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Européennes : Royal renonce, retour à la case départ pour le PS


Paris, France | AFP | vendredi 11/01/2019 - Faute de rassemblement à gauche et rejetée par certains, l'ancienne ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a annoncé vendredi qu'elle ne se présenterait pas aux élections européennes, une décision qui relance les spéculations sur une candidature d'Olivier Faure pour le PS.

"Je reprends ma liberté de ne pas être candidate (...) je ne serai pas sur une liste", a déclaré sur France Inter l'ancienne finaliste de la présidentielle de 2007, qui avait annoncé à l'automne réfléchir à tirer une liste rassemblant au-delà du PS.
"J'avais posé pour conditions, pour répondre à l'aimable pression de mes amis, de pouvoir structurer et créer une convergence et un rassemblement des écologistes, de la gauche, des démocrates, de la société civile également. Ces conditions ne sont pas remplies, puisque un certain nombre de partenaires ont refusé", a-t-elle constaté.
Si elle bénéficiait du soutien d'une grande partie des siens, l'ex-candidate à la présidentielle de 2007 suscitait également des critiques de ceux estimant qu'après "15 ans passés avec le couple François Hollande/Ségolène Royal", il était temps de changer. 
Le chef de file des écologistes, Yannick Jadot, a rejeté le 21 décembre la proposition de Mme Royal d'être numéro deux sur une liste qu'il conduirait, et laissé sans réponse mercredi un message d'un de ses proches, le député Guillaume Garot.
Celui de Générations, Benoît Hamon, a fermé la porte lundi à une alliance avec le PS, tant qu'il siège avec le PSE (Parti socialiste européen), un parti qu'il qualifie de "supplétif des conservateurs" au Parlement européen.
Interrogée sur ces fins de non-recevoir, Mme Royal a estimé que MM. Jadot et Hamon auraient des "comptes à rendre (...) si au lendemain des élections européennes nous avons un chaos au niveau du Parlement européen, une forte montée en puissance des nationalismes".
"Oui Ségolène Royal, j’aurai des +comptes à rendre+ pour défendre l’écologie et l’Europe. Justement! Nous devons à nos concitoyens clarté, constance et cohérence pour défendre une Europe solidaire et écologique", a rétorqué M. Jadot sur Twitter.
 

- Faure "seul et sans solution" -

 
Dans le camp de Mme Royal, sa décision a bien sûr suscité de la "déception", sans être totalement une surprise. "Ségolène Royal s'est fait la conviction qu'il y allait y avoir six listes sur un espace représentant 20% des voix ! C'est un peu désespérant...", a commenté un de ses proches.
Le PS, le PCF, Générations, EELV, la France insoumise mais aussi Génération écologie, les Radicaux de gauche et le NPA ont d'ores et déjà annoncé leur intention de présenter des candidats le 26 mai 2019.
"Ce qui intéresse Ségolène Royal, c'est 2022", croit savoir un sénateur PS. "Si elle mène ce combat pour finir à 7%, elle est hors-jeu pour la présidentielle", décrypte-t-il.
Pour le PS, "c'est retour à la case départ en pire !", se lamente ce sénateur, qui en veut au premier secrétaire du PS Olivier Faure de ne pas avoir soutenu la candidature du commissaire européen Pierre Moscovici. Maintenant, "Olivier Faure est obligé de sortir du bois", assène-t-il.
Même son de cloche du côté du sénateur Patrick Kanner: "la solution logique et classique, c'est désormais Olivier Faure", assure-t-il.
Une ancienne ministre socialiste ne croit pas à cette solution. "Ce n'est pas dans l'intérêt de la liste, du parti, de Faure. Il n'y a que des arrière-pensées chez ceux qui disent cela", assure-t-elle, les rivaux de M. Faure pouvant espérer son échec pour mieux reprendre en main le parti.
Pour cette source, le PS "ne doit pas être obsédé par la notoriété de (sa) tête de liste", alors que le RN et LFI "ont mis en tête de liste de jeunes inconnus". Les sortants Eric Andrieu et Christine Revault d'Allones ont déjà fait part de leur disponibilité.
L'épisode met en tout cas en lumière la faiblesse du Parti socialiste, qui court le risque de ne pas même dépasser les 5% de voix nécessaires pour envoyer des députés européens à Strasbourg. "Le PS est en plein désarroi, il est prêt à se donner au premier qui veut le prendre", déplore cette ancienne ministre. Quant au premier secrétaire, "il est seul et sans solution, comme prévu : un champion", raille un ténor.
Contacté par l'AFP, M. Faure n'avait pas réagi vendredi à la mi-journée.

le Vendredi 11 Janvier 2019 à 05:17 | Lu 213 fois