Tahiti Infos

De lourdes peines requises contre les organisateurs de "narcocroisières"


Marseille, France | AFP | vendredi 02/06/2017 - Trente-trois condamnations allant jusqu’à 15 ans de prison ont été requises, vendredi à Marseille, contre les organisateurs et les "petites mains" d’un trafic international ayant utilisé les lignes des croisières Costa pour le transport de cannabis et de cocaïne entre l’Europe, le Maroc et le Brésil.

La procureure Audrey Jouaneton a qualifié les principaux prévenus d'"étoiles montantes du banditisme azuréen". Les peines les plus lourdes ont été réclamées contre "le pool de tête, ceux qui ont organisé le trafic": 15 ans contre Karim Moutakhaouil, un Niçois en fuite, 13 ans contre Victor Sanches Tavares, placé "au sommet de la pyramide", 10 ans contre Abdelilah Amri, en lien avec les narcotrafiquants brésiliens. Une peine de 9 ans de prison a aussi été réclamée contre Domenico Stanganelli.

Mme Jouaneton a relevé le caractère "innovant" et "inédit" de ce trafic utilisant les lignes de croisières pour transporter la drogue: "Ils avaient ouvert une nouvelle route de la drogue entre le Maroc et le Brésil". Elle a détaillé "un système ingénieux car il n’y a pas de contrôle sur les bateaux en dehors d’un portique, pas de fouilles, pas de contrôle douanier. L’idée est géniale, extrêmement astucieuse".

La procureure a également mis l’accent sur l’intelligence économique de ce trafic, évoquant une "culbute énorme". Au Brésil, où le cannabis vaut beaucoup plus cher que la cocaïne, un kilo de résine marocaine achetée autour de 700 euros permettait, dans une opération de troc avec les narcotrafiquants sud-américains, d’obtenir 1,6 kilo de cocaïne, une drogue revendue en Europe autour de 40.000 euros.

Selon la procureure, une "narcocroisière" portant sur l’acheminement à Rio de 25 kilos de cannabis générait un chiffre d’affaires de 1,9 million d’euros. Au total, 13 croisières effectuées entre avril 2012 et mars 2014 sont mises à l’actif des prévenus.

Certaines croisières embarquaient jusqu’à une douzaine de "mules", de jeunes Niçois recrutés dans le quartier des Moulins pour, aux escales de Casablanca ou Rio de Janeiro, se "scotcher sur le corps" des ceintures de drogue afin de l’embarquer à bord. En additionnant les billets de croisière, les billets d’avion et la rémunération promise, les organisateurs devaient investir jusqu’à 130.000 euros par opération d’importation, selon la procureure.

Faisant une différence entre "les passeurs à responsabilité" et les simples "mules", la représentante de l’accusation a réclamé des peines allant jusqu’à 7 ans de prison contre les "logisticiens" et de trois ans dont 18 mois avec sursis à 4 ans contre les seconds, "les petits" qualifiés aussi d'"écervelés".

Se faisant porte-parole de l’administration des douanes, Mme Jouaneton a réclamé une amende de 960.000 € euros contre les prévenus. Le jugement devrait être rendu le 9 juin.

Rédigé par () le Vendredi 2 Juin 2017 à 06:58 | Lu 629 fois