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En Guadeloupe, la plus jeune candidate au bac de France trouve que la philo, "c'est le plus facile"


Pointe-à-Pitre, France | AFP | mercredi 14/06/2017 - Après avoir effectué toute sa scolarité à la maison, la plus jeune candidate de France au bac 2017, Elsa Verhoye, 13 ans, passe mercredi, un jour avant la métropole, l'épreuve de philosophie, la "plus facile" selon elle.
"Je suis stressée par moment, je suis pressée d’y arriver, et en même temps, je suis calme", explique à l'AFP Elsa, qui passe un bac littéraire.
L'adolescente, qui habite dans un quartier difficile de Pointe-à-Pitre, où elle a déménagé pour le bac pour "suivre des cours de gym dans une école toute proche", travaille à son rythme: "En ce moment, 11 heures par jour, mais c'est irrégulier [...] Pour me détendre, je vais à la plage, je vais sur les réseaux sociaux." 
Si elle redoute "l'histoire-géo", elle ne craint pas du tout "la philosophie parce que c’est le plus facile, il n'y a rien à apprendre à part les auteurs et les citations".
Avec ses grandes lunettes, cette adolescente châtain, élancée, dit ne pas souffrir de son écart d’âge avec les autres candidats: "Déjà l’année dernière avec les épreuves anticipées, ça ne m’a rien fait du tout en fait, parce que souvent ils croient que j’ai 16 ans, que je suis plus grande." 
Dans sa chambre, rien n’évoque une adolescente de 13 ans: ni poster, ni photo, ni bibelot, juste des murs blancs, un lit, une armoire et un bureau recouvert de livres. 
Elsa adolescente solitaire? "Je n’ai pas d’amis de mon âge parce qu’ils sont bêtes à cet âge-là. Ils n'ont pas les mêmes goûts et habitudes que moi, on n’a pas les mêmes centres d'intérêts. Ils passent leur vie sur WhatsApp, moi je n’aime pas WhatsApp! Mes amis ont 18 ans le plus souvent."
 

- 'Le collège en deux ans' -

 
 
Enfant de parents divorcés, Elsa, originaire du Nord, vit depuis 10 ans avec sa mère en Guadeloupe. Sa maman, Zoubida Bechar, "ancienne enseignante, psychothérapeute et naturopathe", a arrêté de travailler pour lui faire la classe à la maison dès le CP. "Elle revenait de la maternelle, elle pleurait parce qu’elle n'avait rien appris, donc il a fallu s'adapter. Je n'ai pas eu le choix parce qu'elle n’a pas été autorisée à sauter des classes."
Finalement, "elle a fini le CP en 3 mois, de septembre à décembre. Elle a fini le CE1 en juin. L’année d’après, elle a fait le CE2. Elle a fini vers mars et en mars, elle m’a dit: +Maman, j’ai 3 ans d’avance, alors maintenant, je veux une année sabbatique.+"
Après avoir travaillé seulement "2 heures par jour pendant un an, elle a repris" sa scolarité à la maison et "elle a fait CM1, CM2 en une année. Après, elle a commencé la 6e. Aux trois quarts de la 6e, elle me dit que c’est trop facile et finalement, elle a fait le collège en 2 ans".
"C'est moi qui lui créais les cours de manière à ce que ce soit adapté à son rythme. J'ai constitué des cahiers de leçons, d'exercices. Parfois, j’ai créé des pages et des pages d’exercices et elle n’en avait pas besoin", précise la maman d'Elsa, qui se présente comme "une enfant de la DDASS", "autodidacte", n'ayant "pas eu la chance de faire les études [qu'elle] voulait".
Avec un QI de "146", Elsa a obtenu, lors des épreuves anticipées du bac, 9/20 à l'épreuve écrite de français, 16/20 à l'oral, et 11/20 en sciences.
Si elle obtient son bac, elle souhaite aller étudier à Montpellier en licence d'audiovisuel "pour faire du montage" parce que "c’est un métier facile" qui lui permettrait de "se détendre et faire ce [qu’elle] aime à côté, comme poster des vidéos sur YouTube".
"J’aimerais un métier où je ne m’investis pas trop, comme un loisir [...] un métier, c’est seulement pour vivre, on ne travaille pas pour travailler!"

le Jeudi 15 Juin 2017 à 04:14 | Lu 791 fois