
Un accès PMR serait le bienvenu, mais c’est surtout un pont qui est attendu (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 24 février 2025 – Un an après la pose de la passerelle piétonne dans le quartier Faaiti de Mahaena, les victimes des intempéries de décembre 2023 n’ont toujours pas retrouvé la sérénité. Urgences, soins médicaux, courses, collecte des ordures et autres trajets quotidiens sont devenus “une épreuve”. Au-delà de l’accès aux personnes à mobilité réduite, les habitants interpellent les autorités sur la nécessité d’un pont pour garantir la traversée des voitures, “comme avant”.
Après avoir vécu l’isolement en décembre 2023 suite à l’entrée en crue de la rivière Tevaifaaara qui avait emporté leur pont, les 200 habitants du quartier Faaiti de Mahaena n’ont toujours pas retrouvé la sérénité. Posée en février 2024, la passerelle piétonne commandée en urgence par le ministère de l’Équipement n’a permis de restaurer qu’une partie des déplacements, excluant les personnes à mobilité réduite (PMR) et les voitures. Ces dernières ont toujours la possibilité d’emprunter le radier aménagé en amont, mais cette alternative est soumise aux conditions météorologiques et n’est pas adaptée aux citadines.
Après avoir vécu l’isolement en décembre 2023 suite à l’entrée en crue de la rivière Tevaifaaara qui avait emporté leur pont, les 200 habitants du quartier Faaiti de Mahaena n’ont toujours pas retrouvé la sérénité. Posée en février 2024, la passerelle piétonne commandée en urgence par le ministère de l’Équipement n’a permis de restaurer qu’une partie des déplacements, excluant les personnes à mobilité réduite (PMR) et les voitures. Ces dernières ont toujours la possibilité d’emprunter le radier aménagé en amont, mais cette alternative est soumise aux conditions météorologiques et n’est pas adaptée aux citadines.
“Sortir est devenu une épreuve”
C’est ce que nous a confié Nina Teriitaumihau, parmi tant d’autres contraintes quotidiennes : “Depuis les inondations, notre voiture est bloquée de l’autre côté de la rivière, car elle est trop basse pour traverser le radier. Ma mère, qui a des problèmes pulmonaires, ne peut pas se déplacer à pied les jours où elle n’est pas en forme. Elle reste beaucoup plus à la maison, parce que sortir est devenu une épreuve. Ça la fatigue énormément. Les courses, quand il fait beau, ça va : on traverse le radier à pied pour faire au plus court. Quand il pleut, on doit faire le grand tour par la passerelle sous la pluie avec les sacs. Ça complique les interventions des ambulances. Et les infirmiers ne passent plus : on amène les personnes jusqu’à la passerelle pour faire les soins. Pareil pour les poubelles : quand il pleut et que le radier n’est pas accessible, la collecte est reportée. On nous fait des promesses, mais depuis un an, on n’a aucune nouvelle !”
Handicapé des deux jambes, Horley Uraeva se “débrouille”, davantage inquiet pour sa mère “qui aura bientôt 70 ans”. La situation est particulièrement douloureuse chez Miriama Tairua : “Mon oncle est dialysé trois fois par semaine et en rééducation suite à une amputation. Il est en famille d’accueil à Papeno’o, alors qu’il a sa maison ici. Ça nous fait de la peine, mais il n’était plus en sécurité. Mes neveux étaient obligés de le porter pour traverser”. Concernant l’accès PMR, des mesures auraient été effectuées la semaine dernière, mais après un an d’attente, les habitants interrogés considèrent que l’ajout d’une rampe ne sera pas suffisant.
Les plus petits gestes du quotidien sont devenus pesants. “On doit laisser nos petites voitures loin de chez nous pour éviter de les abîmer. On ne peut pas non plus les laver. Pour aller chercher la bombonne de gaz, il faut la porter vide à l’aller et pleine au retour jusqu’à la maison. Le matériel de construction ou les gros équipements électroménagers, c’est pareil. On va tous vieillir et on ne peut pas continuer comme ça !”, s’agace un riverain. Depuis la catastrophe, le courrier n’est plus distribué à domicile. Quant aux quelques agriculteurs, la brouette reste parfois le meilleur moyen de locomotion.
“Retrouver notre pont comme avant”
“Mon chéri travaille à Taravao, et ça lui arrive souvent de quitter tôt ou de rentrer tard. Il passe avec notre 206, mais s’il pleut trop fort, il doit faire le tour et marcher dans le noir. Heureusement qu’il y a un habitant qui vient avec son équipe et sa drague pour entretenir le radier de temps en temps, surtout après les grosses pluies”, remarque Émilie Tematafaarere. Émue aux larmes, Kaline Lucas interpelle jusqu’au président de la Polynésie française, Moetai Brotherson : “Tout ce qu’on souhaite, c’est retrouver notre pont comme avant. Notre vie est devenue compliquée. On a besoin d’aide ! Pour mon papa qui est malade, tous nos anciens et nous tous”.
Les habitants se sentent abandonnés par les autorités. Interrogé sur cette situation qui perdure, l’adjoint au maire de Hitia’a o te Ra en charge de la commune associée de Mahaena, Abel Tehotu, nous a indiqué que le sujet était régulièrement abordé en conseil municipal. “On attend la réponse du territoire, mais dans la réalité, on ne peut plus attendre. C’est vraiment urgent : pour la sécurité et parce qu’on ne peut pas laisser les gens vivre comme ça. On est en train de monter un dossier pour demander à l’État et au Pays de nous aider à retrouver un pont pour le passage des véhicules”, conclut le tāvana, sans avancer de délai.
Lassés d’attendre, en décembre dernier, des riverains ont cimenté une rampe de fortune sur l’escalier menant à la passerelle, afin de faciliter le passage des deux-roues.