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"Embrasse-moi si tu m'aimes" : Mareva Georges prend la défense des vahine


Mareva Georges se confie sur son rôle d'ambassadrice des droits des femmes qui lui tient à cœur. (Photo : Grégory Boissy)
Mareva Georges se confie sur son rôle d'ambassadrice des droits des femmes qui lui tient à cœur. (Photo : Grégory Boissy)
FAA'A, le 26 janvier 2016 - Les vahine montent au front pour dénoncer la violence faite aux femmes dans un clip vidéo intitulé Embrasse-moi si tu m'aimes. En première ligne, parmi la gent féminine qui s'est impliquée dans ce projet, notre superbe Mareva Georges ! Sensible à cette cause, Miss Tahiti 1990 et Miss France 1991 s'est confiée sur son rôle d'ambassadrice.


"La violence faite aux femmes est de plus en plus banalisée, ce n'est pas normal !" s'insurge Silvy Deschamps, responsable de la communication et membre actif de Vahine Orama. Cette association, devenue une fédération, a été créée en 2003 par Sandra Levy-Agami – qui en est toujours la présidente d'honneur – et œuvre en Polynésie française pour permettre aux femmes d'exercer leurs droits et d'être accompagnées face à leurs difficultés quotidiennes, tant familiales que professionnelles. C'est pour "lutter contre les comportements sexistes et sensibiliser notamment les jeunes qui se mettent en couple dès leur plus jeune âge" que Silvy Deschamps a eu l'idée d'un clip vidéo pour dénoncer cette réalité et inciter les victimes à en parler, sans tabou. Elle tient à "remercier toutes les femmes qui ont participé avec une totale confiance en nous, et surtout avec un engagement très fort pour défendre les droits de la femme".

Embrasse-moi si tu m'aimes a été produit par Blackstone Productions, et c'est Moana Louis qui est à la fois auteur des paroles, co-compositeur de la musique et réalisateur. Il explique : "L'objectif est de fédérer la population autour d'une cause commune." Tourné en décembre 2015, le clip a été finalisé samedi dernier et a enregistré 3 500 vues en à peine 24 heures (plus de 6 000 hier). Une quinzaine d'interprètes chantent sur ce morceau : Sabrina Laughlin, Mimifé, Talou, Moya... et pas moins de trente personnalités du fenua sont intervenues, dont Mareva Georges, qui a été touchée par "la profondeur du message" (lire son interview ci-contre).

DES CHIFFRES ALARMANTS

Ce beau projet est né à la suite de l'appel d'offres lancé par le ministère des Droits des femmes (dirigé à l'époque par Najat Vallaud-Belkacem), porté par le Haut-commissariat et remporté par Vahine Orama. De fait, la fédération doit répondre à trois exigences : la formation d'une centaine de référents Vahine Orama, la mise en scène de saynètes théâtrales improvisées dans les établissements scolaires sur le thème de la violence faite aux femmes, et la réalisation d'un clip et de flyers. Silvy Deschamps confirme bien avoir reçu "une subvention de l'État français", mais s'interroge sur "l'engagement du Pays : cela fait plus d'un an que nous attendons, et nous n'avons toujours pas reçu d'aide"…

Si le sujet mérite une prise de conscience collective urgente, c'est que les chiffres sont alarmants et laissent sans voix. En 2014, 1 207 femmes ont été victimes de violences et 117 ont subi des "violences sexuelles" selon les statistiques communiquées par le Haut-commissariat, qui rappelle en outre que "chaque jour, en Polynésie, plus de trois femmes sont victimes d’un acte violent". Et c'est sans compter "le chiffre noir", souligne Silvy Deschamps, "celui des femmes qui ne portent pas plainte". Et d'ajouter : "La violence commence toujours par les mots, il est important que les femmes soient respectées et refusent la violence, même psychologique. Il ne faut pas avoir honte d'en parler." Outre les bénévoles de Vahine Orama, d'autres structures existent pour "protéger les femmes et mettre leurs enfants à l'abri si nécessaire" comme la Direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPDJ), l'Association polyvalente d'actions judiciaires (APAJ) emmenée par Cécile Moreau, les médecins, les gendarmes, les pompiers, etc. ainsi que les ami(e)s, ou encore la famille. Alors, n'hésitons plus et mettons tous ensemble un terme aux déviances physiques et/ou sexuelles. Stop à la violence, respectons les vahine !

Les numéros utiles

Vahine Orama Moorea : 87 38 02 73 (Lucie)
Vahine Orama Tahiti Iti : 87 38 02 74 (Marie-Noëlle)

L'APAJ - Te Rama Ora
Association d'aide aux victimes de violences
Contact : 40 43 20 41 ou 87 79 21 12

Police Secours : 17

Mareva Georges en famille, avec son tane Paul Marciano et ses deux enfants Ryan et Gia. (Photo : DR)
Mareva Georges en famille, avec son tane Paul Marciano et ses deux enfants Ryan et Gia. (Photo : DR)
Mareva Georges : "Dans un couple, il faut surtout communiquer"

Mareva Georges, Miss Tahiti 1990 et Miss France 1991, est restée dans le cœur de tous les Polynésiens bien qu'elle habite aujourd'hui à Los Angeles et qu'elle se soit éloignée des podiums. Aux côtés du créateur de la marque Guess, Paul Marciano, depuis douze ans et mère de deux enfants (Ryan, 10 ans, et Guia, 3 ans), c'est pour une toute autre cause qu'elle revient sous les feux des projecteurs. Elle est désormais engagée dans la lutte pour les droits des femmes et ceux des enfants. Rencontre.

C'est la première fois que vous apparaissez dans un clip ? Comment était l'ambiance ?
"Quand j'étais plus jeune, j'ai participé à un clip d'Andy Tupaia, Roucouler Ukulele. Pour Embrasse-moi si tu m'aimes, je suis tombée tout de suite amoureuse de la mélodie et j'ai été touchée par la profondeur du message. Silvy Deschamps m'a contactée en octobre dernier et cela tombait bien car je devais venir à Tahiti en décembre pour des projets personnels. Lors du tournage, l'ambiance était très conviviale ; j'étais avec Hanalei Reponty ainsi que ma nièce de 11 ans, Anavaitea."

La défense des droits des femmes est une cause qui vous tient à cœur ?
"Oui, c'est une cause très importante, il faut qu'il y ait une prise de conscience, une réflexion collective. Je ne veux pas lancer la pierre ni aux hommes ni aux femmes, nous sommes tous responsables dans un couple, nous sommes deux, et il faut surtout communiquer, écouter l'autre. L'amour est là, après c'est une question de respect. Il faut gérer ses émotions. Par ailleurs, lorsqu'une crise verbale commence, il est bon de prendre du recul et retrouver la sérénité pour mieux discuter ensuite. Je salue cette belle initiative de Silvy Deschamps qui est très active et je félicite aussi certaines femmes politiques comme Maiana Bambridge ou Armelle Merceron. Il est temps de mettre en place des stratégies à long terme, afin de préserver aussi notre destination touristique."

Vous œuvrez également pour les enfants ?
"Tout à fait, je suis en outre sensible à la cause des enfants battus, maltraités et abusés. J'œuvre par exemple pour l'école de mes enfants, Center For Early Education, qui va fêter ses 75 ans. Nous sollicitons de très grands groupes afin de lever des fonds et améliorer le sort des élèves. En effet, grâce aux généreuses aides, 100 élèves sur 500 ont une bourse. Par ailleurs, je suis membre du conseil d'administration de l'association VIP, sur Griffin Avenue, qui s'implique pour les ados de 12 à 19 ans. On leur offre un centre d'accueil, un encadrement avec des psy, etc."

C'est un sujet qui vous touche particulièrement en tant que maman ?
"Aujourd'hui, mes enfants sont clairement ma priorité et je souhaite les élever en leur donnant le meilleur mais en leur montrant aussi que tout n'est pas rose. Je souhaite leur véhiculer des valeurs d'entraide, de partage… L'environnement est aussi une cause qui me préoccupe, et j'ai été sensible également aux cas des sans domicile fixe, cela démontre un certain mal-être grandissant."

Quelles solutions peut-on envisager selon vous ?
"Je pense que c'est en premier lieu l'éducation des parents qui doit primer, puis c'est à l'école d'apprendre à nos enfants le civisme, le respect des règles premières. Et puis, parfois, une expérience négative peut devenir une force, c'est le cas d'une de mes connaissances qui a été victime d’un viol et qui s'exprime maintenant dans l'écriture. Dans tous les cas, il faut continuer à se battre et ne surtout pas s’isoler."

Quel est votre sentiment sur l'évolution de nos sociétés ?
"C'est vrai que l’on vit de nos jours, notamment aux États-Unis, dans un état de peur, tandis qu'ici, il y a un sentiment d'être préservé. Parfois, j'ai envie de revenir au fenua. Je rentre régulièrement ici pour me ressourcer, trois fois par an en moyenne. Nous revenons en famille en mars prochain. La mer est une thérapie incroyable ! Mes enfants baignent toujours dans la culture polynésienne, je les initie à la musique locale et à la danse tahitienne. Ma fille s'habille en pareu et roule même les "r" !" (Rires.)

Quels sont vos projets ?
"J'aimerais lancer une marque de produits cosmétiques à base de mono’i aux États-Unis, c'est mon rêve. Parmi mes autres buts, j'ai envie d'ouvrir une école de 'ori tahiti à Beverly Hills. Et puis, nous songeons à nous marier prochainement, Paul et moi…"

Le clip a enregistré 3 500 vues en à peine 24 heures (plus de 6 000 hier).
Le clip a enregistré 3 500 vues en à peine 24 heures (plus de 6 000 hier).


Rédigé par Dominique Schmitt le Lundi 25 Janvier 2016 à 18:00 | Lu 5813 fois