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En 2024, l'économie locale a gardé le cap


Crédit photo : Archives TI.
Crédit photo : Archives TI.
Tahiti, le 8 juillet 2025 - En 2024, l’économie polynésienne a confirmé sa reprise, portée par le tourisme et le bâtiment. Mais derrière ces bons résultats, le rapport annuel économique de l’IEOM pointe des fragilités : déséquilibre commercial, tensions sociales et incertitudes internationales.
 
En apparence, tout va bien. En 2024, l’économie polynésienne a poursuivi sa remontée après les années Covid. Le tourisme, toujours en tête de gondole, a franchi un nouveau cap avec 264.000 visiteurs, soutenu par un boom des croisières. Le bâtiment, porté par les préparatifs des Jeux du Pacifique 2027 et les câbles sous-marins installés par Google, tourne à plein régime. L’inflation, elle, s’est calmée. Et le chômage continue de reculer. Sur le papier, la Polynésie française navigue en eaux calmes.
 
Mais derrière cette apparente sérénité, les zones grises s'accumulent. Le très complet rapport annuel économique de l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM), publié ce mardi, lève le voile sur une réalité moins reluisante.
 
Les exportations et les crédits s'écroulent
 
Premier signal : les exportations s’écroulent. Après un sursaut spectaculaire en 2023 – grâce aux perles polynésiennes soudainement prisées en Chine – les ventes à l’international retombent lourdement. Le taux de couverture des importations par les exportations replonge à 5%, et le commerce extérieur dans son déséquilibre habituel. En somme, le Fenua importe beaucoup, mais vend peu. Résultat, il reste sous perfusion économique.
 
Même son de cloche du côté des banques. Les crédits accordés aux entreprises chutent, les projets d’investissement marquent le pas. Au total, la production de crédits chute de 18%, tous segments confondus. Seuls les ménages tirent encore la consommation, en contractant davantage les vicieux crédits à la consommation.
 
Autre motif d’inquiétude : le climat social. Grèves contre la vie chère, tensions salariales, grogne rampante dans la fonction publique… L’année 2024 a été agitée et 2025 n'est guère mieux embarquée.
 
Le risque de la dépendance américaine
 
Et puis, il y a les risques que personne ne maîtrise : la dépendance aux États-Unis, dont les touristes représentent près de 40% de la clientèle, et où l’élection d’une nouvelle administration pourrait bouleverser les équilibres. L'industrie touristique locale vacille devant une hypothétique récession américaine, ou un dollar affaibli.
 
En somme, selon le rapport de l'IEOM, l’économie polynésienne tient debout, mais il y a des signaux faibles que l’on aurait tort de prendre à la légère.

 

Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 8 Juillet 2025 à 17:19 | Lu 813 fois