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Édouard Fritch promet un nouveau centre-ville de Pirae pour 2027


Tahiti, le 24 septembre 2025 - La commune de Pirae a organisé, ce mercredi dans ses locaux, une réunion d'information quant à ses futurs projets structurants. Parmi eux, celui du tant attendu nouveau centre-ville qui devrait sortir de terre au niveau de l'actuel marché municipal et ses alentours. Annoncé pour 2027, le projet suscite néanmoins quelques questions chez les promoteurs immobiliers, notamment en termes de délai.
 
Ce mercredi, le maire de Pirae, Édouard Fritch, organisait une réunion d'information présentant les différents projets structurants à venir de la ville de Pirae. L'occasion pour le tāvana de lever le rideau sur un projet attendu de longue date : celui du nouveau centre-ville de Pirae qui devrait s'étendre de l'actuel marché municipal au parking de Aorai Tini Hau. Un projet qui devrait voir le jour, selon l'équipe municipale actuelle, au deuxième trimestre 2027 “si tout se passe bien”. Concrètement, ce nouveau “poumon économique” table sur la création d'un centre multifonctionnel comprenant le nouveau marché municipal (1.800 m2), une maison pour tous (940 m2), un centre événementiel modulable (1.900 m2) capable d'accueillir 1.200 personnes, des espaces publics, ainsi que des logements et des activités diverses de type commerces, services et bureaux.
 
Un projet ambitieux, porté à bras-le-corps par le tāvana sortant, Édouard Fritch : “Le projet consiste à créer de l'activité sur notre commune de Pirae, qui est réputée pour être une commune dortoir’, explique le maire. “Depuis toujours, la commune de Pirae a été conçue comme tel. Cela fait maintenant une décennie que nous réfléchissons à la construction d'un centre d'activités qui permette aux jeunes de Pirae de trouver de l'emploi sur place. C'est le principal objectif. Le reste, c'est un besoin tout naturel puisqu'aujourd'hui la population de Pirae devient de plus en plus active, il y a plus de jeunes donc il y a ce besoin d'avoir sur place de quoi satisfaire les besoins, qu'ils soient économiques, familiaux, etc. C'est dans ce cadre que s'inscrit ce projet.”
 
Un long cheminement mais des perspectives d'avenir
 
Et si la gestation du projet a effectivement pris du temps, la commune de Pirae rappelle que si l'idée d'un centre-ville est née en 2014, celle-ci a dû attendre la signature du Contrat de reconversion des sites de la Défense (CRSD) et la rétrocession de la parcelle de l'ancien commandement supérieur (Comsup) en 2020, pour pouvoir réellement développer sa stratégie de reconquête et de valorisation de son territoire. Et, à ce titre, l'équipe communale affirme d'ailleurs avoir depuis entamé des opérations dans ce sens, à l'exemple des travaux de désamiantage, de dépollution et de déconstruction réalisés en 2022 sur le site de l’ex-Comsup, ou encore de l'aménagement du parc paysager et de loisir de Aorai Tini Hau, et du début des travaux de la troisième entrée-est de l'agglomération de Papeete.
 
Un effort motivé par une situation géographique à fort potentiel : “Naturellement, il nous faut regarder la décennie qui vient, mais je crois qu'il faut aller au-delà”, suggère Édouard Fritch. “Vous remarquerez que le site où est prévu aujourd'hui la création de ce centre-ville est entouré de foncier qui appartient au public, que ce soient les armées, le Pays, le Diadème, etc. Ceci veut dire que derrière le projet d'aujourd'hui, qui va faire un peu moins de 10 hectares, il y a un potentiel foncier qui permettra dans les 20 à 30 ans à venir d'élargir et d'aérer un peu plus ce centre-ville. C'est la raison pour laquelle ce site a été choisi.”
 
Un montage financier encore vague
 
Seul bémol de cette présentation, l'absence de détails quant aux financements. Car si la commune de Pirae assure que ses voyants sont au vert, de tels travaux engageront cette dernière sur une dette de plusieurs années. Mais à ce sujet, le tāvana tient à rassurer : “Le montage financier qui a été fait ici est un montage public-privé”, assure-t-il. “Nous nous occupons du cœur de ville avec son marché municipale, un centre d'activité, et puis une maison événementielle qui va créer de l'activité nocturne en particulier. Autour de cela, tous les terrains seront exploités par les activités économiques. En d'autres termes, nous allons mettre à disposition ces terrains pour le privé au travers de baux emphytéotiques de 70 ans. On sait que pour investir, il faut au moins cela. On est dans les starting-blocks. Le financement du marché de Pirae est, au moment où je vous parle aujourd'hui, bouclé. La dépense va être de l'ordre d'environ 2,5 milliards, mais surtout nous allons, avec la mise à disposition des terrains autour, créer des recettes qui vont nous permettre de tranquilliser et soutenir cet emprunt important.”
 
Intéressant ? Oui mais...
 
Du côté des investisseurs, si on reconnaît que le projet est attrayant, des questions se posent. Jean Luc Cholet, promoteur immobilier présent lors de cette présentation, témoigne : “C'est forcément intéressant sur le papier. Après, quand le privé s'intéresse à des opérations en partenariat Public-Privé, il y a beaucoup d'obstacles qui se présentent”, observe-t-il. “Surtout la maîtrise du foncier. Il y a le calendrier aussi. Tout ce qui est annoncé, là, en termes de timing c'est réalisable mais cela va prendre beaucoup plus de temps. 2027, cela me paraît un peu ambitieux. Si on devait poser la première pierre en 2027, il faudrait que la demande de permis de construire soit déposée la semaine prochaine. C'est impossible. Il faut que le Pays et les communes mettent les bouchées doubles. Dans le paysage actuel, les entreprises de construction ne sont pas assez nombreuses pour répondre à tous ces projets. Papeete a elle-même aussi beaucoup de projets en gestation, de taille équivalente, donc les entreprises polynésiennes n’auront pas la capacité de construire tout ça dans un temps acceptable. Il va falloir faire appel à des entreprises de pays limitrophes, comme la Nouvelle-Calédonie ou même la France.”
 

Rédigé par La rédaction le Mercredi 24 Septembre 2025 à 18:11 | Lu 2358 fois