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Diptyque Flosse-Temaru par Regnault


TAHITI, le 2 juillet 2020 - L’historien Jean-Marc Regnault signe deux essais chez ‘Api Tahiti : "Gaston Flosse, Un Chirac des tropiques ?" et "Oscar Temaru, l’Océanie au cœur". Ces deux ouvrages forment un diptyque intitulé "Rivalités et moins si affinités". Ce sont des livres universitaires écrits pour laisser une trace de ce qu’on été les metua.

Pour rédiger "Gaston Flosse, Un Chirac des Tropiques" et "Oscar Temaru, l’Océanie au cœur", Jean-Marc Regnault n’a pas fait d’entretien avec les deux hommes politiques parce qu’il voulait "un livre de réflexion universitaire". Il a puisé dans ses notes et ses propres textes. "J’ai des amis dans les deux camps, j’ai certaines affinités qui m’ont permis de me procurer des documents internes aux partis, d’avoir des tuyaux comme on dit, de consulter des archives de journaux disparus."

En novembre 2019, il a eu l’idée d’utiliser toute la matière accumulée. En discutant avec son éditeur, Jean-Luc Bodinier de ‘Api Tahiti, il a opté pour la rédaction de deux ouvrages concomitants. "Je me suis confiné avant le confinement pour les écrire." Il a suivi pour fil directeur le titre donné au diptyque : "Rivalités et moins si affinités".

"Ce qui m’intéressait, au-delà du travail universitaire, c’était de laisser une trace de ce qu’ont été les metua." Un peu dans la veine de ce que Jean-Marc Regnault a déjà fait avec Pouvana’a Oopa. "Ce sont des personnages qu’on ne retrouvera plus, il est désormais impossible d’avoir 65 ans de vie politique !"

Les institutions ne le permettent pas, la société non plus. Internet, les réseaux sociaux n’accordent pas de longs parcours politiques. "Comment eux ont donc pu être ce qu’ils sont ?", interroge Jean-Marc Regnault. "Je parle d’une époque, de l’histoire."

Il en ressort deux ouvrages qui, comme les personnages qu’ils présentent, affichent points communs et différences. L’introduction est la même, mais "il me semble que celui sur Gaston Flosse est, disons, plus austère".

L’auteur insiste sur les institutions, la conception de l’autonomie, le rapport à l’économie. Des pages insolites, articles de presse, caricatures ponctuent chacun des chapitres pour tempérer l’austérité.

Le livre consacré à Oscar Temaru "me semble moins austère". Les entrées de chapitres, par exemple, font référence à des films, poèmes, ouvrages. Comme le premier, Oscar en mai, rappelant le long métrage "Milou en mai". Le passage consacré à l’ONU démarre par les paroles de la chanson de Liza Minnelli, New York New York, pour apporter "un peu de légèreté qui pourrait passer pour irrévérencieuse", reconnait Jean-Marc Regnault.

Ces parutions, quoi qu’il en soit, ont leur identité propre. Les couvertures en témoignent. "Oscar Temaru est indiscutablement océanien, il n’est que ça. Gaston Flosse est profondément océanien, mais également très attaché à une certaine France."

Jean-Marc Regnault raconte les parcours respectifs de l’un et de l’autre, les croisées de chemins sans entrer dans les détails de vie personnelle. "Ceux qui veulent des informations sur Flosse et les femmes peuvent lire Davet et Lhomme."

Question à… Jean-Marc Regnault

Que pensez-vous de la récente déclaration de Gaston Flosse, favorable à l’état souverain associé ?
"Politiquement, je n’en pense rien. Si l’on s’appuie sur une analyse historique, c’est une évolution que l’on sentait venir. Il y a une océanisation des esprits qui se fait dans tous les domaines depuis un moment. Dans l’ouvrage, je veux d’ailleurs montrer cette évolution. En 1980, Gaston Flosse se dit officiellement très anti-autonomiste, puis il dépose un projet de loi pour un statut d’autonomie. Les gens ont été estomaqués, le milieu d’affaires s’est inquiété. Et puis, finalement, les membres de son parti ont accepté l’idée et rallié sa cause. Il refait le même coup. Apparemment brutalement, il lance une idée, espérant qu’elle sera reprise par l’ensemble de son parti."

Vous semblez vouloir montrer les points communs entre les deux hommes, quels sont-ils ?
"Je m’intéresse à la vie politique locale depuis de très nombreuses années. Dans de précédents ouvrages, j’ai mis en relief les oppositions. Or, tendanciellement, au fil du temps, les idées de Gaston Flosse et d’Oscar Temaru se sont rapprochées. Voyez le cas Pouvana’a a Oopa, le nucléaire, la culture et la langue, le rapport à la France. Gaston Flosse montre aujourd’hui que ce rapport n’est plus par l’autonomie, il imagine autre chose."



Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 2 Juillet 2020 à 11:39 | Lu 1307 fois