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Dans les Corbières, une commune viticole tranquille a vécu "l'apocalypse"


Idriss BIGOU-GILLES / AFP
Idriss BIGOU-GILLES / AFP
Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, France | AFP | mercredi 06/08/2025 - Une sexagénaire morte chez elle alors qu'elle refusait de partir, un disparu, des maisons détruites par le feu, le village viticole de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, a vécu "l'apocalypse" quand le plus gros incendie de l'été s'est abattu mardi sur cette commune paisible de l'Aude.

Mercredi matin, David Cerdan, 51 ans, regarde sa petite collection de Peugeot 205 presque totalement calcinée dans son jardin. Les flammes sont passées par-dessus sa maison, à une centaine de mètres de celle, ravagée, de la personne décédée.

"Je relativise, je n'ai que des dégâts matériels", dit-il à l'AFP à propos de sa maison miraculeusement épargnée.

"Cette année, je n'aurai pas de raisin", dit-il, en montrant quelques pieds de vigne qui ont entièrement brûlé, contrairement aux vignobles que l'on aperçoit sur la colline d'en face, de l'autre côté du cours d'eau, seules taches vertes au milieu d'un paysage que les flammes ont rendu grisâtre et où quelques arbres fument encore par endroits, accentuant l'odeur de brûlé.

Mardi après-midi, David Cerdan est allé aider un éleveur à sauver ses bêtes, puis une dame habitant sur cette colline à quitter sa maison avant l'arrivée des flammes.

"Je me suis occupé d'abord des autres", résume-t-il, racontant sa peur lorsqu'il a vu arriver le feu vers chez lui et qu'il a couru chercher les pompiers.

- "C'est une cata" -

"Chaque année, c'est une cata, il faudra penser à donner des moyens aux pompiers", fustige-t-il, avant de souligner le "manque d'avions" bombardiers d'eau ou de produits retardants.

Des dizaines de véhicules de pompiers traversent le village des Corbières, à 30 km du littoral méditerranéen, pour protéger les habitations et éviter des reprises de feu.

A deux ou trois kilomètres de là, de l'autre côté du village, Jacques Lavergne, un ancien maçon de 68 ans, regarde le feu qui gagne du terrain en haut d'un massif proche, vers le village de Jonquières. La fumée dense ne cesse de s'épaissir.

"Je suis là depuis 45 ans et je n'ai jamais vu un feu comme ça", dit-il à Luciano Jimenez, 75 ans, un autre ex-maçon, originaire, lui, d'Albacete, en Espagne, et installé à Saint-Laurent depuis 52 ans.

Par exemple, "j'ai vu un gros éclair. C'était un poteau (électrique) qui a pété. Un feu de pylône", raconte encore Jacques.

"Ce sont de gros câbles qui vont en Espagne", précise Luciano.

Mardi soir, Jacques est allé chercher sa belle-mère de 90 ans au village proche de Tournissan pour la mettre à l'abri. Il y a réussi in extremis.

"Jamais j'ai eu peur comme ça. Les flammes n'étaient pas loin. Il y a eu un coup de vent et j'ai senti la chaleur", dit-il. La maison n'a finalement pas brûlé à l'intérieur, précise-t-il, avant de quitter Luciano Jimenez pour rentrer chez lui.

Vers le centre du village, les véhicules de pompiers, voire de gendarmes, sont encore plus nombreux. Plusieurs d'entre eux se dirigent vers le poste de contrôle installé par la préfecture à Saint-Laurent.

Devant le PC, le sous-préfét de Narbonne, Rémi Recio, réussit à se faire entendre malgré le bruit assourdissant d'un hélicoptère qui se pose sur un terrain sportif proche pour décharger du matériel. Les conditions météorologiques sont défavorables et il ne s'attend à rien de bon pour la journée de mercredi: "Le vent est fort et dense, l'humidité redescend et les températures vont remonter". La bataille est encore loin d'être gagnée.

le Mercredi 6 Août 2025 à 05:59 | Lu 464 fois