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Effroi et colère après la décapitation d'un prof d'histoire, neuf personnes en garde à vue


Conflans-Sainte-Honorine, France | AFP | samedi 17/10/2020 - Neuf personnes se trouvaient samedi en garde à vue au lendemain de la décapitation dans les Yvelines d'un enseignant qui avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, un "attentat islamiste caractérisé", selon les mots d'Emmanuel Macron, qui suscite effroi et colère dans tout le pays.

Un hommage national sera rendu à ce professeur d'histoire-géographie, a annoncé samedi l'Elysée.

L'assaillant, tué par la police peu de temps après l'attaque, est un jeune Russe tchétchène de 18 ans, né à Moscou. Il était arrivé en France mineur, avec ses parents qui ont obtenu le statut de réfugiés il y a dix ans, selon des sources proches du dossier.

Vendredi vers 17H00, il a décapité un professeur d'histoire-géographie à proximité du collège où il enseignait dans un quartier calme de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), avant d'être tué par des policiers à 200 mètres de là.

Connu pour des antécédents de droit commun, son casier judiciaire était toutefois vierge et il n'était pas connu des services de renseignement pour radicalisation, selon plusieurs proches du dossier.

Ses parents, son grand-père et son petit frère ont été interpellés à Evreux (Eure) dans la nuit de vendredi à samedi. Selon une source judiciaire, cinq autres personnes ont également été arrêtées, dont un père d'élève du collège.

Il s'agit de l'homme qui s'était indigné, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, que l'enseignant ait montré des caricatures de Mahomet "nu" pendant un cours dans la classe de 4e de sa fille. 

C'est "manifestement" aussi lui qui avait porté plainte contre le professeur la semaine dernière, selon une source proche du dossier. L'enseignant avait en réponse porté plainte pour diffamation.

"Obscurantisme"

Selon Rodrigo Arenas, coprésident de la fédération de parents d'élèves FCPE, la victime avait "invité les élèves musulmans à sortir de la classe" avant de montrer, dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression, un dessin du prophète accroupi avec une étoile dessinée sur ses fesses et l'inscription "une étoile est née".

Trois autres personnes de l'entourage "non familial" de l'assaillant ont également été interpellées, selon une source judiciaire.

La décapitation de cet enseignant a provoqué une onde de choc. "Ils ne passeront pas. L'obscurantisme ne gagnera pas", a martelé dès vendredi soir Emmanuel Macron devant le collège du Bois d'Aulne.

Un Conseil de défense, présidé par le président de la République, doit se tenir durant le week-end, a-t-on appris de source proche de l'exécutif.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, a adressé ses "pensées" aux enseignants "en France et partout en Europe". "Sans eux, il n'y a pas de citoyens. Sans eux, il n'y a pas de démocratie".

Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a reçu dans la matinée avec le Premier ministre Jean Castex les syndicats d'enseignants à son ministère. Dans un message vidéo "à tous les enseignants" du pays, il leur a promis que l'Etat serait à leurs côtés pour les "protéger".

"Nos enseignants continueront à éveiller l'esprit critique des citoyens de la République, à les émanciper de tous les totalitarismes et de tous les obscurantismes", a martelé Jean Castex sur Twitter.

Le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard doit faire un premier point de l'enquête devant la presse samedi à 15H00.

Les enquêteurs s'intéressent notamment à un message qui pourrait avoir été posté par l'assaillant sur un compte Twitter désormais fermé, montrant une photo de la tête de la victime.

 "Tellement violent"

Son auteur s'adresse à Emmanuel Macron, qualifié de "dirigeant des infidèles", et dit avoir vouloir venger celui "qui a osé rabaisser Muhammad". L'assaillant avait crié "Allah Akbar" avait d'être tué.

Samedi matin à Conflans-Sainte-Honorine, quelques roses blanches ont été déposées à l'entrée du collège de ce quartier pavillonnaire.

Le professeur, Samuel Paty, un quadragénaire père de famille connu pour son investissement auprès de ses élèves, était "très apprécié", a assuré Armelle, dont le fils de 13 ans fréquente le collège.

"C'est tellement violent qu'on y croit toujours pas, même ce matin", a dit à l'AFP Monique Coquet, 76 ans, qui habite en face de l'établissement.

L'attentat a soulevé une vague d'indignation dans la classe politique, tous bords confondus. A l'Assemblée nationale, les députés se sont levés pour "saluer la mémoire" du professeur et dénoncer un "abominable attentat".

"Face à ceux qui cherchent une raison à ce crime ignoble en évoquant les caricatures du prophète de l’Islam, nous réaffirmons que rien, absolument rien, ne saurait justifier l'assassinat d’un Homme", a réagi sur Twitter le Conseil français du culte musulman (CFCM).

Cette attaque survient trois semaines jour pour jour après l'attentat au hachoir perpétré par un jeune Pakistanais devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, qui a exprimé sur Twitter "son sentiment d'horreur et de révolte".

La vague d'attentats jihadistes sans précédent amorcée en 2015 en France a fait 259 morts avec celle de ce professeur.

le Samedi 17 Octobre 2020 à 05:03 | Lu 1731 fois