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Dopage: Claude-Boxberger positive à l'EPO, nouveau coup de massue pour l'athlétisme français


Saint-Malo, France | AFP | mardi 19/11/2019 - Un coup dur de plus: déjà ébranlé par les cas de Clémence Calvin et de Morhad Amdouni, l'athlétisme français a subi un nouveau choc mardi avec la révélation du contrôle positif à l'EPO de la spécialiste du 3.000 m steeple Ophélie Claude-Boxberger.

Cette affaire jette le discrédit sur la Fédération, en raison de la relation personnelle qu'entretient l'athlète avec Jean-Michel Serra, le directeur médical de l'équipe de France.
L'année 2019 aura été terrible pour la FFA. Mauvais résultats (seulement 2 médailles au Qatar), guerre de clans et une succession de scandales liés au dopage ont singulièrement mis à mal l'image de l'instance. Alors qu'une réorganisation est envisagée en vue des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020, cette révélation alourdit encore le climat.
Elle intervient à la veille de l'audition de la marathonienne Clémence Calvin, convoquée mercredi avec son mari et entraîneur, Samir Dahmani, devant la commission des sanctions de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) pour s'être soustraite à un contrôle inopiné au Maroc fin mars. 
Durant les Mondiaux de Doha, c'était au tour de Morhad Amdouni, champion d'Europe du 10.000 m en 2018, d'être visé par un reportage de la chaîne allemande ARD, révélant des échanges sur la messagerie Whatsapp où il se voit réclamer des paiements pour un achat d'EPO. Amdouni a fermement rejeté ces accusations.
 

- "Malaise" -

 
"Ce type d'affaires ne nous réjouit pas", a réagi le président de la FFA André Giraud. "Les affaires créent un malaise, on ne peut pas le nier. On ne peut pas mettre quelqu'un derrière chaque athlète jour et nuit. Après le cas Calvin, on a pris des mesures et on sait désormais avec précision où partent nos athlètes en stage. Mais on ne peut pas empêcher quelqu'un de prendre un billet d'avion sans nous en informer."
Le nom de Claude-Boxberger avait déjà résonné pendant les Championnats du monde de Doha, qu'elle avait quittés tête basse au stade des séries. La divulgation sur les réseaux sociaux de photos attestant de sa relation avec Jean-Michel Serra, le directeur médical des Bleus, avait précipité le départ de ce dernier du Qatar. En juin, le docteur Serra avait déjà été épinglé pour s'être inquiété auprès de l'AFLD du nombre de contrôles subis par Claude-Boxberger, sans en informer sa hiérarchie.
Selon une source proche du dossier, le contrôle positif à l'EPO, survenu en septembre, et la relation de l'athlète avec le médecin ont conduit l'AFLD à signaler les faits au parquet de Paris. Ce dernier a confirmé mardi l'ouverture d'une enquête préliminaire le 14 octobre, confiée à l'Oclaesp (Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique).
Le domicile de l'athlète a fait l'objet d'une perquisition en novembre, a aussi indiqué à l'AFP une source proche du dossier, confirmant une information du site Spe15. De son côté, André Giraud a précisé que la FFA avait fait l'objet d'une "réquisition" par l'Oclaesp "pour obtenir un certain nombre de documents, mais pas de policiers ni de gendarmes au siège" de la Fédération.
Cette troisième affaire de dopage a singulièrement douché l'ambiance à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) où les Bleus sont réunis depuis dimanche en stage pour lancer leur saison olympique.   
"Cela donne une mauvaise image de l'athlétisme", a déclaré le recordman du monde du décathlon Kevin Mayer. "Cela me rend fou. Je ne sais pas qui est dopé en équipe de France: si ça se trouve j'ai un pote en équipe de France qui est dopé et je ne le sais pas. Le seul pote qui s'est dopé en équipe de France, c'est Quentin Bigot et je ne veux plus avoir de relations personnelles avec lui depuis."

- "Déception et colère" -

 
Même tonalité chez la vice-championne d'Europe du 800 m Rénelle Lamote: "J'ai l'impression d'avoir été trahie. J'ai l'impression qu'il y a une mafia de l'athlétisme. J'étais à côté d'Ophélie Claude-Boxberger dans l'avion pour Doha et on avait échangé sur l'alimentation, j'étais à des années-lumière d'imaginer ça. Je tombe de haut."
La vice-championne olympique du disque Mélina Robert-Michon a elle ressenti "beaucoup de déception et de colère". 
Seul le médaillé d'argent au marteau des Mondiaux de Doha Quentin Bigot, revenu au plus haut après une suspension de deux ans pour usage d'un stéroïde anabolisant en 2014, a émis un avis plus nuancé, estimant que cette nouvelle affaire de dopage ne "parasitait" pas le stage.  
"Est-ce que je suis le mieux placé pour parler de ça?", a-t-il également lancé. "C'est triste, je suis passé par là, je sais ce que c'est. C'est surtout dur pour l'athlète et son entourage. Il ne faut pas se réjouir de ce genre de nouvelles."

le Jeudi 21 Novembre 2019 à 05:04 | Lu 501 fois