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Deux quartiers de Faa'a créent leurs jardins partagés bios


Les apprentis jardiniers bio de Bio Tupuna et de Marutaha-Nui dans leur faapu partagé de Faa'a
Les apprentis jardiniers bio de Bio Tupuna et de Marutaha-Nui dans leur faapu partagé de Faa'a
PAPEETE, le 11 aout 2017 - C'est le projet d'une trentaine d'habitants de Faa'a : deux jardins partagés cultivés avec les techniques bio. Ces faapu fournissent les familles en légumes frais, sans pesticides et sans impact sur l'environnement. Un projet accompagné par l'OPH et la commune, qui veulent les généraliser à tous les quartiers.

Sur deux grands terrains en plein cœur des quartiers Te Vai Fafa'a et Boyer, dans la commune de Faa'a, les concombres, tomates, pota, haricots, pommes cythères naines et autres légumes tropicaux ont remplacé les mauvaises herbes et les détritus en quelques mois. Ce miracle est dû à l'installation de deux jardins partagés en octobre 2016, gérés par deux associations de quartier : Bio Tupuna et Marutaha-Nui. Une trentaine d'habitants du quartier ont bêché et planté jusqu'à transformer ces terrains en jardin d'Eden.

L'initiative, soutenue par la mairie de Faa'a et l'OPH, se base sur les techniques de l'agriculture biologique. Ces apprentis agriculteurs sont des citadins à la recherche d'emploi, et certains se sont plongés à corps perdu dans le monde de l'agriculture durable. C'est le cas de Benjamin Hiti, fondateur de Bio Tupuna, qui apprend tout ce qu'il peut auprès de l'expert en agriculture bio et en biodiversité engagé par l'OPH pour ce projet. Son but : monter son faapu bio puis transmettre tout ce savoir et ces techniques agricoles aux prochaines générations, afin de conduire doucement à un changement général de notre alimentation.

L'OPH VEUT GÉNÉRALISER LES JARDINS PARTAGÉS BIO

Et déjà ces efforts paient. En quelques mois, les faapu de ces deux quartiers ont commencé à produire des légumes en quantité. Une production répartie entre les bénévoles qui entretiennent ces jardins, des gens loin d'être fortunés qui profitent de légumes aussi frais et sains que possible. Un luxe que même les beaux quartiers leurs envient…

Ces terrains appartiennent à l'aviation civile et sont en cours de transfert au Pays, qui compte les affecter à l'OPH pour la construction de logements semi-collectifs. En attendant ces constructions prévues pour 2019, les terrains sont affectés par l'Office à ces faapu de quartier. Ils servent surtout de sites expérimentaux pour l'OPH, qui va généraliser les jardins partagés dans tous ses nouveaux projets de constructions sur la commune, dans le cadre du programme "Eco-quartier" de la commune de Faa'a.

Tout cela fait partie d'une grande stratégie du Pays, de la CPS et des communes pour changer les habitudes alimentaires, limiter l'usage des pesticides et ainsi lutter contre les maladies non-transmissibles. Célia Tetavahi, coordinatrice de projet à l'OPH, nous explique que "le but est de généraliser ces jardins partagés à l'ensemble des communes. Nous voulons fédérer les associations de quartier sur ces enjeux des habitudes alimentaires et de l'agriculture durable. Il y a d'autres projets en cours dans ces quartiers, dont une grande fresque végétale et un potager vertical avec l'association Marutaha-Nui."



Benjamin Hiti, responsable de l'association Bio Tupuna

"L'objectif c'est vraiment de réapprendre ces techniques utilisées par nos ancêtres"

"Bio Tupuna est une toute jeune association du quartier Te Vai Fafa'a de Hotuarea, là on est deux dans l'association, mais quand on travaille sur le jardin on rassemble une vingtaine de personne, des jeunes et des adultes du quartier. On s'est joint à l'association Marutaha-Nui du quartier Boyer pour créer ces jardins partagés.

C'est un terrain qu'on nous prête pour ce projet, et on a décidé de toute faire en bio. Nos ancêtres faisaient déjà ça comme ça, mais ils n'avaient pas autant de connaissances que l'on a aujourd'hui, on peut aller plus loin. C'est pour ça que nous sommes heureux d'avoir Gilles (Tehau Parzy), un expert de la biodiversité qui est là pour partager ses connaissances avec nous. Il nous apprend beaucoup de choses, on a eu une fois un cours théorique, mais la plupart du temps c'est de la pratique, il vient une fois par semaine. C'est quelqu'un qui connait tout sur son métier.

Pour nous l'objectif c'est de réapprendre ces techniques utilisées par nos ancêtres et de les compléter avec les connaissances actuelles et les plantes adaptées au climat. Pour moi c'est vraiment quelque chose dont je veux faire mon métier, donc j'apprends autant que je peux. Ensuite je pourrai enseigner à mon tour, surtout aux petits. Il faut aussi changer notre alimentation ici en Polynésie… Mais je dois commencer ici, dans mon propre quartier."


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Vendredi 11 Août 2017 à 17:45 | Lu 5540 fois