudi 1 Novembre 2018 à 11:15 | Lu 759 fois