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En Bosnie, le forgeron doit savoir ferrer son œuf


Kreševo, Bosnie-Herzégovine | AFP | jeudi 18/04/2019 -Un maître-forgeron de Kresevo digne de ce nom doit savoir... ferrer un œuf. Sans le casser. Un savoir-faire séculaire de ce village de Bosnie centrale que Stjepan Biletic entend faire reconnaître par l'Unesco.

"C'est le plus beau cadeau qu'on puisse offrir à un ami, à un voisin, à sa petite fille, à son épouse. Par exemple, si j'y ajoute un cœur, quoi de mieux pour offrir à son épouse?", demande le septuagénaire.

Les amateurs de football peuvent préférer en acheter un aux couleurs de leur club favori, les Croates du Hajduk Split ou les Sarajeviens de Zeljeznicar.

Lorsque la fête de Pâques approche, l'affluence augmente dans son petit atelier, installé dans ce village de 5.300 habitants, dont près de 80% de catholiques croates.

Mais il travaille toute l'année. Ses œufs ferrés, il les vend 3 à 7,5 euros pièce, de quoi arrondir ses fins de mois d'instituteur en retraite. Mais plus que l'argent, il veut faire perdurer une tradition dont il entend faire reconnaître la valeur.

Né au XVIIIème siècle, cette épreuve était destinée à vérifier la minutie et la virtuosité des apprentis-forgerons.

"L’œuf ferré était à l'époque analysé par des maîtres. S'il restait intact, si la coquille n'était pas abîmée, ils tendaient la main à l'apprenti pour le féliciter" et l'accueillir dans la confrérie, raconte cet artisan de 71 ans. "C'était son diplôme, il devenait +docteur+ de son métier", ajoute-t-il.

A l'époque, l'opération se faisait avec du fer. Dans son atelier, Stjepan Biletic utilise du plomb, métal plus souple.

Le ferrage des œufs est inscrit sur la liste indicative proposée par la Bosnie à l'Unesco, pour être éventuellement inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel.

Rédigé par () le Jeudi 18 Avril 2019 à 06:30 | Lu 1006 fois