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Explosions dans un camp militaire en Guinée équatoriale: au moins 30 morts et 600 blessés


Explosions dans un camp militaire en Guinée équatoriale: au moins 30 morts et 600 blessés
Malabo, Guinée équatoriale | AFP | lundi 08/03/2021 - Les cadavres de dix personnes ont été retirés des décombres lundi, au lendemain de quatre explosions accidentelles ayant ravagé un camp militaire et des quartiers alentour à Bata, en Guinée équatoriale, a assuré la télévision d'Etat, portant le bilan provisoire à 30 morts et 600 blessés.

Trois enfants âgés de 3 et 4 ans ont aussi été extraits vivants des ruines d'habitations dans la matinée et transportés à l'hôpital, selon la TVGE qui dépend du ministère de l'Information.

L'inamovible président Teodoro Obiang Nguema, qui dirige ce petit pays d'Afrique centrale d'une main de fer depuis près de 42 ans, avait blâmé des fermiers voisins pour un écobuage mal maîtrisé et la "négligence" des militaires chargés de surveiller l'arsenal du camp de Nkoa Ntoma dans la capitale économique du pays.

Les terrifiantes déflagrations, espacées de longues minutes en plein après-midi, ont littéralement ravagé les édifices du camp abritant des forces spéciales et des gendarmes, ainsi que leurs familles, et éventré ou aplati d'innombrables maisons des quartiers environnants. 

Dans la nuit de dimanche à lundi, des habitants de Bata ont assuré à l'AFP que des édifices continuaient de se consumer et que des détonations de faible puissance étaient encore perceptibles de temps à autre.

"Dix cadavres ont été retirés de décombres ce matin par les secouristes", a assuré lundi à l'antenne un journaliste de la TVGE. Aucune autorité n'était joignable pour confirmer ces dernières découvertes macabres, le gouvernement de ce pays, parmi les plus fermés d'Afrique voire du monde, ne communiquant généralement qu'au journal de 20h00 de la TVGE. 

Le ministère de la Défense avait parlé, dimanche soir, de 20 morts et au moins 600 blessés.

"Entièrement brûlés"

"Mon oncle, un officier du camp, vient de nous appeler pour dire qu'il avait retrouvé ce matin les corps de cinq membres de sa famille entièrement brûlés", témoigne pour l'AFP par téléphone un habitant de Bata qui a requis l'anonymat.

"Nous n'avons pas dormi de la nuit, des maisons ont continué de brûler toute la nuit et on entendait encore des petites détonations, tous les habitants des quartiers situés dans un rayon de 2 à 4 km du lieu des explosions n'ont pas pu rentrer", assure à l'AFP un autre résident contacté par téléphone, Teodoro Nguema.

La TVGE a assuré que le bilan ne pourrait que s'alourdir, diffusant en boucle des images de secouristes ou simples civils extirpant des corps de ruines encore fumantes. Ici, des hommes transportent un cadavre dans un drap jaune au milieu d'un amas de morceaux de béton et de tôles, là un civil dépose le corps inanimé d'un enfant sur le plateau d'un pick-up...

La veille, la TVGE avait montré de nombreux enfants, femmes, hommes et vieillards fuyant, parfois portés ou claudiquant, dans un paysage de désolation encore enveloppé d'épaisses volutes de fumée et de poussière après les terrifiantes déflagrations.

Dans un hôpital de Bata, de nombreux blessés, certains à même le sol et sous perfusion, ont reçu de premiers soins dans une ambiance de chaos.

"Négligence"

"La ville de Bata a été victime d'un accident provoqué par la négligence de l'unité chargée de garder les dépôts de dynamite, d'explosifs et de munitions, qui ont pris feu à cause des brûlis allumés dans leurs champs par les fermiers qui ont finalement fait exploser successivement ces dépôts", avait détaillé dans un communiqué le chef de l'Etat, détenteur à 78 ans du record mondial de longévité au pouvoir pour un président en vie. 

Puis le ministère de la Défense avait expliqué que "les explosions (...) de munitions de gros calibre" avaient provoqué des "ondes de choc détruisant totalement de nombreuses maisons avoisinantes".

La ville de Bata abrite environ 800.000 des quelque 1,4 million d'habitants de ce petit Etat riche de son pétrole et de son gaz mais où la grande majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Le président Obiang a ordonné une enquête et "lancé un appel à la communauté internationale à soutenir la Guinée équatoriale".

Le vice-président en charge de la Défense et de la Sécurité, Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé Teodorin, le fils du président présenté comme son dauphin, est apparu sur la TVGE arpentant les décombres entouré d'une poignée de ses habituels gardes du corps israéliens.

La Guinée équatoriale est l'un des pays les plus fermés du continent sinon du monde et le régime de Teodoro Obiang Nguema est régulièrement accusé d'atteintes aux droits humains par ses opposants et des organisations internationales.

le Lundi 8 Mars 2021 à 05:53 | Lu 117 fois