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FFR: l'opposition à Laporte se dote d'une voix


Paris, France | AFP | mardi 25/06/2019 - Enfin un nom: Florian Grill, président de la Ligue île-de-France, a été choisi mardi pour incarner l'opposition au président de la Fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte lors de la prochaine élection présidentielle, en 2020.

C'est donc un dirigeant et ancien joueur issu du rugby amateur qui a été désigné pour mener le combat face au médiatique ex-sélectionneur du XV de France et secrétaire d'Etat aux Sports: Grill, 53 ans, ancien joueur du PUC (Paris Université Club), ancien président de l'ACBB (club de Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine) et directeur de campagne du président sortant Pierre Camou lors de la précédente élection, en décembre 2016.
Présents à ses côtés au siège du PUC justement, au stade Charléty de Paris, des noms bien plus connus auraient pu porter la voix de l'opposition, baptisée "Ovale Ensemble", comme Jean-Claude Skrela (ancien joueur et sélectionneur des Bleus), Serge Blanco ou bien les ex-internationaux Eric Champ et Jean-Marc Lhermet. Ainsi que Fabien Pelous, cependant absent mardi.
Et si l'ancien sélectionneur des Bleus Marc Lièvremont a quitté l'opposition, celle-ci pourrait être renforcée par Guy Novès, limogé par Laporte en décembre 2017. "Je souhaite, je suis convaincu qu'il sera, à des moments de la campagne, parmi nous", a dit Skrela.
De toute façon, "la notoriété n'est pas le sujet, le sujet c'est de faire tourner les clubs" pour Grill. A propos duquel Laporte avait lancé, dans un entretien au quotidien régional Le Bien Public début juin, que "personne ne le (connaissait) à part sa mère".
 

- Rencontrer "100% des clubs" -

Cette pique semble annoncer une campagne âpre, comme en 2016, où Camou avait refusé d'aller boxer dans l'arène avec Laporte.
Grill est prêt, lui, à ferrailler:  "On ne dira pas du mal mais on ne laissera pas dire tout et n'importe quoi."
Surtout, le candidat et ses soutiens, contrairement à Camou, arpenteront, à partir "d'août-septembre" et d'ici l'élection en décembre 2020, pied à pied le terrain, à la manière de Laporte en 2016.
"Nous avons un réseau de 290 relais locaux qui vont organiser la campagne sur le terrain. Nous avons prévu de faire 200 jours de terrain: nous verrons 10 clubs par jour, il y a environ 1.900 clubs, donc nous allons voir 100% des clubs" a fait savoir Grill.
Pour porter un programme, en seize chantiers, "dont le mot-clé est redonner du sens et retrouver les valeurs" du rugby, selon lui écornées par Laporte et qui a conduit, en mars, BMW à mettre fin à son partenariat avec la FFR.
Des valeurs abîmées par l'affaire Laporte-Altrad, une opacité et un manque de démocratie dans la prise de décisions, selon l'opposition, dont l'un des trois axes du programme est de "revenir à une fédération éthique".
 

- Identité de jeu commune -

Mais elle a surtout pointé du doigt la dissension du lien entre la Fédération et les bénévoles ou dirigeants de clubs amateurs. Notamment par la suppression des comités territoriaux avec la création, rendue obligatoire par la loi, des treize ligues régionales.
"On s'aperçoit que les gens sont demandeurs de certaines réponses, qui tournent autour du rugby de proximité et des services qu'on peut leur rendre", a souligné Blanco.
Autre grand axe du programme, le retour à un "rugby de mouvement" plutôt que d'affrontement, dans un contexte d'inquiétude croissante autour des traumatismes engendrés par la pratique et de baisse des licenciés.
Un processus déjà engagé par l'actuelle direction via le programme "Rugby bien joué", lancé cette saison pour les catégories allant jusqu'aux moins de 12 ans.
Grill et ses soutiens veulent aller plus loin et promouvoir une identité de jeu commune jusqu'à l'équipe de France en passant par les équipes de France chez les jeunes. "On veut que ce rugby de mouvement redevienne notre label. La DTN (direction technique nationale) doit avoir plus d'impact" développe Lhermet.
Enfin, l'opposition s'est dite inquiète du déficit de 7,35 M EUR pour l'exercice 2017-2018 et entend procéder à un audit pour "savoir quelles seront nos marges de manoeuvre". Il faudra pour cela gagner la bataille de 2020.

le Mardi 25 Juin 2019 à 06:06 | Lu 401 fois