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Entre Bugarach et Rennes-le-Château, la fin du monde reconnaîtra les siens


Entre Bugarach et Rennes-le-Château, la fin du monde reconnaîtra les siens
RENNES-LE-CHATEAU (France), 20 déc 2012 (AFP) - Les gens veulent du mystère, du vrai et qui dure? Pas jaloux de leurs voisins de Bugarach, amusés ou un rien condescendants, les habitants de Rennes-le-Château sont confiants que, passée l'actuelle frénésie, les amateurs de mysticisme se souviendront que le véritable frisson, certifié depuis un siècle, il est chez eux.

A l'entrée du minuscule village perché de la haute vallée de Aude, d'où l'on pourrait apercevoir le majestueux pic de Bugarach si une brume épaisse ne recouvrait pas le paysage, un panneau annonce la couleur aux visiteurs friands d'histoire(s) et de légendes: interdiction de creuser des trous pour rechercher l'insaisissable magot de l'abbé Béranger Saunière.

Le prêtre, mort en 1917, a emporté son secret dans la tombe. Personne ne connaît l'origine de la fortune subite grâce à laquelle il fit procéder à des travaux extravagants: rénovation de l'église, tour néo-gothique, villa, parc et jardins.

L'énigme attire chaque année 150.000 visiteurs du monde entier dans le village de 65 habitants. Alors son maire n'est pas inquiet de la renommée soudaine de Bugarach, où les illuminés se font toujours attendre.

"Les gens ne viennent pas ici par hasard, ils viennent pour rêver, et ça va continuer", dit Alexandre Painco, qui prédit à Bugarach un succès "éphémère".

La route qui mène au village est un cul-de-sac, et quand ils se rendent à Rennes-le-Château, "les gens savent bien ce qu'ils viennent chercher", ajoute-t-il, "mais ça n'a rien à voir avec des petits hommes verts. L'abbé Saunière a bel et bien existé, a bel et bien créé ce qu'il a créé et a bel et bien trouvé l'argent quelque part. Où? Personne ne le sait et on ne veut pas le savoir car cela tuerait le rêve".

La bonne fortune de l'abbé a inspiré plus de 500 romans, thèses ou essais, au rang desquels le Da Vinci Code de l'Américain Dan Brown. Elle est expliquée pêle-mêle par le trésor des Wisigoths, celui des hérétiques cathares, l'Arche de l'alliance ou encore le fruit d'un chantage: l'abbé aurait monnayé avec l'Eglise des documents sur la descendance supposée du Christ et de Marie-Madeleine.

"Saint Bugarach priez pour nous !", s'exclame Béatrice, une habitante qui n'en peut plus d'entendre parler de ce Bugarach où il faudrait être pour échapper à la fin du monde vendredi. Là-bas, "il ne se passe rien et ça fait deux ans que ça dure".

Elle trouve "pathétique" que les journalistes qui ont pris Bugarach d'assaut fondent sur les rares illuminés présents pour les livrer en pâture au public. "Ce sont des gens marginaux qui ne font que chercher autre chose".

Les habitants sont prompts à défendre leur privilège et en veulent pour preuve que le village a, contrairement à Bugarach selon eux, beaucoup à offrir aux touristes, avec son musée, son église, ses librairies.

"Rennes-le-Château, c'est comme un papier tue-mouche: on y greffe tout, l'ésotérisme, le catharisme, les soucoupes volantes, le symbolisme, la franc-maçonnerie", explique Nicolas Miecret, le gérant de l'Atelier empreinte, une librairie qui fait une large place aux 500 ouvrages suscités.

Les illuminés, Rennes-le-Château les laissent volontiers à Bugarach. Même s'il ne manque pas dans le coin de "peluts" et de "paillas", comme on appelle ici les marginaux tendance ésotérique.

"Le nombre d'allumés qu'il y a dans le coin !", souffle Jacky, qui habite le village depuis 1988. "J'en ai vu des types avec des pendules ou qui ont vu des soucoupes volantes".

Il se raconte au village qu'un pianiste britannique, qui s'est fait une spécialité de saisir en musique "l'être" des clients dans un des restaurants locaux, a eu à faire en un seul été à plus d'une centaine de visiteuses prétendant être des réincarnations de Marie-Madeleine.

Tout ce qui se dit à Rennes-le-Château n'est cependant pas parole d'évangile: Thierry Thys, "ufologue" de son état, et son fils sont bel et bien arrivés là fortuitement parce qu'ils ont été empêchés par les gendarmes de grimper sur le pic de Bugarach. Mais ils ne sont pas déçus de ce qu'ils y ont trouvé: "C'est intéressant tout ça".

ev/lal/df

Rédigé par Par Emmy VARLEY le Jeudi 20 Décembre 2012 à 07:57 | Lu 1015 fois