Tahiti Infos

Eboulements : qui doit sécuriser la montagne ?


On dit que pierre qui roule n’amasse pas mousse… mais celle-ci a accumulé la végétation écrasée. Ce rocher de 500 kg a terminé à quelques mètres d’une habitation, mais n’a fait aucune victime
On dit que pierre qui roule n’amasse pas mousse… mais celle-ci a accumulé la végétation écrasée. Ce rocher de 500 kg a terminé à quelques mètres d’une habitation, mais n’a fait aucune victime
PAPEETE, le 7 juillet 2014 - Deux éboulements à Punaauia et à Paea ce weekend remettent en question la sécurité des habitations à flanc de montagne. Les propriétaires sont appelés à débroussailler et sécuriser ces coteaux pour le bien collectif.

Ce samedi soir, deux énormes rochers sont tombés de la montagne sur la côte ouest, heureusement sans faire de victimes. Le premier est tombé à Punaauia, il faisait 500 kg et il a terminé sa course sur un retrait au pied d’une résidence dans la servitude Bernardino. Aucun dommage matériel n’a été causé.

Le second, beaucoup plus gros, a par contre causé des dégâts importants à une maison de la servitude Baldwin de Paea. Tombé de la colline à 22h45, cette pierre de deux tonnes a traversé le mur délimitant la propriété comme si c’était du carton, envoyant voler des parpaings jusque de l’autre côté de la maison, avant d’ouvrir une brèche dans le mur de la chambre des enfants pour y finir sa course.

Une femme, la belle-sœur du propriétaire, et 5 enfants se trouvaient dans le salon juste à côté, l’accident grave a donc été évité de peu. Les victimes attendent maintenant la visite d’un expert de leur assurance avant de laisser la mairie sortir le rocher de leur habitation.

Des zones privées

Dans les deux cas, l’éboulement a commencé dans des terrains privés. Les mairies renvoient donc à la responsabilité des propriétaires pour débroussailler régulièrement ces zones et remarquer les pierres qui commencent à se déloger de la montagne. Les fissures sont élargies par les racines des arbres, souvent des acacias, puis se font déloger quand la pluie rend le sol meuble.

Malgré tout, les deux mairies assurent être en train de prendre des avis de spécialistes pour savoir comment sécuriser la montagne. D’autant que ces terrains en indivision sont bien sûr la propriété de beaucoup, et donc bien souvent de personne…

C’est qu’en Polynésie, la responsabilité en cas d’éboulement est plutôt floue. Le propriétaire, bien sûr, doit sécuriser son terrain. La mairie a aussi une compétence générale en matière de sécurité de ses habitants, mais par rapport à la Métropole elle est très peu précise, nous confie une source bien informée sur la répartition des pouvoirs prévue dans le Statut d’autonomie.

Il y a aussi le ministère de l’équipement et la DRGM nationale, qui ont dressé une carte des zones dangereuses, le PPR (Plan de Prévention des Risques), qui inclut la plupart des zones où des éboulements ont eu lieu ces dernières années, dont les deux de ce weekend. Normalement, la construction de nouveaux bâtiments y est impossible, mais le PPR a moins d’une dizaine d’années et ces habitations ont souvent été construites il y a 20 ans. Et les mairies n’ont pour l’instant aucune intention d’exproprier les logements en zone dangereuse.


A Paea, un roc de deux tonnes a dévalé la montagne puis traversé deux murs avant de terminer sa course dans une maison. Le drame a été évité de justesse
A Paea, un roc de deux tonnes a dévalé la montagne puis traversé deux murs avant de terminer sa course dans une maison. Le drame a été évité de justesse

Le mur en parpaings a volé en éclats
Le mur en parpaings a volé en éclats

Un voisin devant la maison sinistrée. Tout le quartier le dit : à chaque pluie on entend des pierres qui se détachent. Le drame était inévitable.
Un voisin devant la maison sinistrée. Tout le quartier le dit : à chaque pluie on entend des pierres qui se détachent. Le drame était inévitable.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 7 Juillet 2014 à 16:41 | Lu 1364 fois