Tahiti Infos

Des cadres de LFI dénoncent dans une note le fonctionnement du mouvement


Paris, France | AFP | jeudi 05/06/2019 - Quarante-deux cadres et militants de La France insoumise dénoncent le fonctionnement du mouvement où n'existe "aucune véritable instance de décision collective", dans une note interne dévoilée jeudi par Le Monde et dont l'AFP a obtenu copie.

Après "le fort recul de LFI aux élections européennes" - 6,31% des voix - et de premières contestations du fonctionnement et de la ligne du mouvement, notamment par la députée Clémentine Autain, ces signataires appellent les dirigeants à "repenser le fonctionnement" du mouvement.
Les signataires demandent aussi une "assemblée constituante du mouvement pour la rentrée".
Le texte, diffusé mercredi, met une pression supplémentaire sur le chef de file Jean-Luc Mélenchon, qui a dit devoir s'exprimer "après le 6 juin" sur la suite concernant LFI et lui-même.
"Si les causes de l’échec sont multiples, notre conviction est qu’il est en grande partie lié au mode de fonctionnement de notre mouvement depuis sa création", écrivent les signataires, parmi lesquels l'ex-coordinatrice du programme Charlotte Girard, la responsable de l'Ecole de formation insoumise Manon Le Bretton et le responsable de la section dédiée aux luttes sociales Philippe Juraver.
En parallèle de la création d'outils de fonctionnement horizontaux à la base, "aucune véritable instance de décision collective ayant une base démocratique n’a été mise en place", constatent-ils.
Selon les auteurs, "les décisions stratégiques fondamentales sont finalement prises par un petit groupe de personnes, dont on ne connaît même pas précisément la démarcation - prérogatives, champ d'action, identité, statut - sans qu’ils aient pour autant reçu de véritable délégation de la part du mouvement pour le faire".
Un "fonctionnement dangereux pour l'avenir du mouvement", estiment les signataires: "La campagne des élections européennes a été particulièrement impactée par ces incertitudes (tiraillements programmatiques autour de la stratégie plan A/plan B (pour renégocier les traités, NDLR), mot d’ordre de +référendum anti Macron+, relativisation du rôle des députés européens, (...) annonce d'une +fédération populaire+ à venir...)".
"Dangereux" aussi parce qu'ayant conduit à de multiples départs et exclusions ces derniers mois, avec fracas ou "silencieux", ajoutent-ils.
La "prétention de construction d’un mouvement suffisamment +gazeux+ pour être à l’abri des tensions entre +courants+ ou +fractions+, et à l’abri des enjeux de pouvoir, est un leurre", assènent-ils.
Le député Eric Coquerel a admis après les élections européennes qu'une instance de décision collective manquait à LFI, promettant une solution à la prochaine "Assemblée représentative" des Insoumis, le 23 juin.
Mais les signataires réclament que, contrairement à ce qu'il s'est passé à leurs yeux lors de réunions précédentes, "les Insoumis (y) aient la possibilité de proposer des textes au vote de l'Assemblée, textes qui trancheront la ligne politique à suivre".

le Jeudi 6 Juin 2019 à 02:35 | Lu 388 fois