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En Guadeloupe, les plages rouvrent sans touriste, comblant un besoin "presque vital" des habitants


Le Gosier, France | AFP | jeudi 21/05/2020 - "C’était presque vital parce que ça fait partie de notre culture", savoure Yocendri, 32 ans, les pieds dans l'eau, venue avec ses enfants profiter dès l'aube de la réouverture de la plage, sans touriste, de Petit-Havre au Gosier, en Guadeloupe, après deux mois de confinement.

Trois bateaux de pêcheurs colorés, une eau limpide pour les baigneurs, avec en toile de fond, la Basse-Terre et le volcan de la Soufrière, la carte postale a repris vie dès les premières lueurs du jour. 

"A tout moment de l’année on peut aller prendre un petit bain pour se ressourcer, se rafraichir, même en sortant de l'école, deux ou trois fois par semaine, alors rester comme ça, deux mois confinés c’était un peu difficile!", souligne la mère de famille en maillot de bain noir, ravie de "reprendre les bonnes habitudes".

La préfecture a annoncé mercredi que 19 communes de l’archipel pourraient rouvrir l'accès à la mer dès le jeudi de l'Ascension, et baigneurs, surfeurs ou marcheurs ont réinvesti avec bonheur "leur" plage.

Aux cris des pélicans se mêlent les conversations enjouées des habitués qui se retrouvent dans une eau à 28 degrés. Faute de pouvoir "stationner" sur la plage, et faire des châteaux de sable à l’ombre des résiniers, les enfants enfilent leurs brassards et barbotent dans la mer.

"C’était extraordinaire ce matin, on a pris notre pied !", s’exclame Roberta Popote, qui se rhabille déjà, à 6H00 du matin près de sa voiture, après sa baignade. "Je n’attendais que ça ! Je viens souvent trois fois par semaine".

Sa planche de surf sous le bras, Cyrille Exbrayat, 47 ans, découvre le nouveau panneau à l’entrée de la plage, indiquant notamment les horaires d’ouverture, de 6h30 à 11h30 et de 14h30 à 18h.  

"Mettre des horaires de fonctionnaire à une plage, ça me fait bien rire...des horaires de bureau !", déplore-t-il.

Pour Eliane, qui vient "chaque dimanche depuis 30 ans" avec son mari, Jacques, la seule chose qui va manquer encore "c’est le fait de ne pas pouvoir pique-niquer sur la plage parce que nous en Guadeloupe, on aime bien pique-niquer sur la plage".

Sans les touristes

Les carbets (abri couvert en bois mais sans mur, ndlr), habituellement bondés pour des déjeuners ou des anniversaires à même le sable, resteront en effet vides. Pas de bonnes odeurs de plats locaux ni d’enceintes lâchant les décibels pour mettre l’ambiance, car les rassemblements de plus de 10 personnes restent interdits.

Exceptionnellement, la fréquentation des plages sera aussi, pour au moins quelques semaines, 100% locale, avec l'arrêt des vols commerciaux et l’absence de touristes. Sa serviette sous le bras, Lucia  Roussas, habitante des Abymes, savoure le moment : "c’est plus calme sans les touristes. Et en même temps les touristes, pour l’économie ce n’est pas rien".

Pour Marie-Claire Laujin, 68 ans, s’ils reviennent, "il faudra leur dire de faire attention avec le Covid! Hélas quelquefois les touristes croient que c’est l’eldorado et ne respectent pas les consignes, ils ne pensent pas aux gens qui habitent là".

L'archipel guadeloupéen comptabilisait au 15 mai 155 cas cumulés de coronavirus et 13 décès.

Même joie mêlée de prudence pour Danick Petit, 55 ans, originaire de Terre-de-Bas, aux Saintes, île épargnée par le virus jusque là : "qu’il y ait des touristes ou non pour moi c’est pareil. Ca dépend des plages, certaines sont plus calmes que d’autres (...) quand même il faudra faire attention, respecter tout ce que l’Etat nous dit". Le quinquagénaire sourit, en dégustant une goyave au bord de l’eau. Pour lui,  ce jeudi, "la vie recommence !".

Mais sur le sable, quelques sargasses, toutes fraiches, étaient visibles, et pourraient gacher prochainement la fête. Ces algues qui dégagent quand elles échouent sur le rivage des émanations nauséabondes et toxiques, viennent de faire leur retour en masse sur certaines partie du littoral guadeloupéen. 

le Vendredi 22 Mai 2020 à 05:53 | Lu 316 fois