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Deezer à l'assaut de la planète musique, va défricher nouveaux pays et usages


Deezer à l'assaut de la planète musique, va défricher nouveaux pays et usages
PARIS, 27 oct 2012 (AFP) - Deezer, l'une des plus éclatantes réussites de la high tech française, est partie à l'assaut de la planète musique, avec la volonté de défricher nouveaux usages et nouveaux pays, forte des 100 millions d'euros apportés par le milliardaire russo-américain Len Blavatnik.

L'injection de fonds du propriétaire du label Warner Music est inédite en France pour une société aussi jeune. Elle valoriserait le site musical entre 500 et 600 millions d'euros, selon les calculs de certains analystes.

"Il faut considérer cette somme non pas à la hauteur de ce que nous sommes, mais de nos ambitions", lance le PDG Axel Dauchez.

L'alliance avec M. Blavatnik a été annoncée à la mi-octobre à Londres, ville où est installée son grand concurrent Spotify, depuis les studios mythiques d'Abbey Road, chers aux Beatles.

S'il reste discret sur le niveau de participation du nouvel investisseur, M. Dauchez récuse toute idée de conflit d'intérêts.

"Warner a l'obligation de travailler aussi bien avec Deezer qu'avec Spotify ou iTunes", et "idem pour Deezer avec Warner, Universal ou Sony", explique-t-il.

"Il y a un intérêt absolument objectif pour les deux parties à être strictement indépendantes l'une de l'autre", assure M. Dauchez. Et d'ajouter mezza-voce: "et puis Access possède 100% de Warner mais peut-être seulement... une petite minorité de Deezer".

Pas beaucoup plus disert sur les objectifs financiers de la nouvelle pépite du web musical, il rappelle qu'entre 2010 et 2011 elle a presque triplé ses revenus et il avance pour 2016 un objectif de chiffre d'affaires d'un milliard de dollars (environ 775 millions d'euros).

Deezer est rentable depuis 2010. "Et même si la dernière levée de fonds ouvre une phase d'investissements" pour 2012 et 2013, qui va obérer sa rentabilité, l'entreprise table sur un retour des bénéfices dès 2014.

Avec ce pactole, M. Dauchez, recruté chez Deezer en 2011, veut "recréer de l'engagement autour de la musique" pour lui redonner "la valeur qu'elle a perdue avec la disparition du disque".

l'innovation viendra des "geeks"

Ce polytechnicien, "amateur de Stan Getz et de classique", veut pour cela "redéfénir la géographie" de la musique, en contournant - du moins pour l'instant - les Etats-Unis, "un marché où tout est plus cher" et "la compétition plus difficile".

"Aujourd'hui, la croissance du marché est ailleurs", fait-il valoir. Et de rappeler que, l'an dernier, il y avait déjà "plus de smartphones dans le reste du monde qu'au sein de l'ensemble formé par les Etats-Unis, l'Europe, et le Japon", souligne ce vétéran du marketing issu des rangs de Procter and Gamble.

Deezer "ne cherche donc pas à être dans les petits pays, puis les moyens, puis les gros, mais partout, avec une expression très locale du produit".

Cette ambition cible "les marchés vierges et à forte croissance", en Amérique du Sud, au Moyen Orient, en Asie et en Afrique.

Deezer multiplie à cet effet les partenariats avec les opérateurs de téléphonie régionaux, mais s'appuie aussi largement sur Facebook pour le recrutement direct de ses abonnés qui sont aujourd'hui 2 millions.

Le responsable de la technologie et fondateur de Deezer, Daniel Marhely, se concentre pour sa part sur l'innovation.

"Aujourd'hui, constate-t-il, on n'est qu'à un tiers des usages possibles". Ils se donne "cinq ans pour en couvrir une bonne partie".

Il rêve ainsi de fédérer autour de sa plateforme une communauté de "geeks", car "une bonne partie de l'innovation viendra d'eux. Nous, on fournit l'outil". "On vise le petit développeur qui a quinze ans dans son garage, la PME, ou la grosse structure pour toucher tout le spectre, et créer de nouveaux usages en permanence".

rhl/fga/ed

Rédigé par AFP le Vendredi 26 Octobre 2012 à 21:05 | Lu 485 fois