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Débats animés au parlement britannique sur des élections anticipées


Londres, Royaume-Uni | AFP | mardi 29/10/2019 - Les députés britanniques débattaient, mardi, dans une atmosphère électrique, de l'organisation d'élections législatives anticipées voulues par Boris Johnson en décembre pour sortir le Brexit de l'impasse et désormais soutenues par le chef du principal parti d'opposition.

Après le troisième report de la sortie de l'Union européenne accordé par Bruxelles, le Premier ministre conservateur s'est lancé dans une nouvelle tentative d'appeler les Britanniques aux urnes. Il espère ainsi se redonner la majorité absolue, ce qui lui permettrait d'enfin honorer sa promesse de mettre en œuvre le Brexit, pour lequel les Britanniques ont voté à 52% au référendum de juin 2016.
Les députés doivent se prononcer mardi sur ce scrutin visant à sortir le Royaume-Uni de la profonde crise politique dans laquelle il est plongé. Jusqu'à présent réticents, les travaillistes ont fini par s'y résoudre.
"Notre condition d'exclure une sortie sans accord est désormais remplie", avec le nouvel ajournement du Brexit accepté par l'Union européenne, a déclaré le chef du Labour, Jeremy Corbyn  promettant "la campagne la plus ambitieuse et la plus radicale pour un véritable changement que notre pays ait jamais vue".
Malgré ce soutien de poids, les débats animés opposaient les députés, déterminés à introduire des clauses supplémentaires. Plusieurs amendements pourraient être attachés, contrariant les plans du gouvernement. Ils seraient susceptibles de permettre aux ressortissants de l'UE vivant au Royaume-Uni -très majoritairement hostiles au Brexit-, ou aux mineurs dès 16 ans, de voter.
Si le gouvernement souhaite des élections le 12 décembre, la date pourrait également être modifiée.
Des élections sont "la seule façon maintenant de faire avancer ce pays", a plaidé  Boris Johnson devant les députés, dénonçant l'"obstructionnisme parlementaire".
Lundi, la Chambre des communes avait rejeté le texte du gouvernement en vue de convoquer des élections le 12 décembre, dont l'approbation requérait la majorité des deux tiers. Mais résolu à mettre un terme à cette "paralysie", le chef du gouvernement a aussitôt organisé un nouveau vote mardi au Parlement. 
Mettant à profit les subtilités du système électoral britannique, il présente un texte ne rendant nécessaire qu'une majorité simple mais ouvrant la voie à une bataille d'amendements, notamment sur la date des législatives.
Outre la procédure, ce qui a changé en 24 heures, c'est que l'opposition a obtenu l'assurance qu'il y aurait pas de Brexit avant les élections. La motion rejetée lundi donnait le temps au Parlement d'entériner ou de rejeter dans les jours qui viennent l'accord de sortie de l'UE négocié par Boris Johnson à Bruxelles.
Compte-tenu des modalités du report accordé par l'Union européenne, une ratification par les députés en novembre aurait entraîné un départ automatique au 1er décembre, avant les législatives.
Impensable pour les opposants à cet accord. Après des assurances des conservateurs selon lesquelles l'accord de divorce ne serait plus soumis à des débats, plusieurs partis d'opposition se sont donc dits prêts à soutenir le principe d'un scrutin anticipé.
 

- Dernier report ? -

 
Boris Johnson est arrivé au pouvoir en juillet en promettant que le Brexit aurait lieu "coûte que coûte" le 31 octobre. Il avait assuré qu'il préférait être "mort au fond d'un fossé" plutôt que demander un nouvel ajournement.
Si "le Parlement résiste" et bloque l'organisation d'élections, "je voudrais exhorter les Etats membres de l'Union européenne à indiquer clairement qu'un autre report (du Brexit) après le 31 janvier n'est pas possible", a écrit Boris Johnson au président du Conseil européen, Donald Tusk, prenant acte de la décision européenne.
Plus de trois ans après le vote des Britanniques en faveur d'un départ du Royaume-Uni de l'Union européenne, le Brexit initialement prévu pour le 29 mars 2019 a déjà été repoussé au 12 avril puis au 31 octobre. 
L'ajournement octroyé lundi prévoit une date butoir au 31 janvier mais avec la possibilité pour le Royaume-Uni d'avoir quitté l'UE au 30 novembre ou au 31 décembre en cas de ratification de l'accord de sortie avant ces échéances, selon un document vu par l'AFP.
La France, le pays le plus réticent à un report long, a donné son aval à cette nouvelle prolongation, tout en l'assortissant de conditions. La décision s'accompagne d'une déclaration politique dans laquelle l'UE exclut toute renégociation de l'accord conclu avec Boris Johnson et réclame à Londres de proposer un candidat britannique pour un poste de commissaire européen.

le Mardi 29 Octobre 2019 à 05:58 | Lu 243 fois