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EDITO - À chacun son 10 septembre


Grève dans le secteur de l’hôtellerie. Grève dans le secteur de la grande distribution. Grève à la flottille administrative.  

 Doucement, la Polynésie français est en train de vivre son 10 septembre, ce mouvement de rentrée qui circule dans l’Hexagone et qui exhorte à descendre dans la rue pour se mobiliser contre le projet de budget du gouvernement et les 44 milliards d'euros d'économie prévus ainsi que la suppression de deux jours fériés. Un ersatz de mobilisation façon “gilets jaunes” qui ne sait pas encore trop où il va et qui commence déjà à se faire doucement noyauter par les partis politiques, de tous bords confondus. Une façon d’encadrer le mouvement et de prévenir les débordements, tout autant qu’une façon de récupérer la colère à un peu moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle. 

Au Fenua, pas de gilets jaunes, pas de 10 septembre, mais une contestation qui monte doucement dans le secteur du privé désormais. Ici, les jours fériés, on ne les supprime pas. On les change tout au plus. Mais le coût de la vie continue d’inquiéter. 

Si la Fraap a su faire plus de bruit qu’elle n’a obtenu de résultats pour les agents de la fonction publique, ce sont désormais les syndicats du privé qui commencent à bouger, eux aussi parfois avec des revendications lunaires comme la mise en place de cette taxe de 4% sur les produits dont la totalité serait redistribuée aux salariés pour leur contribution directe aux bénéfices de l'entreprise.  

Une revendication commune, le coût de la vie, pour des secteurs différents, subsiste au milieu de ces préavis bigarrés.  

Aujourd’hui, le gouvernement, face à cette revendication identique dans le privé comme dans le public, n’apporte d’autre réponse que celle de l’emploi. Une réponse qui fonctionne puisque l’emploi est en progression constante, faisant grimper le pouvoir d’achat de nombreux foyers. Selon le ministre de la Santé cette semaine, ces emplois nouveaux ont même permis d’absorber le manque à gagner des 9 milliards la TVA sociale supprimée en octobre 2023. 

Ouf, les caisses du Pays sont sauves. En revanche, celles des consommateurs se heurtent toujours aux prix élevés, aux marges indignes, au cœur d’une économie fictive construite sur les utopies des années nucléaires. 


Rédigé par Bertrand PREVOST le Samedi 23 Août 2025 à 18:12 | Lu 2557 fois