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Edouard Fritch : "Cette majorité a nécessité pratiquement 18 mois de gestation"


Edouard Fritch a officiellement présenté le groupe Rassemblement pour une majorité autonomiste constitué jeudi matin autour de 29 représentants.
Edouard Fritch a officiellement présenté le groupe Rassemblement pour une majorité autonomiste constitué jeudi matin autour de 29 représentants.
PAPEETE, 10 décembre 2015 - Les pro-Fritch abordent la onzième séance et dernière de la session budgétaire avec le minimum de voix requis pour disposer de la majorité absolue à Tarahoi. Les 29 représentants qui soutiennent l'action du gouvernement ont signé jeudi leur adhésion au groupe Rassemblement pour une majorité autonomiste et parlent dorénavant d'une même voix dans l'hémicycle, à l'heure d'examiner le projet de budget général de la collectivité pour l'exercice 2016. Le nouveau groupe s'est réuni avec le gouvernement, jeudi matin à la Présidence. L'occasion d'une présentation officielle, à quelques minutes de l'ouverture des débats à l'Assemblée.

Vous avez 29 voix à l’Assemblée : votre objectif est atteint ?

Edouard Fritch : Oui, c’était l’objectif puisque, comme vous le savez, le budget est tout de même l’acte politique le plus important, le plus fort, pour un gouvernement. Et le vote de l’Assemblée, derrière, sera la preuve qu’une majorité soutient le gouvernement.

Mais elle reste une majorité fragile.

Edouard Fritch : Vous avez remarqué que depuis 2004 tout est fragile dans ce pays. Cette majorité a nécessité pratiquement 18 mois de gestation. (…) Je pense qu’elle n’est pas fragile. Ceux qui nous ont rejoint dans les quatre derniers mois ont beaucoup réfléchi et regardé tous les avantages qu’il y a pour le Pays à disposer de cette majorité. Je pense qu’elle va tenir et je suis satisfait qu’elle se constitue juste avant le vote du budget 2016.

Enfin une majorité, mais à quel prix ?

Edouard Fritch : Vous savez, s’il y a des douleurs dans cet accouchement aujourd’hui, elles sont plus psychologiques, psychiques. (...) Le Tahoera’a Huiraatira a décidé de me mettre à cette place ; 38 d’entre eux ont promis de me soutenir ; je me suis engagé à réaliser le programme Tahiti Nui 2025, et je suis toujours sur cette ligne. Donc, ce sont les autres, en fin de compte, qui m’ont abandonné. Et ceux qui reviennent aujourd’hui reviennent dans des conditions difficiles. D’autant qu’en face, on fait tout pour perturber la sérénité qui devrait régner à l’Assemblée aujourd’hui.

Avez-vous accordé des contreparties ? On pense notamment à Joëlle Frébault.

Edouard Fritch : Non, non, non, non, non, non… Non ! Vous pensez à Joëlle Frébault ; vous pouvez penser à Isabelle Sachet ; vous pouvez penser à Charles Fong Loi… Il n’y a pas de contrepartie. Je pense justement que ce qui a toujours été fait jusqu’à présent fragilise : faire venir des gens en contrepartie de quelque chose est un plaisir qui ne dure pas, un bonheur de très court terme. Aujourd’hui, ils sont venus parce qu’ils ont décidé, en leur âme et conscience, de soutenir cette majorité.
Je viens d’apprendre ce matin, par exemple, que des propositions sont faites à Jacquie Graffe pour qu’il mène la liste de… Pourquoi agir ainsi sur l’homme. C’est un problème de dignité : on ne fait pas venir des gens parce qu’on a en échange des sucettes à leur donner. Il faut arrêter ! Et je suis décidé à changer cette forme de politique. Vous savez, je disais que la gestation a été longue. Nous en avons beaucoup souffert. Mais je pense que cela va nous conforter demain dans cette majorité que nous constituons aujourd’hui
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Ne redoutez-vous donc pas la précarité de cette majorité ?

Edouard Fritch : Vous savez, 29 c’est la majorité absolue. Nous avons dirigé ce Pays à 24 pendant de longs mois. C’est vrai que c’était compliqué, mais nous avions la foi. J’ai accepté ce poste parce que j’estime que je peux contribuer au développement de ce pays. Ceux qui m’ont suivi, malgré qu’il n’y ait pas eu de sucette ou d’avantage particulier, continuent à croire que ce pays va être relevé par ce groupe d’hommes et de femmes décidés à le faire… Non. C’est limite, bien sûr, parce que 29 ce n’est pas 30 ni 32 ; mais je fais avec ce qu’on me donne et je continuerai à travailler jusqu’au moment où d’autres décisions seront prises contre moi.

On entend déjà parler de tiraillements dans votre groupe.

Edouard Fritch : C’est le jeu de l’opposition, bien sûr, de venir… Je vous parlais de mon ami Jacquie Graffe : il a été jeté comme un malpropre du Tahoera’a Huiraatira et aujourd’hui le président du parti va lui proposer la place de tête de liste du Tahoera’a Huiraatira en 2018…

Quand constituerez-vous votre parti politique ?

Edouard Fritch : Fin janvier. Je pense que fin janvier ce parti sera créé.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 10 Décembre 2015 à 09:49 | Lu 2367 fois