Paris, France | AFP | dimanche 13/12/2020 - Sous la bruine qui mouille la place du Châtelet, le briefing est studieux ce samedi midi pour les 60 gendarmes mobiles du capitaine Adrien. Autour d'eux, les manifestants commencent à affluer pour le départ d'une nouvelle journée de mobilisation contre la loi Sécurité globale.
Son escadron a été dérouté la veille pour venir encadrer le défilé prévu dans la capitale. Pour cette unité basée en Picardie, c'est la deuxième fois ce mois-ci.
Dans le véhicule de commandement, une équipe bien rôdée. Le capitaine, 31 ans, et son pilote Kamel d'abord. Puis le transmetteur "Nounours", derrière l'ordinateur, un écran branché sur BFMTV, chargé de noter chaque ordre, déplacement, interpellation ou manœuvre de l'escadron.
Et il y a enfin "Spagget", qui reçoit dans son casque et partage en direct toutes les informations de la salle des opérations de la préfecture de police (PP), qui dirige la manoeuvre des forces de l'ordre.
Ce samedi, la tactique "anti-casseurs" retenue par la PP est claire: empêcher toute formation des "blocs", ces petits groupes très mobiles qui, les deux dernières semaines, se sont greffés sur le cortège pour détruire des commerces et en découdre avec les forces de l'ordre.
Il s'agit donc pour l'escadron de filtrer et fouiller un maximum de manifestants dès le point de départ.
"On va s'intéresser aux jeunes, à ceux vêtus de noir, même si on sait maintenant qu'ils peuvent se changer en cours de manifestation, ainsi qu'aux équipements, casques, lunettes de protection, armes et projectiles", explique le capitaine Adrien. En cas de doute, l'identité du manifestant sera vérifiée, via une tablette numérique, dans le "fichier central".
Pas de lacrymo
Dehors, les slogans anti-police se déchaînent dans les haut-parleurs.
L'officier laisse glisser. "On est conscient que les gens sont à bout (...), qu'il peut y avoir des dérives. J'ai plus souvent des gens qui nous remercient que de gens qui montrent de l'hostilité. La haine anti-flic, c'est une minorité qui se fait entendre."
C'est l'heure de quitter le camion. "Un drapeau qui peut servir de point de ralliement à un bloc a été identifié", souffle le transmetteur. Son unité a pour mission d'appuyer les policiers de la BRAV (brigade de répression de l'action violente), chargés d'exfiltrer tout manifestant à l'attitude jugée "hostile".
"Casquez-vous!" En une fraction de seconde, deux colonnes de gendarmes mutiques se forment, prêtes à intervenir.
Un nouvel ordre tombe. Aujourd'hui, pas de gaz lacrymogène. "Il faut garder une visibilité totale" pour permettre cette stratégie de "bonds défensifs" dans la foule. La manifestation n'a pas encore bougé, et déjà 47 interpellations. En fin de journée, leur nombre avoisinera les 150.
Le cortège s'ébranle enfin. Toutes sirènes hurlantes, les véhicules se repositionnent 500 mètres plus loin en appui de la "nasse mobile", ce déploiement des forces de l'ordre en forme de U devant et sur les côtés du cortège.
La hantise des forces de l'ordre, "c'est que la manifestation se distende", explique le capitaine. "Si elle s'étend, les éléments hostiles peuvent profiter d'un étalement des forces de l'ordre pour créer des blocs".
Pause "Whisky Charlie"
L'omniprésence, spécialement ce samedi, des policiers et des gendarmes, même s'ils ne sont pas "au contact", risque à tout moment de déclencher des affrontements. Pour l'officier, c'est le moment de rappeler un principe-clé: "montrer la force pour ne pas avoir à l'utiliser".
Sur le terrain, il veille à l'image du déploiement de ses hommes. Surtout pas de mur "qui peut attirer les curieux ou les hostiles et créer un point de crispation".
Le capitaine vérifie aussi leur attitude et s'efforce de masquer tout signe de fébrilité. Ils sont rares, s'empresse-t-il d'ajouter, "grâce à la discipline militaire et une formation en groupe, qui permet de bien se connaître, de bien maîtriser ses émotions, qui permet d'éviter tout geste malheureux qui peut provoquer chez l'adversaire une réaction non désirée".
Après une rapide pause "Whisky Charlie" dans une pharmacie qui a bien voulu prêter ses toilettes aux gendarmes, retour au camion et direction place de la République, point d'arrivée du cortège.
Pour le capitaine Adrien, c'est sans doute le moment le plus "sensible de la journée". Il faut y faire le tri entre "bons et mauvais manifestants, à savoir ceux qui ne veulent pas répondre aux sommations de dispersion".
Ce samedi, son escadron est stationné hors de la place de la République en "deuxième rideau", loin de l'action. "On est beaucoup utilisés en défensif alors qu'on est très habitué à la mobilité, à la manœuvre", regrette le capitaine.
D'autres unités que la sienne se sont chargés de reprendre la place aux manifestants, sans incident majeur à signaler.
Son escadron a été dérouté la veille pour venir encadrer le défilé prévu dans la capitale. Pour cette unité basée en Picardie, c'est la deuxième fois ce mois-ci.
Dans le véhicule de commandement, une équipe bien rôdée. Le capitaine, 31 ans, et son pilote Kamel d'abord. Puis le transmetteur "Nounours", derrière l'ordinateur, un écran branché sur BFMTV, chargé de noter chaque ordre, déplacement, interpellation ou manœuvre de l'escadron.
Et il y a enfin "Spagget", qui reçoit dans son casque et partage en direct toutes les informations de la salle des opérations de la préfecture de police (PP), qui dirige la manoeuvre des forces de l'ordre.
Ce samedi, la tactique "anti-casseurs" retenue par la PP est claire: empêcher toute formation des "blocs", ces petits groupes très mobiles qui, les deux dernières semaines, se sont greffés sur le cortège pour détruire des commerces et en découdre avec les forces de l'ordre.
Il s'agit donc pour l'escadron de filtrer et fouiller un maximum de manifestants dès le point de départ.
"On va s'intéresser aux jeunes, à ceux vêtus de noir, même si on sait maintenant qu'ils peuvent se changer en cours de manifestation, ainsi qu'aux équipements, casques, lunettes de protection, armes et projectiles", explique le capitaine Adrien. En cas de doute, l'identité du manifestant sera vérifiée, via une tablette numérique, dans le "fichier central".
Pas de lacrymo
Dehors, les slogans anti-police se déchaînent dans les haut-parleurs.
L'officier laisse glisser. "On est conscient que les gens sont à bout (...), qu'il peut y avoir des dérives. J'ai plus souvent des gens qui nous remercient que de gens qui montrent de l'hostilité. La haine anti-flic, c'est une minorité qui se fait entendre."
C'est l'heure de quitter le camion. "Un drapeau qui peut servir de point de ralliement à un bloc a été identifié", souffle le transmetteur. Son unité a pour mission d'appuyer les policiers de la BRAV (brigade de répression de l'action violente), chargés d'exfiltrer tout manifestant à l'attitude jugée "hostile".
"Casquez-vous!" En une fraction de seconde, deux colonnes de gendarmes mutiques se forment, prêtes à intervenir.
Un nouvel ordre tombe. Aujourd'hui, pas de gaz lacrymogène. "Il faut garder une visibilité totale" pour permettre cette stratégie de "bonds défensifs" dans la foule. La manifestation n'a pas encore bougé, et déjà 47 interpellations. En fin de journée, leur nombre avoisinera les 150.
Le cortège s'ébranle enfin. Toutes sirènes hurlantes, les véhicules se repositionnent 500 mètres plus loin en appui de la "nasse mobile", ce déploiement des forces de l'ordre en forme de U devant et sur les côtés du cortège.
La hantise des forces de l'ordre, "c'est que la manifestation se distende", explique le capitaine. "Si elle s'étend, les éléments hostiles peuvent profiter d'un étalement des forces de l'ordre pour créer des blocs".
Pause "Whisky Charlie"
L'omniprésence, spécialement ce samedi, des policiers et des gendarmes, même s'ils ne sont pas "au contact", risque à tout moment de déclencher des affrontements. Pour l'officier, c'est le moment de rappeler un principe-clé: "montrer la force pour ne pas avoir à l'utiliser".
Sur le terrain, il veille à l'image du déploiement de ses hommes. Surtout pas de mur "qui peut attirer les curieux ou les hostiles et créer un point de crispation".
Le capitaine vérifie aussi leur attitude et s'efforce de masquer tout signe de fébrilité. Ils sont rares, s'empresse-t-il d'ajouter, "grâce à la discipline militaire et une formation en groupe, qui permet de bien se connaître, de bien maîtriser ses émotions, qui permet d'éviter tout geste malheureux qui peut provoquer chez l'adversaire une réaction non désirée".
Après une rapide pause "Whisky Charlie" dans une pharmacie qui a bien voulu prêter ses toilettes aux gendarmes, retour au camion et direction place de la République, point d'arrivée du cortège.
Pour le capitaine Adrien, c'est sans doute le moment le plus "sensible de la journée". Il faut y faire le tri entre "bons et mauvais manifestants, à savoir ceux qui ne veulent pas répondre aux sommations de dispersion".
Ce samedi, son escadron est stationné hors de la place de la République en "deuxième rideau", loin de l'action. "On est beaucoup utilisés en défensif alors qu'on est très habitué à la mobilité, à la manœuvre", regrette le capitaine.
D'autres unités que la sienne se sont chargés de reprendre la place aux manifestants, sans incident majeur à signaler.