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Don d’organes : Une journée pour en parler


PAPEETE, le 20 juin 2016 - Ce n’est pas un sujet de conversation commun. Le don d’organes reste confidentiel alors qu’il est, pour certains, une question de vie ou de mort. Les greffés, association, coordinateur hospitalier sensibles au sujet ne cessent de communiquer. Ils ne cherchent pas de nouveaux donneurs mais ils veulent ouvrir le débat au sein des familles.

Carine Domelier est infirmière coordinatrice de l’équipe greffes du centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF). Elle explique : "Nous organisons des manifestations pour amener les gens à prendre position. Qu’ils soient d’accord ou non, pour ou contre, peu importe. L’essentiel est qu’il le dise à leurs proches". Pourquoi ? Parce que ce sont les proches qui prennent la décision le moment venu.

La famille doit décider ou faire appliquer la volonté

En Polynésie, la greffe d’organes concerne les reins. Il est possible de donner l’un de ses reins de son vivant. Dans ce cas, la décision est prise par le donneur qui fait la démarche en pleine conscience. Il est aussi possible de donner son rein en état de mort encéphalique. Dans ce cas le donneur n’est plus en état de répondre. Les équipes médicales vont alors se tourner vers la famille du potentiel donneur.

C’est à la famille d’accepter ou non le don. Dans l’idéal elle doit faire respecter la volonté de l’éventuel donneur. "Si la question a été abordée en amont, l’étape ne pose pas de problème. Si elle n’a pas été abordée, c’est plus compliqué", rapporte Carine Domelier. La situation devient délicate pour l’équipe médicale comme pour la famille qui traverse déjà une épreuve très difficile. La famille n’est pas toujours prête alors à entendre la question ni à donner une réponse.

Six refus en 6 mois

"Pour le premier semestre 2016, nous comptons six refus de proches parce qu’ils ne connaissaient pas la volonté du défunt. Ce sont 12 greffons "perdus" et autant de patients qui restent en attente d’une meilleure qualité de vie", regrettent les membres de l'association Un don de vie qui sensibilise au don d'organes. D’où le travail de sensibilisation en amont. "Positionner et informer c’est faire respecter sa volonté", répètent-ils.

Le mercredi 22 juin, c’est la 16ème journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe et de reconnaissances aux donneurs. À cette occasion, l’association polynésienne Un don de vie en partenariat avec la coordination hospitalière de prélèvements d’organes du CHPF organisent une journée de sensibilisation place Vaiete.

Au programme : des démonstrations de danse, des témoignages de greffés, un tournoi de just Dance avec de nombreux lots à gagner, des interventions humoristiques de Papa Tihota et la participation de Léonore Caneri. Jops réalisera des fresques de street art de 12 heures à 15 heures, un zumbadon animé par Heiana est prévu de 16 heures à 18 heures. Après quoi chanteurs et musiciens prendront le relai dont Raimana de Pepena ou Poeiti de Takanini. Le groupe de danse marquisien Toa Vii fenua, les All-in-on et Jammy monteront aussi sur scène. Enfin, en clôture, une chorale œcuménique rendra hommage aux donneurs à la lueur de bougies pour tous les donneurs.

117 patients sont toujours en attente de greffe

En Polynésie, la greffe et le don d’organes c’est :
- 48 transplantations rénales réalisées depuis octobre 2013, 14 à partir de donneurs vivants et 34 de donneurs en état de mort cérébrale.
- plus de 5 800 consultations par an pour maladie rénale ont été effectuées au CHPF en 2015.
- 435 patients sont dialysés à ce jour.
- 117 patients sont inscrits sur la liste d’attente de greffe.
Il faut savoir que le taux de refus est plus élevé qu’en métropole, 42% en 2015 contre 33 % en métropole, et proche de 66 % en ce début d’année, majoritairement du fait de la méconnaissance de la volonté du défunt.

Contact

Facebook : Un don de vie
Tél. : 87 78 19 15 ou 87 73 38 80


Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 20 Juin 2016 à 14:55 | Lu 1664 fois