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Edouard Fritch, de retour à la maison à Pirae


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PIRAE, 28 mars 2014 – "Continuez à être le père de famille dont nous avons besoin", a déclaré Gaston Flosse en remettant le collier républicain de premier magistrat à Edouard Fritch, ce vendredi en fin de matinée.

Le président du Pays a été maire de Pirae de 1983 à 2000, avant de confier l'avenir de la commune à Edouard Fritch qui l'avait perdue en 2008. "Les six dernières années ont été très longues", a d'ailleurs confié le maire nouvellement élu, en préambule de son discours d'investiture, "(...) malgré quelques satisfactions en 2012 où nous avons vu le petit plan de fe'i fleurir de nouveau à Pirae. Et puis voilà, 2014, nous sommes arrivés".

En 2012, Edouard Fritch avait été élu député de la première circonscription de Polynésie française et l'année suivante représentant Tahoera'a à l'Assemblée territoriale où il siège en tant que président, depuis le 17 mai.

Sans surprise, le "fils spirituel" se réinstalle à la tête de la mairie de Pirae après avoir été l’objet d’un plébiscite lors du premier tour des élections municipales. Dimanche 23, un peu plus de 61% des suffrages se sont exprimés en faveur de la liste Taho’era’a huira’atira qu’il conduisait dans le fief orange, scellant l’issue du scrutin dès l'entame.

Edouard Fritch a confirmé au soir du premier tour des municipales qu'il renoncerait à son mandat de député.

La première réunion du nouveau conseil municipal l’a élu maire par 28 voix sur 33, vendredi matin. Les quatre membres du groupe conduit par la maire sortante Béatrice Vernaudon ont voté blanc tandis que Thilda Harehoe, l’unique conseillère Tavini huira’atira, a voté pour elle-même.

Restaurer les partenariats

Dans son discours d'investiture (voir ci-dessous) Edouard Fritch a rappelé la situation "préoccupante" dans laquelle il trouve les finances de la commune : "nos réserves de trésorerie n’excèdent pas un mois de fonctionnement" a-t-il gravement souligné.

Il en a appelé à l'ensemble des conseillers municipaux leur demandant de se mettre au service des attentes de la population, d'être assidus, solidaires, "participatifs et constructifs aux réunions", pour mettre en oeuvre les chantiers qu'il entend lancer à Pirae, en faveur de l'amélioration du cadre de vie, de l'éducation et du développement de la commune.

Sur ce dernier point, le nouveau maire de Pirae a précisé qu'un des axes principaux de son travail d'élu municipal serait de restaurer les partenariats institutionnels, intercommunaux et avec le privé.

A l'adresse des employés communaux, le premier magistrat s'est exprimé en ces termes : "Nous avons à ressouder les liens de pas moins de 17 services éclatés, à réviser l’organisation et le fonctionnement des services et à redonner une éthique et des objectifs de résultat. Ce chantier est prioritaire, en ce sens qu’il commandera tout le reste et qu’il améliorera le niveau de satisfaction de la population et la réalisation de nos projets. Je m’y attellerai donc personnellement avec un adjoint dédié à cette tâche".

Les neuf adjoints de la liste d'action communale qui seconderont le nouveau maire dans toutes ces tâches ont ensuite été élus par 28 voix alors que les cinq conseillers d'opposition ont voté blanc.

Liste des adjoints au maire de Pirae

1. MACE Miriama
2. TEMARII Abel
3. MAO Marie-Madeleine
4. ATEM Félix
5. HUNTER Lorraine
6. TAURAA Heimana
7. LECHENE Eliane
8. PAQUIER Jean-Claude
9. LICHTLE Yvette

Les élus au conseil municipal de Pirae

1. M. Edouard FRITCH
2. Mme Miriama TEIO VEUVE MACE
3. M. Abel TEMARII
4. Mme Marie-Madeleine MAO
5. M. Jean CHICOU
6. Mme Lorraine HUNTER
7. M. Yvonnick RAFFIN
8. Mme Rosana TAAROA
9. M. Léon MAKE
10. Mme Riveta URAHUTIA
11. M. Milton PARAUE
12. Mme Yvannah POMARE EPOUSE TIXIER
13. M. Christophe TAURAATUA
14. Mme Yvette BOHL EPOUSE LICHTLE
15. M. Christophe TEAO
16. Mme Eliane LAUZUN EPOUSE LECHENE
17. M. Félix ATEM
18. Mme Keehi WONG
19. M. Heimana TAURAA
20. Mme Raiarii TETOOFA
21. M. Samuel MOO-SUNG
22. Mme Maire SVARC
23. M. Jean-Claude PAQUIER
24. Mme Taiana THUNOT
25. M. Kapo MOU KAM TSE
26. Mme Doris RAUFEA
27. M. Maono TERE
28. Mme Turere BAMBRIDGE EPOUSE FOLIAKI
1. Mme Thilda HAREHOE
1. Mme Béatrice COPPENRATH EPOUSE VERNAUDON
2. M. Théodore TETUAETARA
3. Mme Maiana BAMBRIDGE
4. M. Irvine PARO

Discours de M. Edouard FRITCH, maire de la commune de Pirae


Allocution d’investiture, le vendredi 28 mars 2014

***

Monsieur le président de la Polynésie française,
Monsieur le Vice président de la Polynésie française,
Monsieur le président de la Commission permanente de l’assemblée de la Polynésie française,
Monsieur le président du Conseil économique, social et culturel,
Monsieur le président du Syndicat pour la promotion des communes,
Monsieur le président du Centre de gestion et de formation de la fonction publique communale,
Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux nouvellement élus de Pirae, de l’opposition comme de la majorité,
Monsieur le Directeur général des services,
Mesdames et Messieurs les chefs de service et directeurs d’établissement public, hospitalier et scolaire,
Madame la directrice de la crèche Tama Here de Pirae,
Messieurs les représentants des confessions religieuses,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

C’est avec le cœur rempli d’une grande émotion que je prends la parole en tant que maire nouvellement élu de la ville de Pirae.
Mes premiers propos seront évidemment d’adresser à l’ensemble des conseillers toute ma gratitude pour leur confiance indéfectible. Au-delà de vous tous ici présents, c’est aux électeurs de la commune de Pirae, qui m’ont massivement élu dès le premier tour de scrutin, que j’entends directement destiner mes plus chaleureux remerciements.

Je n’oublie pas les centaines de militants ou sympathisants de la Fédération Tahoeraa Huiraatira de Pirae qui se sont mobilisés durant de longs mois de campagne pour obtenir cette victoire éclatante. Sans eux et l’équipe de mes plus proches collaborateurs depuis de nombreuses années, rien n’aurait été possible.

Je mesure bien que le suffrage que nous avons obtenu traduit, de la part d’une large partie de nos concitoyens, des attentes fortes. Ce score traduit aussi le sentiment que nos propositions, centrées sur leurs besoins au quotidien, ont su fédérer.

L’ampleur de ce résultat doit tous nous convaincre du poids de la responsabilité particulière qui est la nôtre de donner un avenir heureux à Pirae, à ses habitants, en restant fidèle et en honorant à terme tous nos engagements.

Bien sûr, s’il revient à la majorité communale sortie des urnes de mettre en œuvre son programme, il revient, pour sa part, à l’opposition de jouer son rôle et de dire ses vérités et ses contre propositions dans un esprit constructif. C’est le jeu de la démocratie.

Je veux d’ailleurs m’adresser aux membres de cette opposition pour leur dire que la gestion de la commune est clairement, pour moi, l’affaire des 33 élus que nous sommes, non pas seulement des 28 de la majorité. Je respecte le choix des électeurs dans toutes ses dimensions. Je suis donc prêt à voir avec cette opposition, si elle le souhaite, comment savoir lui donner voix au chapitre et l’associer au mieux à la préparation des décisions municipales et au suivi de leur exécution.

Je ne ferai pas preuve de sectarisme et serai le maire de tous. Car du consensus le plus large naîtront indubitablement des décisions plus fortes et correctement ajustées aux besoins à satisfaire.
Par voie de conséquence, on peut escompter que ces mesures seront mieux comprises et admises par l’ensemble de nos concitoyens. C’est aussi, à terme, l’image et la notoriété du politique et de la commune de Pirae elle-même qui en tireront bénéfice.

En portant leur confiance sur nous tous, nos électeurs ont fait un acte de foi à notre égard. Nous devons savoir tous y répondre, d’abord en nous investissant sans compter dans l’exercice de notre mandat. Il nous faudra aussi être tous disponibles, à l’écoute, accessibles et très réceptifs aux doléances de notre population.

Nous devons aussi avoir pour souci d’être assidus, de préparer et d’être participatifs et constructifs aux réunions, internes et externes, auxquelles nous serons conviés à participer.

Nous devons également être solidaires entre nous et nous épauler les uns les autres en prenant, chacun, notre juste part de l’effort à fournir.

Bien qu’élus, nous ne devons pas nous départir d’une parfaite simplicité dans tous nos rapports et du respect permanent de la légalité républicaine. Parce qu’élus, nous ne devons pas adopter l’attitude du « petit chef », bouffi d’orgueil et de suffisance.
En tant qu’élus, nous devons respecter scrupuleusement l’organisation hiérarchique de notre administration et nos procédures de décision.

Nous tous ici , élus, nous sommes avant tout les dépositaires de l’intérêt général et ses précieux gardiens. L’intérêt général ne se confond pas avec la somme des intérêts particuliers. A tout instant, nous devons être attentifs, tous ensemble, à ce qu’une réponse à une doléance particulière serve avant tout l’intérêt général ou s’inscrive clairement dans la perspective de celui-ci.

Nous avons été élus sur la base d’un programme, et nous devons fidèlement le mettre en pratique. Il y va du respect de la parole donnée, mais aussi parce que son contenu nous a paru répondre aux enjeux d’actualité et surtout aux attributions qui nous incombent à l’échelon communal, aux côtés ou en relais des compétences propres du Pays et de l’Etat.

Ces axes prioritaires, je le rappelle, vont :

- D’abord, en faveur de l’amélioration du cadre de vie au quotidien de nos compatriotes et de la garantie de la qualité et de la continuité des services de base relevant de la compétence communale : l’eau potable, les déchets, les voies de circulation…

- Ensuite, en faveur de l’éducation, de l’épanouissement et de l’insertion de notre jeunesse, qui est notre richesse principale et qui attend beaucoup de nous ;

- Enfin, en faveur du développement de notre commune, dans son aménagement, ses infrastructures, ses activités économiques…

C’est sur la base de ces axes que j’ai établi le choix des adjoints et des conseillers délégués qui m’épauleront dans l’exercice de mes fonctions, sachant que pour ma part, je m’attacherai à suivre plus particulièrement, mais en équipe, les dossiers intéressant le développement de notre commune.

Les chantiers à ouvrir sur tous ces axes sont nombreux ; je ne vous imposerai pas la litanie de leur liste. Il nous revient de les concrétiser, d’abord, avec les moyens d’une bonne gestion de nos ressources budgétaires propres. Selon notre estime, non partagée par tous, la situation de nos finances est préoccupante par le simple fait que nos réserves de trésorerie n’excèdent pas un mois de fonctionnement. Ce qui est inquiétant.

Un indice supplémentaire des difficultés de notre budget est illustré par l’état de décrépitude et de propreté du bâtiment qui nous accueille, qui visiblement n’a pas fait l’objet de l’entretien minimal qui sied à un bâtiment public.

Les autres moyens nous viennent des apports de nos partenaires.

Ces partenaires sont de trois ordres : d’abord, institutionnels, avec l’Etat et le Pays, mais aussi les autres communes ; ensuite, administratif, avec le concours de nos agents administratifs et techniques ; et enfin, privé, avec la mobilisation de nos compatriotes, des entreprises, des investisseurs et des partenaires sociaux.

A nos partenaires institutionnels, je souhaite dire que nous voulons tisser avec eux un partenariat fort, loyal, dynamique et confiant. Nos intérêts sont liés. J’oserai presque dire que nos raisons d’être sont inhérentes à l’existence même de l’autre et aux services que nous avons à rendre à nos compatriotes, pour qu’ils vivent heureux.

Ce partenariat, il a d’abord une dimension financière, tant il est vrai que la structure des ressources des communes est fortement dépendante des dotations de l’Etat ou des concours financiers du Pays.
De ce point de vue, nous ne devons plus renouveler la perte en six ans de 580 millions de F.CFP de subventions par notre incapacité à mener à terme des projets cofinancés. Notre devoir, dans le cadre de ce partenariat, est là aussi de tenir nos engagements.

A l’égard du Pays, je veux dire aussi, Monsieur le Président de la Polynésie française, Monsieur le Vice-président, ministre des finances, qu’il est un chantier plus qu’urgent à rouvrir et à faire aboutir à bref délai : celui de la modernisation de notre fiscalité communale, concomitamment avec la réforme de notre régime fiscal territorial.

A ce chantier, j’ajouterai également celui, plus réglementaire, des lois du Pays qu’il faut prendre pour permettre aux communes de relayer l’action du Pays dans les domaines définis à l’article 43 – II , 44 et 45 du statut d’autonomie. Sur ces deux volets, je suis prêt à être force de propositions.

A l’égard de l’Etat, je veux dire la nécessité de soutenir le Pays dans cette œuvre de réforme, mais aussi dans l’obligation de contribuer plus à l’équilibre des budgets communaux, eu égard notamment à l’accroissement des responsabilités confiées aux communes par la loi.

J’entends également lui dire qu’il est impératif de parvenir, définitivement et complètement, à un apaisement des esprits sur le dossier du contentieux qui nourrit actuellement des tensions sur les textes d’application du statut de la fonction publique communale.

A cet égard, je me réjouis que les suggestions exprimées par les députés aient pu être reprises par l’Etat et les grévistes, et qu’elles aient pu contribuer à la levée du mouvement revendicatif de ces derniers jours de la part des agents communaux. Dans tous les cas, je suis de ceux qui sont attachés au respect des valeurs suivantes de la fonction publique :

- Celle d’abord de donner aux agents concernés le libre choix de demeurer dans le registre de leur ancien statut ou non ;

- Celle ensuite de donner aux agents, fonctionnaires ou non, le moyen d’avoir accès aux commissions paritaires, disciplinaires ou non, qui les concerne. En ce sens, la loi doit évoluer, si nécessaire.

A l’égard des autres communes, je veux dire notre intérêt à plus et mieux d’intercommunalité, lorsque cela nous est nécessaire pour assurer un service attendu par nos populations, comme la question de la lutte contre les animaux errants, la défense contre les risques d’incendies et de secours aux victimes… Enfin, je souhaite fort que nous sachions, entre les communes concernées et avec l’Etat, voire le Pays, trouver une solution rapide à la question, toujours en suspend, du transfert des sites militaires.

Mon expérience d’élu m’a convaincu qu’il existe un lien étroit entre ce qui pourrait être notre réussite politique et l’efficacité d’une administration communale loyale, motivée et compétente. Mener une politique en ayant contre soi son administration est évidemment un non sens.

En même temps, nous savons que dans un système démocratique une administration vient, en toute obéissance, loyauté et célérité, en soutien et en relais d’une politique publique décidée par les élus.

Je sais que la situation de notre administration à Pirae est très dégradée, n’en déplaise à certains, au bord même de l’implosion pour toute une série de raisons.

Nous avons à ressouder les liens de pas moins de 17 services éclatés, à réviser l’organisation et le fonctionnement des services et à redonner une éthique et des objectifs de résultat. Ce chantier est prioritaire, en ce sens qu’il commandera tout le reste et qu’il améliorera le niveau de satisfaction de la population et la réalisation de nos projets. Je m’y attellerai donc personnellement avec un adjoint dédié à cette tâche.

A l’adresse de nos partenaires du secteur privé, je veux dire que la commune de Pirae est désireuse de les accueillir sur son territoire en plus grand nombre et qu’elle recèle quelques atouts, notamment fonciers, qu’il nous faudra valoriser en commun.

Pirae doit être source d’emplois plus qu’elle ne l’est actuellement. Pirae vise à être, plus que jamais, un réservoir de vie, un espace propice à l’ambition, à la réussite, à la cohésion et à la concorde sociales.

A cet égard, nous avons tous en partage un devoir de cogestion de nos affaires communales, et la contribution de tous sera la bienvenue.

Mesdames, Messieurs les conseillers, nous avons devant nous une lourde tâche à accomplir.
Il nous faut pour cela nous mobiliser, avoir l’esprit créatif et avoir des approches à la fois sérieuses et réalistes. C’est notre honneur d’être à la hauteur des responsabilités qui nous échoient aujourd’hui.

Cette œuvre, nous devons la conduire en équipe et avec, chevillée au cœur, un esprit de partenariat et de coopération le plus large.

Notre objectif commun, le seul qui vaille, doit être la réussite et la tenue de nos engagements.

Je me réjouis de mener ce combat avec vous tous et dans l’intérêt bien compris et unique de nos compatriotes qui nous ont fait confiance en nous élisons à nos responsabilités d’élus municipaux.

Au travail !


Rédigé par JPV le Vendredi 28 Mars 2014 à 13:22 | Lu 2243 fois