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Début de la mission du Groupe Mélanésien Fer de Lance en Nouvelle-Calédonie


Début de la mission du Groupe Mélanésien Fer de Lance en Nouvelle-Calédonie
NOUMÉA, mardi 14 août 2012 (Flash d’Océanie) – Un groupe de hauts représentants du Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL) a entamé mardi en Nouvelle-Calédonie une mission de cinq jours visant à évaluer l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Accord de Nouméa dans cette collectivité française du Pacifique.
Ce groupement de quatre États mélanésiens (Vanuatu, Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée, îles Salomon) et du mouvement indépendantiste néo-calédonien FLNKS avait effectué des missions similaires au cours des dernières années, la plus récente remontant à 2010.
Cette année, alors que la Présidence du GMFL est toujours assurée par Fidji, c’est le ministre des affaires étrangères de cet archipel, Ratu Inoke Kubuabola, qui dirige le groupe, par ailleurs constitué, entre autres, des chefs de la diplomatie de Vanuatu, de Papouasie-Nouvelle-Guinée et des îles Salomon.
Les premières rencontres de cette mission prévue pour s’étaler du 13 au 18 août 2012 ont été consacrées au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et son Président Harold Martin, au siège du gouvernement de Nouméa, au Congrès de la Nouvelle-Calédonie et son Président Roch Wamytan (membre du parti Union Calédonienne, composante du FLNKS), aux représentants de l’État français (Haut-commissariat de la République), ou encore au Sénat coutumier.
Au menu des discussions : l’évaluation de l’avancement de la mise en œuvre de l’Accord de Nouméa, qui trace une feuille de route pour la Nouvelle-Calédonie (avec un référendum d’autodétermination possible entre 2014 et 2018 et un transfert progressif des compétences de l’État aux autorités locales).

Concernant ce sommet 2013, dont les modalités restent encore à déterminer, un membre du bureau politique du FLNKS, Yvan Faua (membre d’une des composantes du FLNKS, le RDO -Rassemblement Démocratique Océanien-, déclarait mardi à la télévision locale, Nouvelle-Calédonie 1ère qu’à l’occasion de la tenue de ce sommet à Nouméa, « on va envisager effectivement de pouvoir substituer au FLNKS la Nouvelle-Calédonie au sein de ce mouvement ».
Le groupe de personnalités mélanésiennes, au courant de cette semaine, devrait effectuer des déplacements aux îles Loyauté (Lifou) et au Nord de l’île principale, la Grande Terre, notamment sur les sites d’un chantier de construction, en cours de réalisation d’un projet d’usine de nickel emblématique d’un mouvement de « rééquilibrage » économique qui a préconditionné la signature de l’Accord de Nouméa, en mai 1998, entre groupes politiques favorables et défavorables à l’indépendance et le gouvernement français.

Un précédent projet de mission en Nouvelle-Calédonie, annoncé par le Groupe Fer de Lance en juin 2012, avait été « reporté ».
Cette mission, dans sa configuration initiale, prévoyait que cette délégation mélanésienne soit conduite par le Contre-amiral Premier ministre fidjien Franck Bainimarama, qui dirige cet archipel depuis son putsch du 5 décembre 2006.
Dans sa configuration définitive, le groupe est toujours placé sous présidence de Fidji (qui assure actuellement la Présidence du GMFL), mais de son chef de la diplomatie, Ratu Inoke Kubuabola.
Officiellement, le Contre-amiral « n’était pas disponible » pour mener la délégation en Nouvelle-Calédonie, affirmait Suva ce week-end.
Le premier projet de visite, sous la houlette du Contre-amiral, avait été annoncé pour fin juin 2012.
Mais la visite avait ensuite été « reportée », Fidji et le siège du GMFL à Port-Vila citant comme principale cause le fait que des « évolutions politiques » étaient entre-temps intervenues dans le paysage néo-calédonien.
Parmi ces évolutions : le fait qu’un ancien Président de gouvernement de Nouvelle-Calédonie et chef de file du parti Calédonie Ensemble, Philippe Gomès, ainsi que Mme Sonia Lagarde, du même parti, ont tous deux été élus députés à l’Assemblée Nationale française à l’issue des législatives de juin 2012.

Dès les premières annonces concernant ce projet de visite du GMFL, en mars 2012 (après le sommet des dirigeants de ce groupement subrégional, à Suva), M. Gomès, s’était positionné en fer de lance d’une opposition locale au fait que le dirigeant fidjien conduise ce groupe mélanésien dans le cadre de cette mission en Nouvelle-Calédonie.
M. Gomès avait alors saisi le ministère français des affaires étrangères.
Lors d’une visite à Paris, début juillet 2012, dans le cadre de leur nouveau mandat électif, les deux nouveaux députés avaient par ailleurs rencontré des responsables du nouveau gouvernement français pour réitérer, entre autres sujets, leur opposition à ce projet de mission GMFL menée par le Contre-amiral fidjien.
M. Gomès avait toutefois souligné que ce n’était pas la mission GMFL en elle-même qui faisait problème, mais le fait qu’elle soit conduite par « quelqu’un qui a conquis le pouvoir par la force des armes en dehors de tout respect des échéances démocratiques ».
En visite à Paris lui aussi début juillet 2012, Roch Wamytan Président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie et membre du FLNKS, lors d’un passage au Quai d’Orsay (ministère français des affaires étrangères) recevait lui aussi confirmation que la notion d’une mission en Nouvelle-Calédonie du GMFL, si elle était conduite par le Contre-amiral fidjien, ne se situait pas dans le domaine de l’acceptable.
Le « report » de la mission du GMFL en Nouvelle-Calédonie, annoncé fin juin 2012, avait suscité une visite à Port-Vila (Vanuatu, siège de cette organisation), puis à Suva, de la part de Victor Tutugoro, membre du bureau politique du FLNKS.
Lors de son passage à Suva, M. Tutugoro avait alors reçu des « assurances » de la part du Contre-amiral concernant l’engagement du GMFL sur le dossier de la Nouvelle-Calédonie.

Le sujet s’était aussi invité lors des célébrations de la fête nationale française du 14 juillet 2012, à Suva.
Lors de la réception donnée à cette occasion par l’ambassadeur de France, Gilles Montagnier, ce dernier avait consacré une « parenthèse » dans son discours officiel à un rappel du principe de non-ingérence.
« La France, grâce à ses trois collectivités territoriales, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie Française et Wallis et Futuna est un pays du Pacifique Sud », avait-il alors rappelé.
« À ce sujet, j’ouvre une parenthèse et je dis solennellement ceci. Dans ces trois collectivités existe un débat politique, comme dans toute démocratie. Ce débat est un débat de politique intérieure française et doit être considéré comme tel par nos amis. Si, un jour, ces collectivités devaient revoir leurs relations avec la France, ce serait sur la base d’un vote majoritaire des populations concernées, sur le principe que reconnaissent toutes les démocraties, ‘un homme, une voix’ et non sous la pression de tel ou tel pays ou de tel ou de tel groupe de pays », avait-il ajouté.

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Rédigé par PAD le Mardi 14 Août 2012 à 05:53 | Lu 775 fois