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Ebola: la mobilisation commence à payer


Freetown, Sierra Leone | AFP | vendredi 07/11/2014 - La mobilisation internationale contre l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest a réduit son retard sur le virus, qui continue néanmoins à se propager, faisant des milliers de morts non comptabilisés dans un bilan déjà lourd, selon les autorités sanitaires.

Au niveau continental, la Confédération africaine de football (CAF) a donné jusqu'à samedi au Maroc, pays organisateur de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) prévue en janvier-février 2015, pour décider s'il renonce finalement à accueillir la compétition, la CAF ayant refusé sa demande de report pour cause d'Ebola.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) s'est dite jeudi certaine de la réalité de la baisse du nombre de nouveaux cas "dans certaines régions", en particulier au Liberia, le pays le plus touché, mais a reconnu que la transmission restait intense dans l'ouest de la Sierra Leone, comprenant la capitale, Freetown, et dans le sud de la Guinée.

L'épidémie, la plus grave de l'histoire de cette fièvre hémorragique depuis son identification en Afrique centrale en 1976, a fait 4.818 morts pour 13.042 cas recensés, dans leur immense majorité dans ces trois pays, selon le dernier bilan de l'OMS arrêté au 2 novembre.

"Il y a beaucoup de morts qui manquent dans cette épidémie", a souligné Christopher Dye, directeur de la stratégie de l'OMS, évoquant la persistance de pratiques funéraires à risques.

Le président sierra-léonais Ernest Bai Koroma a tancé mercredi à ce sujet les responsables locaux de la région rurale de l'ouest du pays, les sommant de mettre fin aux rites mortuaires impliquant le moindre contact avec les corps.

"Vous devez arrêter l'hypocrisie dans la lutte contre Ebola", leur a-t-il lancé, précisant que l'état d'urgence resterait en vigueur jusqu'à la fin de l'épidémie, selon un communiqué de la présidence.

C'est en vertu des pouvoirs conférés par l'état d'urgence que le dirigeant a fait arrêter mardi l'animateur d'une émission radio qui avait donné la parole à un responsable de l'opposition critiquant la gestion de la lutte contre Ebola dans le pays.

"Quiconque fait obstruction, incite ou vise à saper les efforts du gouvernement" contre Ebola est susceptible d'être arrêté, a expliqué le porte-parole du gouvernement, Abdulai Bayratay, sans indiquer les charges retenues contre David Tam Baryoh, présentateur d'une émission hebdomadaire sur la radio privée Citizen FM.


- Progrès 'éphémères' -



La directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM) Ertharin Cousin a appelé jeudi à la "vigilance" et la mobilisation internationales afin de préserver les "progrès" enregistrés, après une visite de trois jours en Sierra Leone.

"C'est une situation où nous constatons des progrès, mais avec cette maladie, les progrès peuvent être éphémères si nous ne sommes pas vigilants", a déclaré Mme Cousin, précisant que le PAM avait déjà fourni de la nourriture à plus de 600.000 personnes en Sierra Leone aux populations placées en quarantaine.

Au Liberia, qui compte pour plus de la moitié des cas et des morts, la tendance à la stabilisation semblait se confirmer, après un afflux de matériel et de personnel, notamment le déploiement de plus d'un millier de militaires américains, déploiement qui pourrait atteindre à terme près de 4.000 pour la région.

La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf a inauguré mercredi avec l'ambassadrice des Etats-Unis Deborah Malac un hôpital de 25 lits pour les soignants, particulièrement touchés dans l'épidémie (546 contaminé, 310 morts), construit par les armées des deux pays près de l'aéroport international.

Le président américain Barack Obama a demandé au Congrès plus de 6 milliards de dollars (plus de 4,8 milliards d'euros) de fonds d'urgence pour combattre l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest et pour gérer le risque aux Etats-Unis, selon la Maison Blanche.

Le Japon a annoncé vendredi pour sa part qu'il allait porter de 40 millions à 140 millions de dollars (de plus de 32 millions à plus de 80 millions d'euros) son aide à la lutte contre l'épidémie.

Le chef de la Mission des Nations unies pour coordonner la lutte contre Ebola (UNMEER, basée au Ghana), Anthony Banbury, a indiqué ne pas encore disposer des moyens d'enrayer la propagation du virus.

"Ils ne sont pas encore là. Il y a toujours des gens, des villages, des villes et des zones qui ne reçoivent aucun type d'aide pour le moment et nous n'avons certainement sur le terrain pas la capacité nécessaires de lutte de la communauté internationale", a-t-il déclaré à la BBC.

L'ONU a indiqué cette semaine avoir reçu 572 des 988 millions de dollars qu'elle a réclamés pour arrêter Ebola.

Rédigé par () le Vendredi 7 Novembre 2014 à 04:32 | Lu 163 fois