Tahiti, le 11 juin 2025 - La 6ᵉ édition du salon Res’Eau Pro a été l'occasion d'échanger autour d'enjeux vitaux pour la population et l'environnement : garantir l’accès à l’eau potable et à un assainissement digne dans l’ensemble du territoire. Si 14 milliards de francs vont être mobilisés – sur les cinq prochaines années – pour améliorer l’accès à l’eau potable dans les archipels éloignés, les réseaux d’assainissement, eux, n’en sont qu’à leurs prémices.
Parmi les salons professionnels qui jalonnent l’agenda économique local, Res’Eau Pro a pris cette année une tournure moins commerciale, plus stratégique. Ce mercredi, les allées feutrées du salon organisé par le groupe Manuia ont vu défiler techniciens, élus, ingénieurs et représentants de l’État, tous confrontés à la même urgence : comment garantir l’accès à une eau potable de qualité et à un assainissement digne dans un territoire éclaté sur 118 îles ?
Derrière les équipements dernier cri présentés par les fournisseurs – filtres nouvelle génération, stations de traitement mobiles ou capteurs intelligents –, les chiffres égrenés par Thierry Trouillet, directeur général de Manuia, qui regroupe Cope, Plomberium ou Déco Bain & Maison, souligne l'urgence. “Aujourd’hui, seuls 63 % de la population ont accès à l’eau potable via un réseau”, a-t-il rappelé. Cela ne concerne que 11 communes sur 48. Quant à l’assainissement collectif, il reste l’apanage d’une minorité : 9 % des habitants en bénéficient. Le reste se débrouille avec des solutions autonomes, souvent précaires et parfois désastreuses pour l'environnement.
Des milliards pour ne pas boire la tasse
Depuis plusieurs années, l’État et le Pays injectent des milliards pour tenter de combler le retard abyssal. Sur les cinq prochaines années, 14 milliards de francs doivent être mobilisés à parité entre Paris et Papeete, concernant les réseaux d'eau potable. Une somme conséquente... mais les défis restent immenses. Car à ces investissements s’ajoute une contrainte géographique lourde : l’éclatement du territoire. Impossible d’envisager des réseaux continus dans les Tuamotu ou les Marquises. Il faudra inventer des microsystèmes robustes, autonomes et gérables à distance. “Dans les îles isolées, on ira sans doute vers des fontaines à eau, car le modèle du réseau ne s’applique pas partout. Nous devrons mettre en place des microsystèmes un peu partout”, résume le directeur du groupe Manuia. La contrainte devient opportunité : concevoir des dispositifs allégés mais efficaces, capables de fonctionner sans ingénieur sur place.
Sur l'assainissement, là aussi, en dehors de Tahiti et de Moorea, tout reste à faire et les coûts projetés sont colossaux. “Rien que pour les Raromatai, on parle de plusieurs dizaines de milliards à investir en assainissement, et encore, on commence à peine”, alerte Thierry Trouillet. “Et au rythme où vont les investissements, cela va prendre plus de 30 ans.” Et l'urgence est là, puisqu'avec le temps et le dérèglement climatique, la gestion de cet “or bleu” va devenir de plus en plus critique.
Un service public au soutien
Xavier Marotel, secrétaire général du haut-commissariat, venu représenter l’État, a tenu à rappeler les efforts déjà réalisés. “À Tahiti, on a vu des progrès importants ces dernières années grâce aux investissements communaux, soutenus par le Fonds intercommunal de péréquation et le contrat de développement.” S’y ajoutent l’Office français de la biodiversité, les fonds européens, mais aussi l'aide de la direction de l’ingénierie publique du haut-commissariat, qui, armée d’ingénieurs et d’architectes spécialisés, permet d'apporter aux communes un soutien et une assistance technique en maîtrise d'ouvrage.
Car l’obstacle n’est pas seulement financier. Il est aussi humain, technique et organisationnel. Dans les archipels, la pénurie de compétences rend la maîtrise d’ouvrage complexe. D’où le rôle croissant de l’État, pas seulement garant dans ses missions régaliennes de la sécurité et des libertés publiques, mais il est aussi un soutien actif aux politiques locales de développement – à l'échelle du Pays ou des communes. “Nous aidons les élus choisis par les Polynésiens pour qu'ils puissent développer leurs politiques”, souligne Xavier Marotel.
Le lagon comme boussole
D'autant que l’enjeu dépasse le confort domestique. Il touche à la survie même de l’environnement polynésien. Sans assainissement, les lagons suffoquent. Sans eau potable, les populations se fragilisent. Et l’image touristique du Fenua, elle aussi, risque de se ternir. La pollution récurrente des eaux à Punaauia, avec des fuites régulières qui obligent la mairie à interdire la baignade pendant un certain temps, en est un criant exemple. “On parle ici de développement durable, de préservations des océans”, insiste le représentant de l’État.
Une prise de conscience est donc nécessaire pour améliorer la gestion globale de l'eau. Car comme le concède Thierry Trouiller, “la population ne se rend pas compte de tout. C'est normal, voire un dû, d'avoir de l'eau quand on tourne le robinet. Mais on n'imagine pas le travail en amont pour apporter le service et ensuite pour assainir l'eau”, explique-t-il.
Parmi les salons professionnels qui jalonnent l’agenda économique local, Res’Eau Pro a pris cette année une tournure moins commerciale, plus stratégique. Ce mercredi, les allées feutrées du salon organisé par le groupe Manuia ont vu défiler techniciens, élus, ingénieurs et représentants de l’État, tous confrontés à la même urgence : comment garantir l’accès à une eau potable de qualité et à un assainissement digne dans un territoire éclaté sur 118 îles ?
Derrière les équipements dernier cri présentés par les fournisseurs – filtres nouvelle génération, stations de traitement mobiles ou capteurs intelligents –, les chiffres égrenés par Thierry Trouillet, directeur général de Manuia, qui regroupe Cope, Plomberium ou Déco Bain & Maison, souligne l'urgence. “Aujourd’hui, seuls 63 % de la population ont accès à l’eau potable via un réseau”, a-t-il rappelé. Cela ne concerne que 11 communes sur 48. Quant à l’assainissement collectif, il reste l’apanage d’une minorité : 9 % des habitants en bénéficient. Le reste se débrouille avec des solutions autonomes, souvent précaires et parfois désastreuses pour l'environnement.
Des milliards pour ne pas boire la tasse
Depuis plusieurs années, l’État et le Pays injectent des milliards pour tenter de combler le retard abyssal. Sur les cinq prochaines années, 14 milliards de francs doivent être mobilisés à parité entre Paris et Papeete, concernant les réseaux d'eau potable. Une somme conséquente... mais les défis restent immenses. Car à ces investissements s’ajoute une contrainte géographique lourde : l’éclatement du territoire. Impossible d’envisager des réseaux continus dans les Tuamotu ou les Marquises. Il faudra inventer des microsystèmes robustes, autonomes et gérables à distance. “Dans les îles isolées, on ira sans doute vers des fontaines à eau, car le modèle du réseau ne s’applique pas partout. Nous devrons mettre en place des microsystèmes un peu partout”, résume le directeur du groupe Manuia. La contrainte devient opportunité : concevoir des dispositifs allégés mais efficaces, capables de fonctionner sans ingénieur sur place.
Sur l'assainissement, là aussi, en dehors de Tahiti et de Moorea, tout reste à faire et les coûts projetés sont colossaux. “Rien que pour les Raromatai, on parle de plusieurs dizaines de milliards à investir en assainissement, et encore, on commence à peine”, alerte Thierry Trouillet. “Et au rythme où vont les investissements, cela va prendre plus de 30 ans.” Et l'urgence est là, puisqu'avec le temps et le dérèglement climatique, la gestion de cet “or bleu” va devenir de plus en plus critique.
Un service public au soutien
Xavier Marotel, secrétaire général du haut-commissariat, venu représenter l’État, a tenu à rappeler les efforts déjà réalisés. “À Tahiti, on a vu des progrès importants ces dernières années grâce aux investissements communaux, soutenus par le Fonds intercommunal de péréquation et le contrat de développement.” S’y ajoutent l’Office français de la biodiversité, les fonds européens, mais aussi l'aide de la direction de l’ingénierie publique du haut-commissariat, qui, armée d’ingénieurs et d’architectes spécialisés, permet d'apporter aux communes un soutien et une assistance technique en maîtrise d'ouvrage.
Car l’obstacle n’est pas seulement financier. Il est aussi humain, technique et organisationnel. Dans les archipels, la pénurie de compétences rend la maîtrise d’ouvrage complexe. D’où le rôle croissant de l’État, pas seulement garant dans ses missions régaliennes de la sécurité et des libertés publiques, mais il est aussi un soutien actif aux politiques locales de développement – à l'échelle du Pays ou des communes. “Nous aidons les élus choisis par les Polynésiens pour qu'ils puissent développer leurs politiques”, souligne Xavier Marotel.
Le lagon comme boussole
D'autant que l’enjeu dépasse le confort domestique. Il touche à la survie même de l’environnement polynésien. Sans assainissement, les lagons suffoquent. Sans eau potable, les populations se fragilisent. Et l’image touristique du Fenua, elle aussi, risque de se ternir. La pollution récurrente des eaux à Punaauia, avec des fuites régulières qui obligent la mairie à interdire la baignade pendant un certain temps, en est un criant exemple. “On parle ici de développement durable, de préservations des océans”, insiste le représentant de l’État.
Une prise de conscience est donc nécessaire pour améliorer la gestion globale de l'eau. Car comme le concède Thierry Trouiller, “la population ne se rend pas compte de tout. C'est normal, voire un dû, d'avoir de l'eau quand on tourne le robinet. Mais on n'imagine pas le travail en amont pour apporter le service et ensuite pour assainir l'eau”, explique-t-il.