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Darmanin met en garde les Polynésiens contre la Chine : “Si la France s'en va, qui va venir ?”


Paris, le 2 février 2023 – Le newsmagazine parisien Le Point organisait jeudi une journée de conférences et de discussions intitulée “L'Outre-mer aux avant-postes”. Préoccupé par la proximité des élections territoriales d'avril prochain en Polynésie, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a voulu envoyer un message de fermeté.
 
“Si la France s'en va, qui va venir ? Si vous n'êtes pas capables de vous débrouiller personnellement, qui va venir ? La Chine !” La subtilité n'était pas l'objectif de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer. Invité de marque et premier orateur du cycle de conférences organisé par le newsmag Le Point intitulé “L'outre-mer aux avant-postes”, organisé à Paris ce jeudi 2 février, le ministre n'était pas non plus en opération-séduction.
 
Interrogé sur les prochaines élections territoriales au fenua, sur les chances des indépendantistes du Tavini de l'emporter – après leurs succès récents aux législatives –, Gérald Darmanin a poursuivi son offensive : “Avant de demander des compétences supplémentaires, il faut déjà que les élus appliquent les compétences pour lesquelles ils sont élus. Il faut savoir dire aux Ultramarins : nous sommes un gouvernement libéral, qui croit à l'économie de marché. Vous n'aurez d'autonomie demain que si vous êtes capables de produire ce que vous mangez et c'est par la création économique que vous aurez des richesses ! Et pas par des subventions. Est-ce qu'on veut remplacer la France par la Chine lorsqu'on est Polynésien ? Est-ce qu'il y a plus de garanties démocratiques avec la Chine qu'avec la France ? Cela vaut la peine de poser la question.”
 
Une “attention” sur le Pacifique
 
Cette position tranchée n'a pourtant pas toujours été celle de Paris. Invité d'une conférence consacrée uniquement à la Polynésie française et à son avenir, Ferdinand Mélin-Soucramanien rappelle volontiers que “il y a vingt-quatre ou vingt-cinq ans, la France avait rédigé un nouveau statut pour la Polynésie qui comportait une très large autonomie, plus large encore qu'aujourd'hui. Le pouvoir politique français était prêt à cette évolution et d'ailleurs la révision sur la Polynésie n'a échoué qu'à cause des circonstances”, rappelle le professeur de droit constitutionnel à l'Université de Bordeaux. Pour lui, cela dit, “il ne faut pas voir de tensions accrues en ce moment. Il n'y a pas de tensions ! Mais de l'attention ! Avec ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie, le pouvoir parisien porte beaucoup d'attention à ce qui se passe dans le Pacifique.”
 
Autre membre du gouvernement central à participer à cette journée de conférences, Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer, a évoqué le prochain Comité interministériel Outre-mer (CIOM). Cette importante réunion se tiendra en mai à Paris et devrait avoir pour principal objectif de progresser sur le sujet de la réforme statutaire prévue pour la Nouvelle-Calédonie, dont la Polynésie devrait s'emparer. Initialement annoncée pour la mi-2023, la réécriture de la Constitution française qu'attendent de nombreux territoires ultramarins dépend du dossier calédonien. Les services de l'État et les politiques locaux ont pris du retard. Gérald Darmanin est attendu dans l'océan Pacifique Sud, en Nouvelle-Calédonie et à Wallis-et-Futuna, dans les quinze prochains jours. 
 


Rédigé par Julien Sartre le Jeudi 2 Février 2023 à 10:56 | Lu 5136 fois