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Elevage porcin à Taravao : chacun campe sur ses positions


Des opposants à l'élevage porcin se sont également réunis devant la mairie de Taiarapu Est.
Des opposants à l'élevage porcin se sont également réunis devant la mairie de Taiarapu Est.
TARAVAO, le 27 juillet 2018. Pendant plus de deux heures, une rencontre a eu lieu ce vendredi matin entre des représentants de la SCEA Polycultures, le collectif hostile à l'élevage porcin sur le plateau de Taravao et des représentants des communes de Taiarapu Est et Taiarapu Ouest. Chacun est resté sur ses positions à l'issue de cette réunion. Le collectif se tourne maintenant vers le gouvernement.

Les membres du collectif hostile au projet d'installation d'un élevage de 1844 cochons sur le plateau de Taravao ont été les premiers à sortir de la réunion qui a rassemblé ce vendredi matin des représentants de la SCEA Polycultures, des membres du collectif et des représentants des communes de Taiarapu Est et Taiarapu Ouest. Si de tous les côtés, on est plutôt satisfaits qu'une rencontre ait pu avoir lieu, chaque camp est resté sur ses positions. "Je n'ai pas été convaincue. Je reste sur ma position. C'est un non catégorique. Ils ne vont pas polluer cette terre", insiste Laiza Pauteha. "Des Bretons nous disent de ne pas nous laisser faire. Pendant la réunion, un technicien nous a dit : 'c'est l'accumulation des porcheries qui ont pollué les côtes bretonnes. Ici, il y en aura qu'une seule'. Industrielle bien sûr. Êtes-vous sûrs qu'il n'y en aura pas d'autres après ? Nous, les Polynésiens, n'allons pas nous laisser faire."

Pour continuer à porter leurs revendications, le collectif se tourne désormais vers le gouvernement. Certains de ses membres seront reçus la semaine prochaine par le ministre de l'Economie verte, Tearii Alpha, et la ministre du Tourisme Nicole Bouteau.
Le 19 juillet, la consultation de l'étude d'impact sur l’environnement sur la réalisation d'un élevage porcin sur le domaine Hiupe a été close. Le fait que l'affichage annonçant cette étude n'avait pas été étendu à la commune de Taiarapu Ouest a ému les habitants de la commune, qui se sentent concernés par les impacts possibles de cet élevage.
Pendant la réunion, il a été précisé que l'enquête de commodo et incommodo cette fois pour l'exploitation de la porcherie, un établissement de première classe, sera étendue à la commune de Taiarapu Ouest et devrait durer 45 jours avec l'accompagnement d'un commissaire enquêteur.

Alors que le conseil municipal de Taiarapu Ouest s'est positionné contre le projet d'élevage porcin, le maire de Taiarapu Est reste pour le moment neutre. "On est dans une démarche participative. Il faut être éclairés et voir si le projet en définitif est viable et vivable. Le conseil prendra la décision en fonction de tout cela", a souligné le tavana Anthony Jamet.

A la sortie de la réunion, Eric Coppenrath, vice-président du syndicat des éleveurs de porcs et élu de la chambre d'agriculture de Polynésie française, a souligné : "Une porcherie est une installation de première classe. Elle doit respecter un cahier des charges. Elle ne peut pas faire tout et n'importe quoi. Elle est obligée de prendre des mesures et de faire des constructions respectant les normes."

Selon la SCEA Polycultures, "l'élevage porcin permettra la création de deux postes (24h/24, 7 j/7) soit cinq emplois directs créés sur la presqu'île, ainsi que 10 à 15 emplois indirects créés (abattoir, livreurs, maintenance, distribution ...). Enfin, les travaux (380 millions de Fcfp) seront réalisés par des entreprises et des salariés de la presqu'île".

Martine Landé, membre du collectif opposé à l'élevage porcin

"Il faut se mobiliser"

Que retenez-vous de cette rencontre ?
"Ils ne nous ont pas affirmé qu'il y aurait un risque zéro pour l'environnement. Voilà surtout le problème. Aujourd'hui, je voudrais m'adresser à la population de Tahiti. Vous avez tous des amis de passage. Vous venez tous vous promener à la presqu'ile. Si vous voulez encore profiter d'un lagon qui soit couleur lagon et d'un plateau qui soit 'odeur plateau'. Il faut se mobiliser et faire partie du collectif et signer les pétitions.
Je voudrais aussi m'adresser au président du Pays et, éventuellement, à l'Etat. Pour une fois, on aimerait bien qu'ils privilégient les intérêts publics plutôt que les intérêts privés d'un promoteur."

Eric Coppenrath, vice-président du syndicat des éleveurs de porcs et élu de la chambre d'agriculture de Polynésie française

" C'est une porcherie qui viendra consolider la filière"

On est favorable à 'l'installation de nouvelles porcheries. Actuellement on satisfait seulement 24% des besoins. Aujourd'hui, il y a 900 truies qui fournissent le cheptel porcin. Ces centres qui viendront s'installer ne viendront pas déstabiliser le marché. C'est une porcherie qui viendra consolider la filière porcine.

Le collectif craint une pollution par le lisier. Que leur répondez-vous ?
Une porcherie est une installation de première classe. Elle doit respecter un cahier des charges. Elle ne peut pas faire tout et n'importe quoi. Elle est obligée de prendre des mesures et faire des constructions respectant les normes.
Comme on disait lors de la réunion, le risque zéro n'existe pas. Mais on fait tout pour ne pas avoir de désagrément par rapport à l'environnement.
Il y a des normes d'éloignement par rapport aux habitations, qui vont réduire au maximum ces risques.
Je suis éleveur porcin. On est dans un relief, où il y a du hupe le soir qui amène les odeurs en contrebas mais on utilise aussi des micro-organismes qui vont diminuer ces nuisances olfactives.
Moi je suis sur un élevage de 70 truies. Cet élevage porcin aura 100 truies. Il sera amené aussi à utiliser ces micro-organismes pour réduire ces nuisances olfactives. C'est quelque chose qui est gérable. J'habite en contrebas de la porcherie de mon père. On a des voisins qui nous appellent des fois quand le hupe est assez fort et descend vers le contrebas mais dès le lendemain on fait un ensemencent de micro-organismes qui réduit considérablement l'odeur.
Ce n'est pas notre intérêt de polluer. Notre intérêt c'est de produire et de respecter les normes environnementales.

Anthony Jamet, maire de Taiarapu Est

"Il faut voir si le projet est viable et vivable"

"La réunion s'est déroulée dans le respect d'autrui. C'est vrai que du côté du collectif cela a été assez passionné. Mais il faut les comprendre. Ce sont des personnes qui se sentent directement touchées par le projet.
Il y avait des représentants du promoteur, mais aussi de la chambre d'agriculture et le représentant de la coopérative des producteurs. Cela a permis d'enrichir la discussion. Mais si c'était un débat contradictoire, cela n'a pas modifié la posture du collectif. Il y a encore des questions auxquelles il faut répondre. On a compris que dans la programmation, il y aurait une deuxième étape avec une enquête de commodo et incommodo pour un établissement de première classe.
Cette enquête sera étendue à la commune de Taiarapu Ouest et devrait durer 45 jours avec l'accompagnement d'un commissaire enquêteur qui viendrait éclairer les opposants à ce projet.

Le collectif attendait aussi que vous vous positionniez, cela n'a pas été le cas.
Le conseil municipal de Tairapu Est s'est déjà positionné. En ce qui nous concerne, on est dans une démarche participative. Il faut être éclairé et voir si le projet en définitif est viable et vivable. Le conseil prendra la décision en fonction de tout cela."








Rédigé par Mélanie Thomas le Vendredi 27 Juillet 2018 à 16:19 | Lu 3403 fois