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Déchets : une unité de pyrolyse en projet à la décharge de Faa'a


FAAA, 12 juillet 2018 - Le maire de Faa'a évoque l'installation prochaine d'une unité de transformation des déchets par pyrolyse à la décharge municipale de Saint-Hilaire. Le projet serait porté par une entreprise hawaiienne. Une unité d'essai pourrait être mise en service dès septembre.

"Aujourd’hui, je suis comme Saint Thomas après ce qu’il s’est passé à Tipaerui (Tamara Nui, ndlr)", a cependant commenté le maire de Faa’a, jeudi matin. Oscar Temaru organisait une conférence de presse pour faire "une mise au point" au sujet du rapport de la Chambre territoriale des comptes sur la gestion de la commune de 2012 à 2017 transmis aux élus municipaux fin juin dernier.

Comme en 2011, la juridiction financière y réitère une recommandation de fermeture de la décharge municipale de Saint-Hilaire, qui selon elle fait peser des risques juridiques, environnementaux, financiers et de santé publique à Faa’a.

C’est dans ce contexte que fin juin, Oscar Temaru avait laissé entendre qu’un projet "révolutionnaire" était actuellement à l’étude pour offrir une alternative à cette décharge à ciel ouvert. Mais il n’avait pas souhaité être plus précis. Il est entré dans le détail de ce projet en marge de la conférence de presse organisée jeudi matin à la mairie de Faa’a.

Un équipement serait même en cours d’acheminement vers Tahiti où il pourrait arriver mi-août prochain. Pour l’instant, il ne s’agirait que d’une unité de transformation pouvant traiter 8 tonnes de déchets par jour, hors encombrants métalliques. Le dispositif fonctionnerait sur le principe de la pyrolyse ou Thermal conversion of organic matter (TCOM). Les déchets préalablement déshydratés sont portés à des températures au-delà de 800 °C et se décomposent en gaz et matière. L’opération est réalisée dans un environnement pauvre en oxygène pour éviter la production de flammes. L’opération de pyrolyse permet d’obtenir un solide carboné, une huile et un gaz. Après avoir été démarré, l’équipement serait autosuffisant énergétiquement.

Pour Oscar Temaru, ce dispositif aurait la vertu d’être "modulable" et facilement exportable dans les archipels. L'unité de transformation est contenue dans un conteneur de 20 pieds (6 mètres) et nécessite une surface de 1000 mètres carrés pour accueillir son stock de déchets.

Questionné en marge de cette conférence de presse, un collaborateur du tavana indépendantiste indique que ce projet serait en réalité porté par une société hawaiienne en lien avec des proches du gouvernement Fritch. Le projet aurait été présenté il y a déjà plusieurs mois au maire de Faa’a et serait à l'étude depuis.

La municipalité de Faa’a envisage de libérer une parcelle de 5000 mètres carrés au-dessus de la décharge de Saint-Hilaire pour y installer l’unité de transformation. "J’y crois beaucoup, parce que c’est bien la première fois que nous allons travailler ensemble avec le Pays", a commenté Oscar Temaru, jeudi. "La commune de Faa’a va fournir les déchets. On va s’occuper du terrassement d’un terrain, avec la participation de l’équipement. Les essais dureront ensuite au moins 6 mois. Et nous allons certainement inviter les tavana des autres communes à venir voir lorsque ces machines seront installées".

Si l'essai s'avère concluant, une société d'économie mixte pourrait être constituée. Pour l'instant, la décharge de Saint-Hilaire reçoit quotidiennement "de 40 à 80 tonnes" de détritus dont la moitié en déchets verts.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 12 Juillet 2018 à 14:25 | Lu 2806 fois