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Déconfinement Jour J: la France se remet progressivement en mouvement


Paris, France | AFP | lundi 11/05/2020 - Des masques dans les transports, une circulation fluide sur les routes et de rares cyclistes bravant le froid et la pluie... La France se remet progressivement en état de marche lundi après un confinement inédit de 55 jours sur fond de crainte que la reprise déclenche une nouvelle flambée de l'épidémie de coronavirus.

"On va devoir vivre avec le virus pendant quelque temps et la levée du confinement ce n'est pas la reprise de la vie comme avant", a rappelé le ministre de la Santé Olivier Véran sur BFMTV.

Après quelques points de tension tôt lundi matin dans le métro parisien, "aucun incident majeur n'a été constaté sur le réseau ce matin", a indiqué la RATP dans un communiqué ajoutant que "les retours du terrain montrent un respect global des consignes sur le réseau".

La SNCF a fait le même constat. "Les premiers trains du matin étaient un peu plus chargés sur le RER B, mais la situation est restée sous contrôle", a indiqué un porte-parole à l'AFP.  

Quasiment tous les voyageurs des transports en commun portaient des masques, ont constaté des journalistes de l'AFP. Pour ceux qui n'en avaient pas, des distributions étaient organisées devant plusieurs stations.

Toujours dans la capitale, le froid a découragé les cyclistes y compris sur les nouvelles pistes cyclables installées rue de Rivoli par la mairie de Paris.

En régions, la situation était également calme. A Marseille, la gare Saint-Charles, plateforme de connections entre bus interurbains, trains et métro, ne connaissait pas le bouillonnement habituel d'un lundi matin.

Discipline et pluie battante

L’affluence restait également faible dans le métro lyonnais, avec des voyageurs disciplinés: masqués et distants les uns des autres.

"Il ne faut pas qu'on revienne à un épisode où le coronavirus reprendrait", a affirmé le maire de Lyon Gérard Collomb, en marge d'une visite d'une école. "On va rouvrir parcs et jardins mais on ne va pas pouvoir faire tout en même temps", a-t-il dit en précisant que "les jeux pour enfants resteront inaccessibles".

Aucun embouteillage notable n'était signalé sur l'ensemble du réseau routier.

A Montpellier, lundi matin, sous une pluie battante, un nombre de voitures plus important que pendant le confinement circulaient autour du centre historique piétonnier. Mais l'affluence restait loin de celle d'un lundi normal. Les tramways portant l'inscription "pas trop proches… Un autre tram arrive !" étaient quasiment vides et les pistes cyclables, y compris la quinzaine de kilomètres ajoutés à l'occasion du déconfinement, très peu fréquentées sous le déluge.

A Strasbourg, une pluie drue et un fort vent ont découragé beaucoup d'habitants de sortir. Le centre-ville, où le vélo est habituellement roi, était quasiment vide de cyclistes comme de piétons, a constaté un photographe de l'AFP.

En Bretagne, les plages devaient rester fermées ce lundi.

"Vivre avec le virus"

"Les enjeux aujourd'hui, c'est d'éviter qu'on ait à nouveau un nombre de cas très importants qui seraient susceptibles de saturer à nouveau nos services d'urgence", a affirmé de son côté sur RTL Odile Launay, infectiologue, cheffe de service à l'hôpital Cochin. 

"Il faut que les Français s'habituent à vivre avec le virus, qu'ils changent en partie leur mode de vie", a-t-elle ajouté.

Le bilan quotidien des morts du Covid-19 est retombé dimanche à 70, au plus bas depuis la mise sous cloche du pays le 17 mars. Mais le bilan total reste lourd, avec au moins 26.380 décès, dont 9.738 dans les maisons de retraite. Même si la pression sur les urgences se réduit toujours.

La loi d'état d'urgence sanitaire n'a pas été promulguée dimanche soir comme espéré par le gouvernement, le Conseil constitutionnel devant l'examiner seulement lundi. Ceci repousse à lundi soir, sous réserve de cet aval, l'entrée en vigueur de deux dispositions phare: la limitation des déplacements à 100 km et l'attestation obligatoire dans les transports en commun.

Cette remise en mouvement, vitale pour relancer une économie plongée dans une récession jamais vue depuis la Deuxième guerre mondiale avec un chômage partiel touchant plus de 12 millions de personnes, inquiète au plan sanitaire.

A ce sujet, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a confirmé que le dispositif de prise en charge du chômage partiel allait être progressivement réduit, estimant que l'Etat n'avait pas vocation à continuer de payer "l'intégralité des salaires" du secteur privé.

"Nous entrons dans un monde qui est nouveau, dans lequel il faut que nous apprenions à conjuguer activité économique, travail et circulation du virus, et le succès de ce défi que nous avons à relever, il dépendra de chacun d'entre nous", a affirmé le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, sur BFM Business.

Quatre régions en "rouge"

Autre dossier brûlant, le retour à l'école qui inquiète élus locaux, profs et parents.

Les maires de Rennes, Strasbourg, Cannes et du 9e arrondissement de Paris ont insisté lundi au micro de France Inter sur la "progressivité" de la sortie du confinement et du retour à l'école des enfants, appelant à la "prudence".

En Corse, seules 35 écoles sur 257 rouvriront mardi, soit 1,6% des élèves du premier degré accueillis, selon le rectorat.

"Près de 86%" des 50.500 écoles de France vont ouvrir, pour accueillir "plus de 1,5 million d'enfants", sur un total de 6,7 millions d'écoliers en maternelle et élémentaire, a assuré au Journal du Dimanche le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer.

Le déconfinement marque la fin des attestions à remplir pour tout déplacement. Et la distance dont on peut s'éloigner de son domicile passe de 1 à 100 kilomètres (une raison "impérieuse", notamment familiale ou professionnelle, sera nécessaire pour aller au-delà). L'interdiction de socialiser est également assouplie et les rassemblements jusqu'à dix personnes autorisés, dans le respect des "gestes barrière".

Quatre régions (Ile-de-France, Hauts-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté) et 32 départements, dont Mayotte, où vivent quelque 27 millions de Français au total, restent classées "rouge" en raison de la circulation toujours rapide du virus et du risque de saturation des hôpitaux.

le Lundi 11 Mai 2020 à 07:01 | Lu 539 fois